Le réveil

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Un cri strident et vraiment désagréable déchira le silence apaisant de la maison endormie.

Le coupable de cette ignominie – réveiller les gens en sursaut n'est pas anodin – se livra sans protester et fut bâillonné par une petite main. Pas assez grande pour l'empêcher de crier.

Son propriétaire – un petit garçon de onze ans – protesta, demanda, supplia qu'il s'arrête mais rien à faire, il ne voulut pas se taire.

Cette fois-ci, c'est un bras qui sortit de sous la couverture, et en tâtonnant autour de lui, attrapa l'insupportable coupable et d'un geste empli de colère et de fatigue, l'envoya valser contre le mur où, assommé, il fut réduit une bonne fois pour toute au silence.

En soupirant de bonheur, le garçon s'enfonça un peu plus dans son douillet refuge et se rendormit aussitôt.

Pour être à nouveau réveillé une trentaine de minutes plus tard. En retard, encore une fois.

Appuyé contre le mur, le "coupable" observa le petit garçon courir dans tous les sens, se préparer à la hâte et sortir en trombe de la maison.

Il essayait à chaque fois de le réveiller pour qu'il soit à l'heure, et à chaque fois il l'envoyait balader. Littéralement.

Il soupira. Cela allait-il durer encore longtemps ?

Je ne fais que ce pour quoi on m'a créé...

Le réveil, le métal légèrement déformé après de nombreuses rencontres avec le mur, régla ses aiguilles et programma l'alarme de demain.

Il espéra ne pas se faire encore assommer...

Recueil de textesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant