Chapitre 2

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Si ce qu'elle venait de me dire se révélait vrai, je n'avais peut-être pas mesurer l'impact que venir ici pouvait avoir, et c'en était effrayant. On m'avait averti à propos de cet endroit, on m'avait dit que c'était dangereux de venir ici. Mais je pensais qu'ils cherchaient juste à me dissuader de partir loin d'eux. Je ne sais pas si c'était une si bonne idée de franchir le pas de cette porte mais il était trop tard pour reculer.

J'avançais jusqu'à arriver à une grande chambre désordonnée. Ce lieu était encombré de toutes sortes d'objets sur un large bureau qui ressemblait à celui des professeur. Il y avait des piles de documents au centre qui semblaient être triés dans un ordre bien précis.

Je levai les yeux vers un immense tableau noir parsemé de formules mathématiques. L'atmosphère était si oppressante et froide que je commençais à être mal à l'aise, comme si cette pièce me faisait comprendre que je n'avais aucune raison d'être ici.

Et elle avait sûrement raison.

Mes yeux se posèrent finalement sur un homme assis sur un fauteuil en face du bureau, c'était probablement lui que j'étais venue voir. Il portait un long manteau noir qui le rendait presque mauvais à cause de l'aura qui émanait de lui. Un livre massif sur ses genoux, il semblait dans une concentration la plus totale. Je n'osai même pas prononcer le moindre mot. Il était assez impressionnant quand l'on connaît toute son histoire mais il ne me faisait pas peur pour autant, j'avais déjà rencontré des personnes à sa hauteur, bien que je savais qu'il était d'une intelligence supérieure à n'importe quel homme.

A côté de lui se trouvait un autre individu confortablement installé en train de fumer dans un coin. Il avait l'air d'avoir quelques années de plus que celui que je devinais être Moriarty. Mais il était bien plus grand et imposant que ce dernier par son physique. Il était évident qu'il exerçait un métier des plus dangereux au vu de ses nombreuses cicatrices dont certaines semblait être de larges griffures.

Ce fut lui qui leva les yeux vers moi en premier. Avec ses yeux couleur cendre, j'avais du mal à soutenir son regard, ce qui ne m'étais jamais arrivée.

Mon sang-froid, habituellement sans faille, était-il en train de me lâcher, de m'abandonner ? Je le regardai attentivement jusqu'à découvrir qu'il portait une arme dans son manteau, cela aurait pu paraître effrayant mais mon monde n'était composé que de personnes comme lui. Alors il ne me faisait pas peur. Rien ni personne ne pouvait me faire peur. Je décidais tout de même de rester sur mes gardes, il ne fallait pas oublier que je me trouvais chez l'un des plus grands criminels, dont tous les employés devant avoir la gâchette facile. J'avais entendu dire que les tireurs d'élite et autre de ce genre de professeur était des plus sanguins et violents, pouvant exploser à n'importe quel moment.

En ayant vu l'inscription professeur sur la carte, je m'étais imaginée un vieux poussiéreux qu'il mettait donné d'avoir eu lors de ma scolarité que je comptais bien encore continuer. Je ne voulais pas être l'une de ces femmes qui attendent tout d'un mari pendant qu'elles restent à la maison à s'occuper de leurs enfants. Du haut de mes seize ans, je refusais de vivre cette vie là, pendant que mes anciennes camarade avaient commençait cette vie qui leur faisait tant envie depuis un petit moment déjà. Mais cette vie n'était pas faite pour moi. Au dix-neuvième siècle, ce n'était pas facile pour quelqu'un comme moi de se faire accepter dans la société. J'étais avide de liberté, de modernité, d'apprentissage et d'indépendance. A notre époque, ce n'était pas chose aisé de sortir du lot. Seul les hommes pouvait détenir le pouvoir.

S'en suivit un long silence qui me parut être une éternité, mais je ne flanchais pas. J'étais plus forte que ça. Je ne savais si je devais parler en premier, on m'avait averti que c'était toujours Moriarty qui décidait de quand et de comment se déroulait la conversation. Alors je me résignais à attendre qu'il daigne m'adresser la parole.

- Il ne faut plus rien avoir à perdre pour venir ici avec le maigre espoir de pouvoir survivre dans ce monde hostile qu'est le nôtre, finit-il par me dire. Vous avez vécu toute votre vie dans un orphelinat de bas rang dans une campagne perdue en France, pourtant vous semblez plutôt bien vous débrouiller dans la langue de Shakespeare , à l'évidence, ce n'est pas avec les moyens que possédait votre ancien établissement que vous avez pu l'apprendre. Vous êtes avide de connaissances, un ami de votre enfance vous donner tous les cours de l'école qu'il fréquentait. En échange, vous l'aidiez puisque vous appreniez vite et que vous vous débrouilliez très bien dans les matières littéraires, même si vous vous en sortiez également en science, et d'une manière remarquable parait-il. Je ne veux pas faire de conclusion hâtive à votre sujet mais sachez que l'on m'a beaucoup parlé en bien de vous. J'ai bien compris la situation délicate dans laquelle vous vous trouvé et ce que vous voulez exactement. Alors sachez qu'à partir du moment où vous avez passé cette porte, vous en savez bien trop pour pouvoir repartir comme si de rien n'était. La gouvernante vous montrera votre chambre et vous apportera quelques affaires. Quant à moi, je vous ferai savoir bien assez tôt ce que j'attends de vous. Vous avez déjà tiré avec une arme à feu, j'espère que vous n'avez pas perdu la main.

- Une gosse, vraiment ? Lança l'homme à côté de lui, l'air dubitatif, comme s'il doutait de mes compétences.

Les hommes avaient toujours ce même air la première fois qu'il me voyait puis finissait par périr de ma main. Je savais qu'il devait probablement être bien plus fort que moi grâce à son expérience et son passé mais il me sous-estimait, je pouvais facilement le surprendre. Pour être tout à fait honnête, je ne savais pas vraiment à quoi j'allais bien pouvoir servir au professeur Moriarty, lui qui avait des centaines de personnes tout autant qualifiées que moi si ce n'est plus. Mais pour le moment, j'avais un toit au dessus de la tête, et c'était tout ce qui comptait. Dorénavant, au vu du danger auquel je m'exposais, j'allais devoir apprivoiser le carpe diem et vivre pleinement chaque instant de ma vie qui, je le savais, pourrait maintenant s'arrêter d'un moment à l'autre.

Une autre vieWhere stories live. Discover now