Chapitre 48

Depuis le début
                                        

Je finis par lentement plonger ma main dans l'eau de son bain qui a évidemment refroidi. Je m'empresse de me lever pour le réchauffer tandis que son front retrouve le dos de sa main.

-Je me dépêche de vous réchauffer ça. Il hoche lentement la tête. Si vous avez envie de vomir ne vous retenez pas. Je vais devoir laver le sol quoi qu'il arrive.

Il hoche de nouveau la tête et se contente de rester assis sur le sol le temps que je finisse. Je lui demande ensuite de se lever et m'assure qu'il peut tenir debout avant de sortir pour lui laisser le temps de se déshabiller. Je ferme lentement la porte derrière moi avant de m'appuyer contre celle-ci. Je n'arrive pas à croire que c'est sa vie. Comment fait-il quand il est seul ? Il a du mal à marcher et à se mouvoir correctement. Je me demande donc comment il fait habituellement. Je lui aurais bien demandé mais je suis certaine de ne pas apprécier la réponse. Je souffle longuement et décide de laisser ma réflexion là où elle est.

Je n'ai pas envie d'imaginer le pire. Je préfère m'occuper de lui le temps qu'il en aura besoin.

J'attends donc patiemment qu'il me dise que c'est bon, ce qu'il finit par faire. J'entre donc avec précaution et je suis rassurée de voir qu'il est vraiment dans la baignoire. Je m'approche rapidement, pose ma main sur sa tête avant de me diriger vers ce que je dois nettoyer. Il se plaint rapidement et m'informe que je peux faire ça plus tard ou qu'il s'en occupera quand ça ira mieux mais je préfère le faire maintenant.

Même si je me doute que ça doit être affreusement humiliant de regarder quelqu'un d'autre nettoyer votre flaque de vomi. Si je fais ça maintenant, je pourrais le surveiller quand je l'aurais mis au lit sans avoir à penser à mon pauvre sol. J'attrape ses vêtements sales avec précaution avant de les mettre à tremper dans une des bassines qui traîne dans ma salle de bain. Je m'attaque ensuite au nettoyage du sol qui est plus rapide que prévu avant d'aller chercher ma chaise que je place près de son bain. Le Lieutenant-colonel pique sévèrement du nez, ce qui me fait doucement rire.

Il n'a même pas la force de m'empêcher de me moquer de lui. Il se contente de résister au sommeil pendant que j'observe sa marque. Elle couvre désormais l'entièreté de son torse. Le pique dans son cou remonte jusque sur sa mâchoire, ce qui lui laisse un hématome particulièrement prononcé sur celle-ci. Le reste de ses hématomes se concentre majoritairement sur ses côtes, au centre du demi-cercle, et certainement un petit peu plus loin sur son ventre. Il a évidemment quelques rougeurs, notamment sur ses clavicules et dans son cou. Le pire dans toute cette histoire c'est que ce n'est clairement pas le plus impressionnant. Il y a bien pire puisque je peux voir quelques-unes de ses veines, notamment sa jugulaire qui pulse furieusement sous sa peau.

Rien qu'à regarder ça me semble douloureux. Ses hématomes sont tous violet et tournent au jaune ou au bleu à certains endroits mais pourtant il semble sur le point de s'endormir. J'étire lentement le bras pour poser ma main sur sa joue pour le caresser à l'aide de mon pouce. Il pousse un étrange bruit assez grave tout en glissant dans la baignoire. Ses yeux qui étaient jusque là mi-clos se ferment totalement. Le Lieutenant-colonel souffle longuement pendant que son corps se détend. Je ne questionne aucune de nos actions puisque notre situation est bien trop étrange. Notre relation est entachée de trop de non-dit, surtout de mon côté, pour que je questionne nos agissements respectifs. Je n'ai clairement pas envie de compliquer une situation qu'il l'est déjà largement trop.

Je me contente de le laisser s'endormir tout en décidant de lui laisser quelques minutes de trempage. Si la chaleur lui permet réellement de gagner un petit peu de confort et de faire disparaître la majorité de sa douleur, je ne vais certainement pas l'en priver. Je profite du silence tout en essayant d'ignorer l'horrible image qu'il m'a laissé de lui il y a quelques minutes de cela. Il devait être dans une détresse inimaginable... Ça devait l'effrayer à un point pour qu'il ait autant de mal à respirer. Ça doit être effrayant de soudainement souffrir autant.

Un simple Oracle [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant