C'est un des souvenirs que je ne veux pas oublier. Cette lettre écœurante de par son étrange douceur. Cette lettre dont les mots ne sont que mots doux et petites blagues. Cette lettre qui vise à rendre la perte de ma Reine moins douloureuse.

Cette lettre qui se conclut par des mots que je n'aurais jamais imaginé lire ou entendre.

-Moi aussi Hayra... Moi aussi je t'aime Hayra.

Mais que vais-je bien pouvoir faire de ça maintenant que tu n'es pas là ? Que fais-je de mon amour ? De mes sentiments pour toi et de la peine que je ressens à l'idée que tu n'as aucune idée de ce que je ressens pour toi. Tu aurais dû me laisser le temps de te le dire.

J'aurais dû pouvoir t'offrir mon amour comme derniers mots. Tu n'aurais pas dû m'entendre te supplier comme je l'ai fait. J'aurais dû... j'aurais dû pouvoir te dire à quel point je te chérit plus que tout au monde Hayra. Tu aurais dû me laisser le temps de ne pas avoir de regrets.

Je veux juste que tu saches Hayra. Je veux juste que tu saches à quel point je t'aime. Mais c'est trop tard... alors je vais devenir le démon dont Estellya a besoin en espérant que tu reviennes. Je te rendrais ton royaume le plus impeccable possible. Je veux te le rendre intacte simplement secouer par les effroyables agissements du démon qui le protège. Si Estellya à besoin d'une menace je serais la plus effroyable de toute même si ça doit me coûter ma raison.

Je dépose un baiser sur la lettre avant de la ranger délicatement dans son enveloppe. Je me redresse, essuie mes larmes que je qualifie de dernière et me décide à faire ce que je m'étais toujours interdit de faire:

Régénérer mes blessures.

Je peux faire tout un tas de trucs avec mon sang... Le faire coaguler rapidement est particulièrement simple. Ça ne prend que quelques secondes pendant lesquelles je cristallise l'idée que je serais le démon aux yeux rouges.

Je vérifie que mes blessures ont disparu et constate que celles sur mes avants bras sont restées.

C'est comme l'entaille sur le torse de Keïlo. Une porte... une porte pour tout le sang ingurgité. Une blessure qui renferme des émotions fortes, insoutenables même. C'est exactement ce que ces plaies sont. Je me redresse lentement et sors d'ici pour rejoindre mes anciens quartiers. Rien n'a bougé... Tout est à sa place et propre comme si quelqu'un avait décidé d'entretenir l'endroit. Un léger sourire étire mes lèvres pendant que je me dirige vers la table de chevet pour ranger la lettre dans le tiroir de celle-ci.

Je me dirige ensuite vers la salle de bain dans laquelle je prends une très longue douche bouillante. Je suis à la limite du malaise à cause des vapeurs d'eau qui m'empêchent de respirer correctement mais je veux enlever toute trace des dernières semaines. Je veux les oublier... les faire disparaître sous cette eau brûlante. Je me frotte sauvagement avant de me rincer et de me rappeler que j'ai des cheveux. Je souffle longuement avant de les laver avec tout autant de violence. Une fois propre, je me sèche et enfile les premiers vêtements confortables que je trouve.

Je rassemble mes cheveux dans un abominable chignon, très mal exécuté avant de sortir de là. Je me dirige d'un pas traînant jusqu'à la chambre de Hayra. Deux soldats gardent l'endroit. Je les salue d'un signe de tête qu'ils me rendent et entre d'un pas hésitant. Il n'y a personne dans la chambre fort heureusement. Seulement la propriétaire des lieux qui est étendue dans son lit. Je la regarde un moment sans savoir quoi faire d'autre.

Elle est allongée sur le dos. J'aurais presque l'impression qu'elle dort mais l'ambiance est si pesante dans cette chambre que ça en devient irrespirable. Je m'avance d'un pas hésitant avant de me baisser pour déposer un petit bisous sur son front.

Un simple Oracle [EN PAUSE]Where stories live. Discover now