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Chapitre 5 - Céleste

Je n'avais pas oublié que le directeur m'avait convoqué dans son bureau. Je m'y dirigea donc en pestant après la sortie des cours. Quelqu'un à du me voir hier soir, moi ou Zéphyr. Ou alors c'est directement lui qui m'a dénoncé pour se faire bien voir du directeur. Peu importe. Ce n'est qu'un simple camarade de classe désormais. Ça m'a étonnée lorsqu'il est entré dans notre classe mais cela me paraît maintenant normal avec ce qu'il a dit hier. Je devais être trop fatiguée pour pouvoir faire le lien et réfléchir correctement.

Je suis déjà devant cette grande porte massive, que j'aurai juré ne plus jamais vouloir revoir. Je toque. Une fois. Silence. Deux fois.

- Entre, dit une voix grave.

J'obéis et me retrouve dans un somptueux bureau, allant des teintes de vert matcha au chatains. Je dois bien admettre que même en y mettant la plus mauvaise volonté du monde, ce bureau restera la plus belle pièce ici. Tout est pensé pour être fonctionnel et minimaliste. Un long bureau au fond de la pièce, contre l'immense baie vitrée, donnant directement sur la forêt. Les fauteuils verts sont assombris à cause du manque de luminosité. Des étagères remplies de documents. Ni plus, ni moins. Sans oublier le principal intéressé, accoudé sur son bureau à me fixer. Je prends place sans qu'il ne m'adresse un mot sur un fauteuil et le fixe de la même manière, laissant place à un silence pesant.

- On m'a rapporté que quelqu'un traînait dans les couloirs hier soir. Et il paraît également qu'une des tes camarades de classe t'as entendu parler des petites escapades nocturnes que tu menais. Est-ce vrai ?

- Non, ce n'était pas moi. dis-je d'un ton qui m'avait l'air convaincant.

- Intéressant, ajouta-t-il -il se leva doucement et avança vers la baie vitrée juste derrière lui. Croisant ses mains derrière son dos et levant la tête, il observa je ne sais quoi tout au loin- Donc tu nies tout ce dont on t'accuse ?

- C'est exact. Je n'ai pas le droit, au même titre que les autres, de sortir après le couvre-feu. Donc je ne suis jamais sortie.

- Et comment expliques-tu qu'un camarade ait été témoin d'une de tes conversations à ce sujet ?

- Je devais réviser la pièce de théâtre que j'avais créée avec une amie et j'étais probablement en train de la répéter et au même moment quelqu'un à effectivement pu m'entendre.

J'espérais que ma voie ne m'avait pas trahie. J'étais en quête de réponses pour savoir si j'avais été plutôt convaincante ou si mon énième mensonge ne passerait pas. Le visage du directeur ne laissait transparaître aucune émotion. Peut-être un air amusé mais c'était normal étant donné son côté sadique, à vouloir toujours vous enfoncer plus pour qu'il puisse se délecter de votre souffrance. Surtout la mienne. Le diable incarné. La personnification de la haine. Voilà ce qu'il représente pour moi.

- Bien, bien, bien... il se mit à rire. Je ne sais pas comment tu t'en sortiras si tu continues comme ça mais ce n'est pas gagné. Allez, je ne t'embête pas plus longtemps. Tu peux partir, dit-il toujours les yeux rivés sur le ciel.

Je me relevais alors plus vite que je ne l'aurais pensé et me cogna le genou contre le bois dur et froid du bureau en chêne.

- Argh... dis-je sans faire exprès.

Je partis donc sans plus d'informations que je n'en avais déjà. Quelqu'un m'avait dénoncé. Probablement quelqu'un d'assez proche de moi pour m'avoir entendu parler de ça. Je ne pouvais pas exclure la possibilité que se soit Zéphyr. Mais il restait toujours un problème : la seule personne à le savoir est Taylor. Impossible que ce soit elle. Tout converge vers Zéphyr. C'est probable que ce soit le coupable mais il paraît trop incrédule pour pouvoir faire un coup comme ça sachant qu'il était dans le même cas que moi hier. Mais maintenant, je devrais faire d'autant plus attention car le directeur est au courant. Il a dû prévenir les surveillants afin qu'ils puissent me coincer quand je sortirais en douce. Tout ce que je peux dire pour moi maintenant, c'est que ce n'est pas bon pour mes affaires !