Juste 6 mois, Tome 1 ( PUBLIEE chez Plume de Papier)

1.

Toujours cette force intérieure pour me sortir du lit le matin. Le réveil ne cesse de sonner en attendant que je presse le bouton pour l'arrêter. Je m'étire longuement et remarque les rayons du soleil entre les mailles de mon rideau électrique.Les soupirs de Sasha me font penser que lui aussi ne va pas tarder à se réveiller.

Je m'efforce de me lever et d'avancer jusqu'à la salle de bain. Ma douche rapide et efficace m'étonne énormément. J'aime prendre soin de moi, mais ces derniers temps, chaque seconde est précieuse pour arriver à l'heure à mes rendez-vous.Je n'ai pas le courage de mettre le réveil avant sept heures. Autant dire que je ne suis plus du tout matinale.

Mon nouveau dressing se dresse à présent devant moi. Sasha vient de se lever et je souris en voyant qu'il a pris la peine de faire le lit. Je sais qu'il me prépare déjà une tasse de café et peut-être même de la confiture sur mes tartines. L'idée me réjouit d'avance ! Je ne perdrai pas de temps et mon ventre sera bien rempli.

—Chérie, tu vas être en retard ! crie-t-il depuis la cuisine.

—J'arrive ! annoncé-je après un dernier regard dans le miroir.

Pour une fois, mes cheveux ne se rebellent pas et j'arrive enfin à reproduire le chignon que j'ai remarqué sur un magazine la semaine dernière. Fière du résultat, j'enfile mes boucles d'oreilles en perle et ajuste le col de mon chemisier. Machinalement, je passe les mains sur ma jupe noire pour la lisser au maximum, même si le tissu est parfaitement repassé. Encore une délicate attention de Sasha. Oui, j'ai sûrement le meilleur mari au monde.

L'odeur du café chatouille mes narines et confirme que mon petit déjeuner m'attend sagement. Avant de me jeter dessus, j'attrape mes escarpins et finis par rejoindre la cuisine.

Comme à son habitude, Sasha part relever le journal avec sa tasse de café à la main et revient encombré par des dizaines de papiers. La collecte s'avère généreuse en raison de notre récent retour de Corse.

—Faudrait vraiment penser à arrêter toutes ces fichues pubs ! dit-il en balançant le tas sur le plan de travail.

—Je m'en occuperai, mais pas maintenant. Je dois vraiment partir.

Tout en mâchant ma dernière tartine, je récupère mon sac à main et les dossiers de mes prochains clients. Alors que je m'apprête à embrasser Sasha, celui-ci ignore mon baiser pour me tendre une lettre.

—Il y a une lettre pour toi, précise-t-il d'un ton sec.

—Je regarderai ce soir.

—C'est une lettre du ministère de la défense.

Comme une pauvre maladroite, je fais tomber mes clés de voiture. Pour être honnête,c'est surtout cette annonce qui m'étourdit. La mâchoire crispée, Sasha s'assoit sur la chaise que je viens tout juste de quitter.

—Tu peux m'expliquer, Jenna ?

—Je...

—Tu quoi ? Ton abandon ne suffisait pas ? renchérit-il en haussant de nouveau le ton.

À vrai dire, je reste sans voix. Je ne peux pas dire que mon nouveau travail me convienne parfaitement, mais il me convient suffisamment. Je travaille dans l'agence immobilière la plus réputée de Paris et viens d'en devenir l'unique propriétaire grâce à l'héritage de mes pauvres parents.