Guéris-moi

Chapitre 18 (POV mère de Maria)

*10 ans auparavant*

Infirmière : vu l'état de la mère, je ne veux même pas imaginer ce qui serait arrivé à la petite si la police n'était pas intervenue.

*Flashback*

Il m'avait laissé à terre, totalement paralysée. J'étais à moitié inconsciente. Mais, j'arrivais encore à percevoir ce qui se passait dans la salle. Il s'était dirigé vers Maria. Une giffle de sa part avait suffi à la faire vaciller. Puis, ses coups déferlèrent sur le pauvre petit corps fragile de ma petite fille. Elle hurlait, elle pleurait, elle souffrait. J'entendais sa douleur. Je voulais m'interposer. Je criais :

- Arrête ! Pas ma petite fille. Je t'en supplie ! Laisse-la. Ne lui fais pas de mal. Tue-moi si tu veux mais ne fais pas de mal à mon enfant.

J'ai voulu me lever, mais mes membres ne réagissaient pas. Il m'était même impossible de ramper. J'étais totalement impuissante. Comment je pouvais protéger ma petite fille alors que je n'arrivais même pas à bouger ? J'ai commencé à prier.

« Seigneur, je t'en supplie, épargne ma petite fille. Je te donne ma vie s'il le faut mais protège Maria. »

Je n'entendais plus les cris de Maria. Mais, les coups n'avaient pas cessé. L'avait-il tuée ? Non, impossible ! Mon bébé ne peut pas être morte. Je n'y survivrai pas. Si mon bébé meurt, je meurs aussi.

J'étais désemparée. Je m'en voulais de ne pas avoir été capable de protéger ce que j'avais de plus précieux en ce monde.

« Ma petite fille, je suis telllement désolée. Si seulement, j'avais su me montrer plus forte, tu n'aurais pas eu à subir cela. », pensais-je.

Je ne sais plus trop à quel moment exactement, mais j'ai fini par perdre conscience. Quand je me suis réveillée, j'étais à l'hôpital et on m'annonçait que ma fille allait bien, mais qu'elle devrait rester à l'hôpital un petit moment. Elle avait été salement amochée mais grâce à Dieu, elle n'en retiendrait pas de séquelles. Du moins, physique. Puisque plus tard, il s'est avéré qu'elle ne supportait plus la présence d'aucun homme, dans son entourage. Elle avait des réactions imprévisibles dès qu'un homme s'approchait d'elle. Même au sein de son établissement scolaire, elle ne supportait plus la présence de ses petits camarades. Cela est vite devenu un problème. Après une visite chez la psychologue, elle a été diagnostiquée androphobe. J'ai dû la déscolariser. Depuis, elle a suivi l'école à la maison. C'était un investissement, mais je n'avais pas le choix. Et puis, récemment elle a décidé qu'elle en avait marre de laisser son androphobie l' handicaper. Elle s'est donc inscrite dans une université publique. Je l'ai laissé faire, évidemment. Mais, il ne se passe pas un jour sans que je sois rongée par l'inquiétude. Et, aujourd'hui...

- Maman ?

J'entends une voix qui m'interpelle. Sa voix. C'est la voix de Maria, ma petite fille. Je suis heureuse de la revoir. Mais, sa rencontre avec ce jeune homme, toutes les difficultés auxquelles elle a dû faire face, toute seule... Aujourd'hui, plus qu'autrefois ...

- Maman ? Ça va ? Tu te sens mal ?

- Non, du tout. Je ne me sens pas mal du tout. Je ... je me demandais juste si tu ne ferais pas mieux de réenvisager ta décision de t'inscrire dans une école publique. Si ce qui te dérange c'est de suivre les cours à la maison, on peut aussi bien t'inscrire dans une école réservée aux filles. Qu'est-ce que tu en penses ?

- Maman, dit-elle, dans un soufflement léger, on en a déjà parlé. Je ne me suis pas inscrite dans cette école parce que j'en avais marre des cours à la maison, mais parce que j'en avais marre de ne pas pouvoir vivre librement. J'en ai marre de me sentir enchainer par mes peurs, maman.

- Si tu es convaincu de tes choix, qu'il en soit ainsi. Je n'insisterai pas... Il va bientôt être 13h50. Tu ferais mieux d'y aller si tu ne veux pas être en retard à ton rendez-vous.

- Ok, à plus tard maman.

- Aurevoir, et sois prudente.

 « Ah, ma petite fille, aujourd'hui, plus qu'autrefois ..., mes remords et ma culpabilité me rongent tant que je ne sais si un jour viendra où j'arriverai à me pardonner. »