Un simple Oracle [EN PAUSE]

Chapitre 48

-Merci Jade... Affirme-t-il faiblement. Merci pour tout.

-Je vous en prie. Ça me permet de vous rendre la pareille pour quand vous vous êtes occupé de moi l'autre fois.

J'agrémente mon propos de papouilles qui lui font pousser un "Mmmh..." sonore. Ooouaaah... C'est qu'il aime vraiment ça. Je continue donc puisque ça semble lui apporter un peu de réconfort pendant que j'ouvre mon livre. Je pensais qu'il allait s'endormir dans la seconde mais il gigote un petit peu. Je le laisse faire puisque je suppose qu'il a simplement quelques difficultés à trouver une position confortable avec l'état catastrophique de son torse. Ça doit être particulièrement inconfortable alors je ne dis rien et garde les yeux vissés sur les pages de ma lecture. Je pensais sincèrement qu'il allait en avoir pour peut-être cinq minutes mais ça fait un moment qu'il s'entortille dans tous les sens. Je remonte lentement la tête et fais directement face à son visage tordu de douleur.

-Qu'est ce qui se passe ?

-La chaleur du bain s'est estompée. J'ai mal... mais ça va passer.

-Certainement oui mais vous devriez avoir un moyen de vous soulager juste le temps de dormir.

Il hésite un instant avant d'être vigoureusement secoué par sa douleur. Ses paupières se closent rudement tandis que son corps se contracte avec force. Il pousse un petit bruit qui témoigne de toute sa souffrance tout en tentant de se recroqueviller un peu plus.

-Un bouillotte... Finit-il par prononcer d'une voix étranglée. Une bouillotte...

Je retire ma main de ses mèches soyeuse, enfonce mon marque page dans mon livre avant de me lever rapidement.

-Nan...te lève- Il pousse un autre bruit tout en appuyant sa pression sur son ventre. Te lève pas, c'est pas grave. Ça va passer, assieds-toi.

-Si vous avez besoin d'une bouillotte, je vais vous chercher une bouillotte. Les cuisines ne sont pas si loin que ça et j'en ai déjà une ici.

-Tu as déjà fait largement assez Jade. Assieds-toi, tout va bien.

Je sens mon visage grimacer. Tout va bien qu'il dit ? Non mais il s'est vu là sérieusement ? Il est clairement très loin d'aller bien. Je ne sais pas si c'est parce qu'il pense que je suis une incapable ou parce qu'il ne veut pas me déranger mais au point où nous en sommes, je peux bien aller faire ça aussi.

-Je suis très loin de vous demander votre avis Lieutenant-colonel. Je vais vous prendre cette bouillotte. Vous avez besoin d'autre chose tant qu'on y est ?

-T'as vraiment pas besoin de faire tout ça. Reste... juste là.

-Vous avez besoin que je fasse tout ça. Vous êtes très clairement en train d'agoniser au fond de mon lit. Je peux bien faire quelque chose d'aussi stupide que de vous faire prendre un bain et vous apportez un maximum de confort pour que vous puissiez vous reposer. Avez-vous besoin d'autre chose Eliott ? Demandais-je en appuyant sur chacun de mes mots.

-De... la pommade. Affirme-t-il avec hésitation. Dis au doc que ma marque fait un caprice et il saura quoi te donner. Parle lui directement.

Je pose mon livre sur ma chaise et me dirige rapidement jusqu'à la porte.

-Jade... Entendis-je sa faible voix.

-Oui ?

-Bouillante l'eau.

Mes sourcils se froncent lentement. Étant donné l'état de sa peau, je ne pense pas que l'exposer à de l'eau bouillante soit la meilleure chose à faire. Je me tourne lentement.

-Vous allez vous brûler.

-C'est le but.

Je ne questionne pas sa réponse et me contente d'acquiescer avant de sortir de là. Mes pas rapides me dirigent jusqu'à la clinique dans laquelle je trouve rapidement le docteur Hélys à qui j'explique que la marque du Lieutenant-colonel fait un caprice. Il ne me demande pas plus d'explication que ça et s'empresse d'aller me chercher un pot absolument gigantesque de pommade. Il m'explique qu'il doit en appliquer généreusement quand sa douleur aura diminué. Je hoche la tête avant qu'il ne me souhaite bonne chance. Il me tend également la plus grande bouillotte que je n'ai jamais vu de ma vie avant de me laisser partir. Je disparais rapidement dans les couloirs afin de pouvoir rejoindre les cuisines. J'attrape une bouilloire pour faire bouillir de l'eau sous le regard insistant de Lydia à ma droite. Je l'ignore puisque j'ai autre chose à faire que de tenter de m'expliquer.