80. Alpha sans oméga (1/2)

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LOUIS.

Il fait si chaud.

Mes yeux et ma bouche s'ouvrent en même temps brusquement, mon corps cherche de l'air.

Là, c'est mieux.

Essayer de comprendre pourquoi il fait 45°C dans cette chambre et pourquoi mon front est trempé de sueur, tout comme mon dos. Puis
sentir du bout des doigts le bras et l'épaule du garçon qui n'a rien trouvé de mieux que de me grimper dessus durant la nuit.

Son corps me recouvre presque entièrement. Sa jambe barre mon bassin, son bras m'enlace, sa main solidement accrochée à mon coude.

Sa joue est posée sur mon pectoral comme si c'était un oreiller. Nos torses sont pressés l'un contre l'autre, je sens sa tête sous mon menton et ses boucles folles sont éparpillées dans mon cou et sur mon visage.

Harry m'a totalement englouti.

Comment un type si grand et baraqué peut-il oublier qu'il est si grand et baraqué ?

Il est comme Tanakaï. Il n'a jamais conscience qu'il m'écrabouille. Et comme pour le loup, je ne peux pas lui en vouloir pour cela. Pas quand il dort si bien tout contre moi.

J'essaie péniblement de libérer mon bras pour repousser une mèche de ses cheveux qui chatouille mon nez mais déjà, une main me cherche à l'aveugle et s'enroule autour de mon avant-bras quand elle me trouve.

Ça me fait doucement sourire. On dirait qu'Harry a toujours peur que je m'évapore dans son sommeil. Alors il s'accroche à moi.

Il a toujours fait ça mais ça s'est accentué ces derniers jours. Il s'agrippe à mes bras, à mes fringues, à mon cou, boudant dès que nos corps s'éloignent l'un de l'autre.

Il me tient.

Il me retient.

Parce que je pars demain et qu'il n'est pas prêt pour ça. Je le sais. Je le sens. Ça fait des jours qu'il traine avec lui un petit fond de mélancolie. Comme si son cœur pressentait déjà le manque. Comme s'il s'était déjà un petit peu brisé.

Je peux sentir sa tristesse mais aussi ses craintes. Harry a peur que je parte loin de lui, qu'il m'arrive quelque chose et qu'il ne puisse rien y faire.

Et il a peur pour nous deux, même s'il n'a rien à craindre de ce côté là. Il a peur que je ne revienne pas, même si c'est totalement irrationnel.

Mais Harry est un super alpha alors, tout ça, il ne le montre pas. Parce qu'il sait que je m'apprête à réaliser un rêve, parce qu'il veut me protéger et m'encourager plutôt que plomber l'ambiance, il se montre au quotidien enjoué, souriant et chaleureux.

Il me parlait de poésie pendant que je faisais mes sacs, il accrochait au-dessus de son lit le calendrier de mes matchs pendant que je rangeais mon passeport, il me coachait pendant que je faisais des abdos pour préparer mon corps à la compétition.

Il était là pour moi, même si je ne serai bientôt plus là pour lui.

Si je sais qu'il a peur et qu'il est triste, c'est parce que je ressens ce que lui ressent au plus profond de lui. Et parce que, parfois, le garçon prend le dessus sur l'alpha. Quand c'est le cas, bébé Haz ne sait pas cacher ces choses-là. Il laisse apparaître ses failles. Et elles concernent toutes mon départ imminent.

Mes doigts glissent sur son épaule, dessinant des arabesques et Harry s'extirpe peu à peu du royaume du sommeil. Ça me fend le cœur de le réveiller mais il m'a fait promettre de le faire afin qu'on passe une dernière longue journée ensemble.

Mords-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant