CHAPITRE 22 - ISAAC

Magsimula sa umpisa
                                    

    — Sam est contente que vous veniez, entame le fameux Karl.
    — Mon père c'est pas le cas, je suppose, répond la principale intéressée ironiquement.
    — Il n'a rien émit à ce sujet.
    — Normal, il est sans cœur, je l'entends murmurer.

    J'aperçois un sourire léger sur le visage de Karl, et l'atmosphère se tend un peu plus chaque minutes qui passe. Je sens que ce séjour va être formidablement catastrophique. Au bout de trois quart d'heures, nous arrivons enfin dans la nuit de la ville qui ne dort jamais. Et visiblement : elle dort. Bon, blague à part c'est vraiment immense. J'ai l'impression d'être une petite souris au milieu d'un environnement de géant. Karl nous dépose au pieds d'un gratte-ciel et Lev et moi sortons puis entrons dans l'immeuble. Elle salue rapidement le mec de la sécurité et de l'accueil avant de passer une carte sur le bouton d'un ascenseur.

    — Qu'est ce que c'est ?
    — Un ascenseur privé.

    Ok, c'est visiblement normal pour elle mais pour moi ça l'est absolument pas. Nous rentrons dans l'espace clos et quand les portes se ferment, Lev me regarde.

    — Écoutes, tu vas voir le milieu dans lequel j'ai toujours grandi. Et même si une part de moi le déteste, s'il te plaît, ne critique pas tout ce que tu verras. Oui c'est luxueux et peut être abusé mais c'est ma vie.
    — Je ne vais pas juger ça. Juste ça me change et ça me choque que des personnes puisent vivre comme ça, et tant mieux. Surtout que toi tu n'es pas du genre à en profiter.
    — Ouais, j'aurai préféré avoir ma mère et un père aimant plutôt qu'une compensation avec de l'argent.

    Je ne dis rien et regarde tout autour de moi pour ne pas croiser ses yeux émeraudes remplis de déception. Quelques secondes plus tard, les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur un énorme penthouse. Une vue imprenable sur tout Central Park d'un côté et de l'autre sur l'Empire State Building. J'ai l'impression d'être comme un enfant à Disney. Putain cette vue est magnifique.

    — Lev, c'est...
    — Incroyable, s'exclame une voix dans la pièce.

    Lorsque je me tourne en direction de cette voix, c'est une homme grand aux cheveux poivre sel qui en est à l'origine. Je l'identifie comme étant le père de Lev, mais il ne lui ressemble en aucun cas.

    — Bonjour, monsieur, je suis Isaac, dis-je en tendant la main.

    Il la sert avec fermeté en hochant la tête et ne dit rien de plus.

    — Tu ne dors pas ? demande Lev froidement.
    — Non, je viens de rentrer de Los Angeles.
    — Très bien. Tu nous excuses on est fatigué.

    Elle prend ma main et me tire en direction d'un couloir. Ce qui me perturbe le plus c'est les photos de famille où une femme rousse d'une ressemblance de dingue de Lev est présente. Elle est sur toutes les photos sans exception. On dirait un fantôme qui hante la maison, comme si elle n'était jamais partie. Et ça donne une ambiance assez angoissante.

    — Je vais prendre une douche, m'interpelle Lev une fois arrivée dans la chambre.

    Elle pose son sac sur son lit et je pose mes affaires au pied de ce dernier. Lev entre dans la salle de bains et pendant que j'observe chaque recoins de sa chambre, je la vois du coin de l'œil se déshabiller et je ne sais pas si je dois fermer la porte ou la laisser entre ouverte. Quand jéntends l'eau de la douche couler, je décide de ne rien faire et continue mon exploration.

    Des photos de ses galas de danse, de ses années lycées sont affichées sur son mur. Elle est souriante et ça me fascine de voir à quel point elle était insouciante. Au delà de son accident, j'ai l'impression qu'il y a autre chose derrière son comportement. Non pas qu'il ne soit pas normal, mais une lueur dans son regard me fait dire ce que je suis entrain d'avancer.

    Après que Lev soit sortie de la salle de bains, je passe à mon tour sous la douche. Et qu'elle n'est pas ma surprise lorsque j'entends Lev ouvrir le robinet et se brosser les dents.

    — Lev, tu sais que je suis nu sous la douche ?
    — Quoi, tu veux que je te rejoigne ? dit elle dans un rire en se tournant vers moi.

    Puis sans aucune retenue, elle me fixe de haut en bas et j'ai besoin de tout mon self-control pour ne pas bander.

    — Lev tourne moi ce visage, ordonné-je.

    Elle rit une nouvelle fois en mettant du dentifrice un peu partout et se tourne. Une fois qu'elle m'a suffisamment mit mal à l'aise, quoique ça ne m'a pas déplu, elle sort. Je la retrouve rapidement sous la couette entrain faire une tresse.

    — Tu peux éteindre la lumière ? elle me demande.

    Je m'exécute et je sors de mon sac un pantalon en flanelle noir avant de me coucher à côté de Lev. Nous nous allongeons l'un en face de l'autre et c'est plus fort que moi : je passe une mèche qui s'échappé de ses tresses derrière son oreille. Elle lève son regard vers le mien et il est rempli de désespoir, de tristesse aussi. Impossible de soutenir ce dernier, je dépose mes yeux sur ses lèvres.

    — Raconte moi, je murmure.
    — A la mort de ma mère mon père n'a presque plus jamais été le même. Il a toujours été assez éloigné de moi mais ça s'empire de jours en jours. Je crois que je ne m'y ferai jamais. Je le déçois souvent, parce que j'enchaîne les relations. Et pas toujours bonnes. Mais son regard sur moi il... c'est comme s'il ne voulait pas me regarder dans les yeux depuis sa mort. Comme si à chaque fois il m'accusait silencieusement d'être la meurtrière de... la femme la plus importante de notre vie. Et je sais que ce n'est pas le cas mais... à chaque fois que je rentre ici ça me le fout en tête.

    Je passe mon bras autour de sa taille, la rapproche contre moi tandis qu'elle pose sa tête sur mon torse.

    — Monsieur muscles, rit elle en caressant ma poitrine.
    — T'as vu un peu, c'est le fruit d'un long travail.

    Nous rions tous les deux, et quand je sens que sa respiration s'apaise et que les larmes sont sèches sur ma peau, je commence.

    — Peut être qu'il y a quelque chose de plus profond que ça. Peut être qu'une raison autre que ce que tu crois le pousse à ne pas te regarder dans les yeux. Peut être que tu lui ressembles un peu plus que tu le crois, à ta mère.

    — Daisy.
    — Comment ça ?
    — Ma mère s'appelait Daisy.

    Et je sens que dire son nom la rend heureuse. Elle sourit un peu contre mon torse et ça me procure le plus grand des bonheurs.

    — C'est très beau. Bonne nuit, Levy Jolie.
    — Bonne nuit, Isaac.

    C'est avec un sourire de gamin que je m'endors sur mes deux oreilles, ne m'attendant pas à ce que la journée de demain me réserve.

PHŒNIX [TERMINÉ]Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon