Le Manoir (DRARRY SHORT STORY)

Le Manoir (5)

-Rappel du chapitre précédent, où Harry, Ron et Drago sont dans la cave des Malfoy. Luna, Gripsec et Ollivander ont déjà transplané avec Dobby, qui ne peut emmener que trois personnes à la fois. Drago vient d'offrir de se battre seul afin qu'ils puissent s'enfuir. Il est convaincu que sa mort est inévitable et souhaitable pour les deux autres. Tandis que Ron semble d'accord, Harry refuse cette idée en bloc. -

- Contrairement à ce que tu sembles penser, tu es une personne bien, Drago. S'il te plaît... Arrête de croire que tu ne vaux rien, ou que tu n'es qu'une sorte de dommage collatéral.

- J'essaye de t'aider, dit-il sans savoir si ses mots avaient beaucoup de sens.

Harry hocha la tête une fois. Il avait l'air de dire "Je sais, c'est pas grave."

- D'accord, intervint Ron. On y va. On y va maintenant, avant que ma volonté ne dégage. On y va tout de suite.

Il avait les sourcils froncés, un air déterminé sur le visage. Sans plus attendre, il s'empara de la baguette de Queudver et emprunta les escaliers. Malfoy s'engagea à sa suite, baguette levée comme s'il voulait protéger Harry, qui les suivait, l'air sombre.

- Attends ! s'écria soudain ce dernier.

Ron et Draco se retournèrent simultanément.

*

Harry eut l'impression que ce court trajet durait longtemps, bien trop longtemps. Malgré leur plan, une peur tenace lui torturait le ventre. Malfoy se retourna plusieurs fois pour vérifier qu'il allait bien, ce qui ne faisait qu'accentuer sa gêne.

Draco avait une fois de plus l'impression de ne servir à rien. C'aurait été tellement plus simple si Potter l'avait laissé se faire prendre. Il risquait la mort, d'accord, mais ce n'était rien comparé aux conséquences de son geste. Pour une fois dans sa vie, il se serait peut être alors senti utile, ou du moins, méritant d'une sorte de reconnaissance commune. Il avait surtout besoin de se sentir aimé, en fait. La seule raison pour laquelle il avait abandonné son plan initial, c'était parce qu'Harry, justement, avait l'air de tenir à lui. De ne pas vouloir qu'il meure. Et ça, pour une raison inexplicable, ça lui fournissait presque autant de joie que son sacrifice supposé. Il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus, mais la cause était juste sous son nez. Il en avait en tous cas l'impression. L'impression tenace d'avoir raté quelque chose. C'était pour ça qu'il se retournait constamment. Il n'avait pas envie que la silhouette de Potter s'évapore, comme la chimère d'espérance qu'il avait toujours été.

Chaque marche était une épreuve mais ils finirent par en voir la fin. Une nouvelle porte se dessinait devant eux, entrouverte. Ron s'y arrêta et respira faiblement. Il était terrifié. Non pas des Mangemorts, mais plutôt de l'état dans lequel serait sa Hermione. Si elle était morte, il n'était pas sûr de pouvoir le supporter. La rumeur lointaine de pleurs contenus lui fit l'effet d'un électrochoc : Hermione était là. Là, derrière cette maudite porte devant laquelle il patientait anxieusement, inutilement. Il chuchota quelque chose à Malfoy, parce qu'il était bien obligé, et celui ci acquiesça, avant de se tourner vers Harry et de lui indiquer que c'était bon. Alors Malfoy passa devant Ron et, d'un coup d'épaule magistral, fit s'ouvrir la porte en grand.

C'était une scène très étrange. Bellatrix releva la tête qu'elle avait penchée sur la pauvre Hermione, allongée à même le sol ; et les deux Malfoy pointèrent leur baguette sur celui qui venait d'interrompre la séance de torture. Baguette qu'ils baissèrent de suite lorsqu'ils s'aperçurent que leur fils se tenait sur le pas de la porte.

Leur fils, et personne d'autre. Il semblait complètement paniqué. Il haleta, semblant se retenir de pleurer à grand-peine :

- Ils sont.. Ils sont...! Je jure que ce n'était pas ma faute! J'ai entendu du bruit et ils étaient... Ils étaient... Ils n'étaient plus là!!