La beauté est une question de volonté.
Et oui la perspective de beauté n'est pas innée,
Ni même naturelle, c'est un désir de vouloir la remarquer
À un certain moment, à un certain endroit, dans un certain contexte que l'on a décidé.
Ainsi, en suivant cette logique, il est aisé de démontrer que toute chose est belle,
Sa beauté ne résidant pas dans une caractéristique propre à l'objet comme une aile
Mais dans la volonté de rendre beau ce dernier
Prenons un exemple concret,
Ne semble-t-il rien de plus laid que le défilé incessant des gens dans le métro,
Dans un vacarme assourdissant provoquée par ces allés et venues de robots,
Par le bal des conversations banales, rythmée,
C'est vrai que peut-on donc dire dans un métro à part des banalités ?
Amplifiée par les hurlements des personnes aux téléphones, déjà pressées,
Déjà en retard, dans une journée qu'ils semblent déjà avoir ratés,
Comme celle d'hier, sûrement comme celle de demain, maudite répétition,
Pour en rajouter à la laideur de la situation,
Le décor et l'ambiance est tout aussi peu ragoûtante.
L'odeur est prenante entre parfums écœurants, cafés et transpiration de l'attente
La toile de fond est tout aussi sublime,
C'est vrai quoi de plus attirant que la saleté caractéristique de cet abîme,
Entre ces taches dont on ne veut connaitre la provenance,
Les journaux à peine lus qui jonchent le sol en abondance.
La pollution de notre esprit est autant visuelle, olfactive, que psychologique, que dire ?
Quelqu'un a t'il déjà vu dans le métro un sourire?
D'ailleurs pourquoi souriraient-ils ?
Notre démonstration deviendrait-elle futile ?
Que peut-on bien trouver de beau dans cette scène immonde ?
Eh bien, je pense que l'on peut se convaincre que ce spectacle est le plus beau du monde.
Nuit noire, pas un noir triste, non le beau noir, celui qui me plait.
On sent l'odeur de l'air qui se rafraîchit, après une chaude journée de juillet,
L'herbe a été fraichement coupée laissant une odeur qui ne se décrit pas,
D'ailleurs nous ne sommes pas là pour le faire, n'est-ce pas.
On est assez loin de la ville pour pouvoir profiter d'une nuit noire,
Pas un noir triste, un beau noir, je disais, très important de le savoir.
Le soleil s'est retiré tout comme les dernières traces orangées puis pourpre de la journée.
Regardons les étoiles voyager?
N'y a-t-il pas de plus beau spectacle ?
Quel est ce spectacle ?
C'est un ballet, le plus beau ballet, le ballet de l'univers stellaire.
Tous les éléments de l'univers, les astres, les amas de poussière,
Les étoiles ont chacune une trajectoire, une place, une direction.
Elles se regroupent le temps d'un instant, se séparent, en continue friction,
Dans une danse envoûtante, nos étoiles des danseuses, déjà perdues?
Pourtant ce spectacle pourrait sembler d'une tristesse absolue,
Les astres s'éloignant inexorablement les uns des autres, se repoussant,
Laissant dériver continuellement les étoiles vagabondes, des mornes passants.
Ce tableau des étoiles est pourtant admis comme étant beau,
Sinon pourquoi les gens passeraient leurs nuits à l'admirer, seul, en groupe ou en duo.
Vous vous demandez sûrement (peut-être ? ou pas d'ailleurs) pourquoi j'en parle.
Les gens du métro sont des étoiles dans un univers astral.
Ils ont chacun une trajectoire, une place, une direction, aussi incertaine soit elle.
Ils se regroupent le temps d'un instant, d'une station, de deux ou d'une kyrielle
Puis se séparent, cet amas se désagrégeant, se remodelant, dans une danse endiablée.
Certaines étoiles sont chaudes, accueillantes, mais toutes ont leurs directions, coordonnées.
Alors, comment dénigrer la beauté de ce spectacle déchainé?
Pourquoi mettrait-on sur un autre plan, un spectacle de la même intensité ?
Pourtant, on semble mettre à l'écart la beauté du ballet du métro,
Tout le monde passe à côté de la beauté du tableau,
Sans même se rendre compte qu'ils font eux même parti du corps dansant, enfermé
Oui enfermé dans une sorte de pessimisme qui éloigne de la beauté.
La beauté est une question de volonté.
