Chapitre 14

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La petite troupe s'arrêta au signe d'Elsa. Aodhan, à ses côtés, l'interrogea du regard, mais Kristoff ne pouvait retenir son impatience :

— Pourquoi on s'arrête, Elsa ?

Il était visiblement agacé, les yeux fixés sur Arendelle qui se dressait face à eux. Depuis leur départ du campement Northuldra, son comportement avait été globalement exécrable, mais personne ne le blâmait. Tout ce qui comptait pour lui était de sauver la femme qu'il aimait le plus rapidement possible.
Devant eux, la ville se dressait dans le fjord, à peine perceptible derrière le nuage de ténèbres qui la recouvrait. Les ombres se mouvaient paresseusement au rythme du vent frais, se soulevant et se rabaissant comme un ventre d'une gigantesque créature menaçante. Sous le clair de lune, seule la plus haute tour du château dépassait du nuage, une sentinelle vaillante et inébranlable se détachant du manteau de la nuit, dont les étoiles se reflétaient sur le toit de glace.

— Il faut que nous fassions le point, expliqua Elsa en essayant de masquer l'appréhension dans sa voix.
— Encore ? soupira Kristoff. Désolé, mais nous avons passé deux jours à mettre au point un plan d'attaque, je pense que nous savons tous quoi faire. Qui sait ce que Roderick est en train d'infliger à Anna ?

Elsa sentait un vent de panique l'envahir alors que son regard oscillait entre Kristoff et Arendelle. Elle était partagée entre l'urgence de sauver sa sœur que lui hurlait son cœur, et la prudence que lui soufflait la raison.
Une main se posa sur son épaule. Elle se tourna et observa le visage de Mattias, un sourire rassurant aux lèvres qui ne parvenait pas à masquer son air grave. Derrière lui, une vingtaine de soldats, les meilleurs de la garde d'Arendelle, commençait à murmurer leur incompréhension. Les autres soldats étaient restés au campement Northuldra pour protéger les réfugiés en cas d'attaque.

— D'habitude, je conseillerai la prudence, déclara-t-il d'une voix douce. Mais cette fois, je suis d'accord avec Kristoff. Nous savons tous ce que nous avons à faire, et la reine Anna a besoin de nous. Nous sommes prêts.
— D'accord.

Elsa hocha la tête et se tourna vers Aodhan, qui tenta aussitôt de lui adresser un sourire, mais sa tentative se transforma vite en grimace. Dans son dos était fixé la corne du Narval, grise et terne.
Pendant les deux jours de trajet jusqu'à Arendelle, il avait tenté d'invoquer son pouvoir de lumière, en vain. Parfois, la corne faisait un léger soubresaut, parfois elle s'illuminait faiblement avant de s'éteindre. Malgré ses tentatives, ni lui ni les autres membres du groupe ne parvinrent à comprendre comment utiliser la corne.

— Nous y arriverons, Aodhan, lui assura-t-elle.
— Je l'espère. Dans le pire des cas, si la corne ne fonctionne pas...
— Nous sauverons Anna en priorité et quitterons Arendelle jusqu'à comprendre comment utiliser la corne, compléta Kristoff. On peut y aller maintenant ?

Elsa se tourna vers Mattias, qui jeta un œil à ses soldats avant de hocher la tête vers elle. Ils étaient prêts.
Il était temps de sauver Arendelle.



À mesure qu'ils approchaient de la ville, ils se rendaient compte de la taille du brouillard sombre qui s'étendait face à eux et s'étendait haut au-dessus de leur tête. Le vent se faisait de plus en plus fort, jusqu'à devenir une véritable bourrasque qui les obligeait à lutter pour avancer alors qu'ils n'étaient plus qu'à quelques mètres.

— On est sûrs que ce brouillard est sans risques ? demanda Aodhan en hurlant pour se faire entendre par-dessus le sifflement du vent.
— Non, mais ça ressemble au tourbillon qui a emporté Anna ! répondit Kristoff sur le même ton. Je ne vois pas pourquoi il l'aurait blessé ! De toute manière, il n'y a qu'une façon de le savoir !

Les Ombres d'ArendelleWhere stories live. Discover now