Chapitre 2

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       Mabisyo - The Funeral of the Flowers  

   Depuis quelques jours, York Shin City était immergée sous un océan de silence. Jamais on n'avait connu la ville aussi calme.

Ce soir, la nuit abrite de son voile obscur une métropole apaisée. Et du haut de son belvédère, il l'observe. Dès que le jour s'estompe, il se révèle, toujours seul, mais en paix. Sous les rayons de lune qui dessinent de nouvelles ombres chaque nuit, sa peau est encore plus pâle. Les mèches couleur d'encre qui encadrent son visage lui donne l'apparence d'un ange ténébreux. S'il était pourvu d'ailes, on y croirait presque.

Mais il n'en n'est rien. Niché sur ce balcon, il a l'air d'un rapace à l'affut d'une proie. Son regard anthracite est aiguisé ; le premier qui bouge est un homme mort.

A la cime de cet immeuble en ruines, Kuroro surveille la ville endormie.

Les récentes révélations qui ont secoué la région ont jeté un froid sur le monde des Hunters. Puis le bruit s'est dissipé, et la peur a disparu. Aujourd'hui, ils ont enfermé Pariston en l'attente d'une ultime audience et l'association des Hunters a été suspendue pour une durée indéterminée.

A quelques pas d'ici, Kuroro sait que le dernier des Kuruta rôde. Le véritable prédateur, c'est lui.

Et il n'est pas en quête de calme.

Aussi loin qu'il se souvienne, il n'a jamais perçu une once de plénitude dans les yeux de ce garçon. Mais il reconnait n'avoir vu un tel regard nulle part ailleurs. Il comprend sa rancœur.

Qui ne la comprendrait pas ?

Aux yeux de Kuroro, Kurapika n'est pas un meurtrier. Il est bien au-delà, en dépit du meurtre d'Uvoguine et de Pakunoda. Bien que doté de capacités extraordinaires et d'un esprit implacable, le jeune homme lui apparait comme un ange déchu, privé de ses ailes et de sa sagesse éternelle.

Lui aussi, il incarne l'ange dans toute sa splendeur. Mais seulement en apparence.

Kuroro ne lui donne pas plus d'un mois pour s'abandonner au chaos qui le guette. Il ne restera alors que sa carcasse errante, privée de chaleur, anéantie par toutes ces années de chasse vaines.

A cette idée, une grande amertume glisse sous son palais. Il aimerait le voir, l'observer, tapi dans l'ombre à l'abri de sa colère. Depuis leur première rencontre, il ne peut s'enlever de la tête ses traits déformés par la rage. Kuroro ignore s'il lui voue une certaine fascination.

Ou si la ténacité du Kuruta le renvoie à celle qui l'habitait lorsqu'il était encore enfant.

Sa mâchoire se crispe, des amis à lui aussi sont morts alors qu'ils n'avaient rien demandé. Mais aussi jeune qu'il était, Kuroro avait compris. Le jeu infernal de la vie ne lui laisserait aucune chance s'il ne se battait pas en retour.

Puis, il se souvient qu'il n'était pas seul. Contrairement à Kurapika, dont la voie ne lui a été dévoilée que par la répulsion et l'hostilité.

Songeur, le rapace incline sa tête sur le côté ; il lorgne une petite lueur qui scintille au cœur de toute cette noirceur. Serait-ce lui ? Le damné de York Shin City. Mais la faible lumière le nargue un instant puis s'évanouit, happée par les ténèbres.

A l'aube, il quittera son repaire. Kuroro engagera sa traque et retrouvera le Kuruta. 

Lucie Draw

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