Quand il avait rencontré Louis pour la première fois, Harry n'avait rien ressenti de particulier. Ce n'était pas du tout un coup de foudre, contrairement à ce que l'on aurait pu croire.
Il se souvenait parfaitement du Premier soir. C'était le soir où lui et Niall avaient un peu trop bu et s'étaient retrouvés à déambuler dans les rues vers 3h du matin. Ils avaient croisé Louis par hasard ; lui aussi se perdait dans les dédales de Londres, à cette heure où la ville est vide. Il leur avait lancé un regard, puis des mots. Des mots banals, presque vides de sens, mais qui traduisaient une émotion beaucoup trop frappante pour être ignorée.
Leur amitié s'était faite petit à petit : au fil de la nuit, et de toutes celles d'après. Plus Louis se dévoilait, plus Harry l'appréciait. Il le remarquait, le jaugeait, l'admirait. Louis était vraiment quelqu'un qu'on avait envie de regarder. Il dégageait ce je-ne-sais-quoi qui savait captiver, qui retenait l'attention quelques secondes de plus que la normale.
La première fois qu'il l'avait touché, Harry s'en souvenait aussi très bien. Ils marchaient dans l'obscurité, presque à l'aveugle. Leurs doigts s'étaient effleurés, hésitants, malassurés, ne sachant pas vraiment quoi faire. Puis, comme une évidence, ils s'étaient retrouvés. Enfin.
C'est là que commença leur vraie histoire. Parce que c'est là qu'Harry entama sa chute. A partir de ce moment, il regardait Louis plus longtemps encore que quelques secondes. Il retenait son souffle à chaque contact, chaque caresse, chaque baiser, dans l'attente de plus, mille fois plus.
Et puis un jour, il réalisa qu'il pourrait observer Louis pendant des heures sans jamais s'en lasser. Après avoir passé des années perdu, il avait l'impression d'avoir enfin trouvé ce qu'il cherchait. Louis incarnait tout. Absolument tout. Il était son refuge, et il ne se sentait à sa place nulle part d'autre que dans ses bras, ou sous ses draps. Souvent, Harry se prenait à rêver d'un monde où ils seraient totalement seuls, un monde où personne ne pourrait jamais les séparer.
Mais la réalité était dure. Louis rayonnait beaucoup trop pour pouvoir le cacher des Autres, et Harry détestait ça. Ils ne le voyaient pas comme lui le voyait, ils ne pouvaient pas le comprendre comme lui le comprenait. Il s'imaginait désespérément que Louis était à lui, et à lui seul. Après tout, leur relation était spéciale. Ou bien essayait-il de s'en convaincre?
Après tant de temps à errer, à enchaîner les relations, dans une tentative ridicule mais inconsciente de plaire, Harry se prenait le retour du bâton de plein fouet. Et ça ne lui plaisait pas du tout. Il avait toujours été l'Aimé, et voir ainsi les rôles se retourner lui mettait une vraie claque. Il avait besoin de Louis. Il le voulait de tout son coeur, comme saisi d'une pulsion incontrôlable. Et il détestait ça.
Il faut dire que Louis était particulièrement beau. Certainement pas d'une beauté banale, non, mais d'une beauté assourdissante, aveuglante. Le genre qu'on n'oublie pas. Une beauté confuse, à mille facettes, qui donnait envie d'en voir plus, toujours plus. Une beauté qui, même dévêtue, ne perdrait pas de sa superbe. Harry aurait voulu transformer ses yeux en appareils photo pour pouvoir capturer chaque fragment de cette beauté qui le secouait tant.
Oui, secouer, c'était le mot. Chaque regard, chaque sourire qui lui était adressé était un véritable séisme dans son coeur. Louis, sans le savoir, envoyait valdinguer toutes les barrières qu'Harry avait construites. Et il les piétinait un peu plus chaque fois qu'il lui faisait l'amour.
Harry aurait fait n'importe quoi pour le garder près de lui, pour rester dans leur Bulle. Alors, il priait très fort pour qu'elle n'explose jamais. Mais il était impuissant, et déjà beaucoup trop submergé par ses émotions. Il ne pouvait plus rien faire alors il les subissait silencieusement, en espérant qu'elles passent inapercues.
Harry était presque sûr qu'il était tombé amoureux de Louis. Presque.
