Chapitre 12

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Le retour d'Isabella au royaume se fit dans un silence pesant, les échos de la bataille retentissant encore dans son esprit. Ses pas résonnaient dans les couloirs sombres du château alors qu'elle avançait, son bras blessé pendu douloureusement le long de son corps.

Marguerite, alertée par le bruit de son retour, se précipita à sa rencontre, son visage marqué par l'inquiétude. "Votre Altesse, que vous est-il arrivé ? Vous êtes blessée."

Mais cette dernière détourna le regard, refusant de montrer la faiblesse qui menaçait de la submerger. "Ce n'est rien, juste une égratignure. Je vais bien."

Mais la femme inquiète ne se laissa pas tromper par les paroles de la souveraine. Avec une détermination obstinée, elle la conduisit jusqu'à ses appartements, où elle commença à inspecter sa blessure avec un soin méticuleux.

La douleur lancinante dans son bras la fit grimacer alors que la servante examinait la blessure avec une attention soutenue. "Vous avez besoin de repos, Votre Altesse," dit-elle d'une voix douce. "Je vais préparer un onguent pour soulager la douleur."

Isabella acquiesça silencieusement, la laissant prendre soin d'elle malgré son instinct de résistance. Elle savait qu'elle avait besoin de soins, même si elle ne voulait pas l'admettre. Et pendant que Marguerite s'activait autour d'elle, son cœur se serra alors qu'elle réalisait à quel point elle dépendait de cette femme âgée pour sa survie.

En s'endormant légèrement, bercée par le réconfort de sa servante, Isabella réalisa à quel point elle était seule dans son règne impitoyable.

Lyra observait la scène depuis l'embrasure de la porte. Ses yeux sombres étaient remplis de suspicion alors qu'elle assistait à la scène entre la reine et la servante. Mais lorsque les yeux d'Isabella se posèrent sur elle, une lueur de colère pure brilla dans son regard.

"Toi," cracha-t-elle, sa voix résonnant dans la pièce avec une menace palpable. "Tu savais qui étaient ces chevaliers, n'est-ce pas ? Tu savais ce qu'ils voulaient."

Cette dernière se raidit sous le regard brûlant de la reine, ses poings se serrant. Elle savait qu'Isabella était furieuse, mais elle ne reculerait pas devant ses accusations.

"Je ne sais pas de quoi tu parles," répondit-elle d'une voix assurée, essayant de contenir la colère qui grondait en elle. "Je n'ai rien à voir avec de tels hommes."

Les récents mots de la reine résonnaient encore dans l'air, chargés de menace et de suspicion. Mais Lyra resta ferme, refusant de céder devant l'intimidation impériale. Car même si elle était blessée et isolée, elle était déterminée à découvrir la vérité sur les plans sinistres de sa kidnappeuse, peu importe les obstacles qui se dressaient sur son chemin.

Malgré la douleur qui lui tiraillait le bras blessé, Isabella se leva brusquement de son lit, ses yeux étincelant de fureur alors qu'elle fixait Lyra. "Tu mens !" s'écria-t-elle, sa voix emplie de rage et de frustration. "Tu sais exactement ce qui se trame, mais tu refuses de parler !"

La servante, alarmée par la montée de tension, tenta de calmer la situation. "Votre Altesse, vous devriez vous reposer. Vous n'êtes pas en état de vous énerver ainsi."

Mais la femme la repoussa brusquement, son visage tordu par la colère. "Sors d'ici !" ordonna-t-elle d'une voix rauque. "Je veux être seule avec cette menteuse."

Marguerite hésita, mais finalement, elle se résigna à obéir, quittant la pièce avec un regard préoccupé jeté en arrière vers Lyra. Laissant les deux femmes seules, elle ferma doucement la porte derrière elle.

Lyra soutint à nouveau le regard de la reine, sa propre détermination ne faiblissant pas malgré l'intensité de la situation. "Je ne mens pas," répliqua-t-elle avec fermeté. "Je ne sais rien des hommes dont tu parles, bon sang."

Les mots de la princesse semblaient alimenter la rage d'Isabella, qui s'approcha d'elle d'un pas menaçant. "Tu oses me défier ?" cracha-t-elle, sa voix résonnant dans la pièce. "Tu n'es qu'une gamine effrontée, une menace pour mon règne."

Lyra tint bon, refusant de reculer devant la colère de la reine. Mais alors que cette dernière levait la main pour la frapper, un éclair de douleur traversa son bras blessé, la faisant vaciller. Un gémissement s'échappa de ses lèvres alors qu'elle tentait de reprendre son équilibre, mais ses forces la trahirent.

La jeune femme, alertée par le malaise soudain d'Isabella, s'avança précipitamment vers elle pour la soutenir. Mais avant qu'elle ne puisse réagir, la reine perdit connaissance, son corps s'affaissant lourdement entre les bras de Lyra.

La jeune princesse, les bras tremblants sous le poids de la reine inconsciente, la déposa avec précaution sur son lit. Son esprit était tourmenté par un conflit intérieur, partagé entre la tentation de se débarrasser de la menace que représentait la souveraine et la compassion envers une âme en détresse.

Un couteau reposait à portée de main, une tentation palpable dans l'obscurité de la chambre. Lyra hésita, la lame étincelant dans la lueur faible de la pièce. Mais alors qu'elle s'apprêtait à agir, une pensée la figea sur place. Mettre fin à la vie de la reine ne ferait que perpétuer le cycle de violence et de trahison qui avait déchiré leurs royaumes. Elle ne serait pas comme cela.

Finalement, avec un soupir de résolution, Lyra remit le couteau à sa place et s'assit au chevet de la souveraine. Les minutes s'écoulèrent lentement, emplies du silence pesant de la pièce. La reine semblait paisible dans son sommeil, son visage dépourvu de sa dureté habituelle.

Dans son sommeil, elle semblait presque angélique. Ses longs cheveux blancs, encadraient délicatement son visage d'une beauté saisissante. Son teint était d'une pâleur douce, contrastant avec la brillance de ses cheveux. Les traits de son visage étaient délicats, sereins et innocents. Même dans le repos, elle conservait une aura de majesté et de grâce qui la rendait irrésistiblement belle.

Lyra se sentit envahie par un mélange de sentiments complexes : la colère, la méfiance, mais aussi une étrange empathie envers la femme qui était à la fois son ennemie et sa geôlière. Malgré tout, elle ne pouvait s'empêcher de se demander ce qui avait conduit Isabella à devenir la personne impitoyable qu'elle était aujourd'hui.

Fatiguée par les émotions tumultueuses qui la tourmentaient, Lyra finit par s'endormir près du lit de la reine, son esprit tourbillonnant de questions sans réponse. Dans l'obscurité de la nuit, les deux femmes reposaient côte à côte, chacune prisonnière de ses propres démons, dans l'attente incertaine de ce que l'avenir leur réservait.

Sous le règne de ton cœur Where stories live. Discover now