Le Manoir (DRARRY SHORT STORY)

Le Manoir (4)

Malfoy venait à peine de lui dire qu'ils étaient arrivés, mais Harry ne voyait aucune différence. De toutes façons, il n'y voyait rien du tout : il faisait complètement noir, parce que Malfoy avait eu la brillante (oui, brillante...) idée d'éteindre leur seule source de lumière d'un petit Nox informulé.

- Je te préviens, chuchota la voix de Malfoy, si tu produis un son, on est morts.

- Mais-

- Donc tu te tais et on y va.

Harry ne répondit pas cette fois.

- Bien, s'exclama Malfoy d'un ton sarcastique (ce qui voulait complètement dire "trop facile de te faire fermer ta bouche, Potter".)

Au moins il semblait avoir retrouvé sa verve, et ne plus être chamboulé. Harry en fut rassuré et en même temps, étrangement embêté. Il avait bien aimé qu'embrasser Malfoy eut pu le déconcerter, c'était une idée plaisante.

Ils entrèrent dans la cave après cette dernière réplique. Harry sentit plus qu'il ne vit le pan de mur se refermer derrière eux. Cela fit un bruit, aussi, un raclement de la pierre sur la pierre qu'Harry espérait que personne n'ait entendu.

Il faisait sombre, un gris anthracite très profond. Harry apercevait à peine les formes de colonnes, de piliers dans le sous-sol des Malfoy. Plus il essayait d'explorer le fond de la cave de ses yeux plissés, plus tout cela se fondait dans un noir opaque.

- Il y a quelqu'un ? résonna soudain une petite voix fluette.

Harry ouvrit immédiatement la bouche pour lui répondre, mais la main froide de Malfoy s'y plaqua durement. Harry ravala ce qu'il voulait dire, et il pouvait parfaitement imaginer les sourcils froncés de Malfoy lorsqu'il retira sa main, ainsi que ce qu'il aurait dit : "J'avais dit de se taire, Potter. Et si c'est un piège ?"

Mais Harry savait que ce n'était pas un piège. Il reconnaissait cette voix aiguë et bizarrement cadencée, posée et en même temps désintéressée. 

- Ron ? fit la voix. C'est toi ? Tu peux rallumer la lumière maintenant ?

- C'est pas moi, et oui, bien sûr, lui répondit une voix anxieuse mais rassurante malgré elle, rassurante parce qu'Harry était tellement soulagé de l'entendre...

- Attends, je sors le machin de Dumbledore... Ça a été drôlement dur de le cacher... Vous ne voulez pas savoir où j'ai du le mettre...

- Ron ! Luna ! s'exclama Harry sans pouvoir s'en empêcher. Il entendit Malfoy soupirer bruyamment.

Au même moment, un petit "clic!" se fit entendre, et une lampe fixée au plafond s'alluma.

Ron se tenait là, à 10 pas à peine de Harry et Malfoy. Ses yeux écarquillés les fixaient. Dans sa main, il tenait un petit briquet qui devait avoir servi à allumer une des lampes. La cave était très grande, et l'unique ampoule que Ron avait allumé n'en éclairait pas l'entièreté. Harry ne voyait pas Luna, mais il était sûr qu'elle était là quelque part, perdue au fond de cette salle immense.

Il frissonna soudain et se rendit compte qu'il avait très froid. La pierre qui composait les murs et le sol de la cave la rendait particulièrement inhospitalière. Ron avait l'air frigorifié, dans la pâle lueur de la lumière fade, et son visage affichait un mélange de méfiance et de joie. A bien y réfléchir, plus Harry le fixait, plus il n'arrivait qu'à discerner la méfiance.

- Harry ? fit la voix de fille.

- Oui, Luna, c'est nous, on vient vous aider, je ne te vois pas... s'exclama Harry, anxieux, posant ses yeux sur tous les recoins visibles de la pièce.