Fin de soirée pour amitié naissante.

Deux heures du matin... J'ai mal à la tête. 

Debout devant la cuvette du WC, le monde autour de moi est un carrousel. Les basses en provenance de la boite de nuit se confondent avec les battements de mon coeur. Mon estomac se demande s'il va faire son travail ou bien tout renvoyer à l'expéditeur. J'attends qu'il se décide, je me concentre sur cette nausée qui n'en finit pas. A chaque fois que je pense pouvoir la maîtriser, ça tambourine là-haut et je manque de perdre le combat.

- Dégueule une bonne fois pour toute et on en parle plus.

- Tu sais bien que je peux pas, j'ai horreur de ça.

- Ca te ferait du bien.

- Tais-toi... Je...

Ça vient. Non... je maîtrise... Ca va passer.

- Greg, j'ai pas envie de passer la soirée dans les toilettes. En plus, le mec avec qui j'avais un truc s'est tiré. Franchement, c'est pas cool !

- Mais vis ta vie Jonat, et laisse-moi...

- Ben non, t'es con. Tu veux que je t'aide à vomir ?

- Surtout pas...

- Ah ah...Je voulais dire, avec mes doigts hein... au cas où tu pensais à autre chose.

- Là, tu vas vraiment me faire vomir, juste avec ces drôles d'idées.

Paradoxalement, ça provoque l'effet inverse, mon estomac se débloque. Ça tape toujours autant à l'arrière du crâne mais la nausée s'estompe, je sors de la toilette. Jonathan me fait face, son regard inquiet me sonde.

- T'aimerais bien hein ?

- Quoi ça ?

- Me mettre tes doigts.

- Ah ah, tu as l'air d'aller mieux. Tu veux rentrer ?

- Je pense que c'est mieux en effet, j'ai plus envie de rien à part mon pieu. Je suis désolé d'avoir plombé ta soirée.

- Ca arrive, ça se trouve quelqu'un a mis quelque chose dans ton verre, t'as pas bu tant que ça.

- Je suis fatigué cette semaine, je dors pas assez. Je supporte moins bien.

On traverse la foule agglutinée, pas un endroit de la boite de nuit n'est dégagé. Ca se roule des pèles par-ci, ça danse par-là, ça boit des cocktails partout. J'ai trop chaud mais je redoute le froid extérieur qui risque de réactiver les effets de l'alcool. Je n'ai pas le temps d'y réfléchir, je suis déjà sur le trottoir. Il tombe une bruine, elle est glacée, la température doit frôler zéro degré. Comment a-t-on fait pour sortir si rapidement, j'ai l'impression de perdre la notion du temps. Ca tourne.

- Vous rentrez plus les gars... ton pote, il rentre plus, toi oui mais lui, il dégage.

- On se tire façon...

Ca tourne.

- Greg... fais gaffe... 

Ca tourne encore plus.

- Viens, là... tout doux, je te pose là tranquille.

Le monde est une sorte de toupie... 

- Fais gaffe, penche-toi encore... tu vas t'en mettre sur toi... attends...

Le sol sous mes paumes est glacé... je n'arrive pas à me relever...

- Voilà... doucement, c'est la dernière marche... Non non non, pas en arrière... Reste avec moi Greg.

Le divan, je suis sur le divan... Ca sent mauvais.

- Tu pues Jonat. Ce que tu sens mauvais !

- C'est toi pauvre cloche. T'en as plein sur toi.