I'm I Interrupting ?

Tensions

Jayce était assis au bord du lit, discutant distraitement avec Viktor tandis que la soirée continuait. La fatigue se faisait sentir, mais elle n'était pas encore prête à s'installer complètement.

Viktor soupira légèrement et se redressa un peu, le regard fixé sur la porte.

— Jayce…

— Hm ?

— Ma canne est restée en bas.

Jayce haussa un sourcil, ne comprenant pas immédiatement où il voulait en venir.

— Et ?

— Et j’aimerais aller aux toilettes, répondit Viktor avec une pointe d’agacement mêlée d’embarras.

Jayce cligna des yeux, puis esquissa un petit sourire.

— Oh. J’y vais, bouge pas. J’en ai pour deux secondes.

Alors que Jayce descendait chercher sa canne, Viktor resta seul dans la chambre, le regard fixé sur le sol. Il serra les dents. L’idée d’attendre là, impuissant, incapable de faire trois malheureux pas sans aide, le rendait malade.

Il jeta un regard à la porte, comme si la simple force de sa volonté pouvait lui permettre de se lever et d’atteindre les toilettes par lui-même. Il s’appuya sur le matelas pour essayer de se redresser, mais à peine eut-il soulevé son poids que sa jambe flancha, une douleur sourde remontant le long de sa hanche.

Il retomba lourdement contre le lit, un souffle tremblant lui échappant.

« Pathétique. »

Un éclat de rage froide lui vrilla la poitrine. Il en avait assez. Assez d’être coincé ici. Assez de dépendre des autres. Assez d’être faible.

Ses doigts crispés se refermèrent sur le verre d’eau posé sur la table de chevet. Sans réfléchir, mû par une impulsion brutale, il le lança de toutes ses forces contre le mur.

Le bruit de l’éclat brisé résonna violemment dans la chambre. L’eau éclaboussa le sol, et les morceaux de verre scintillèrent sous la lumière tamisée.

Aussitôt, son souffle se coupa.

Il resta un instant figé, réalisant ce qu’il venait de faire.

L’explosion de colère retomba, remplacée par un vide amer. Un goût de regret.

Qu’est-ce que ça avait changé, au juste ? Il était toujours aussi coincé. Toujours incapable de bouger seul. Et maintenant, il y avait un foutu verre brisé sur le sol, preuve physique de sa frustration inutile.

Un bruit précipité résonna dans l’escalier.

Merde.

Dans un élan de panique, il se laissa glisser au sol et tendit les mains pour ramasser les éclats à la hâte, sans même penser aux coupures qui s’ouvraient sur ses doigts.

La porte s’ouvrit brusquement sur Jayce et Ximena.

Viktor releva la tête, pris en flagrant délit, le cœur battant.

— Je… Je suis désolé.

Mais il savait déjà qu’aucune excuse ne suffirait à effacer ce qu’ils venaient de voir.

Son visage était crispé, partagé entre frustration et regret. Lorsqu’il les vit entrer, il détourna le regard, comme s’il espérait qu’ils ne le voient pas dans cet état.

Jayce s’approcha immédiatement, le regard inquiet.

— Qu’est-ce qui s’est passé ?

Viktor serra les poings, ignorant la douleur des coupures.