Chapitre 1

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             La nouvelle était tombée.

D'un seul coup, comme une gerbe d'eau au cœur d'un brasier.

« Le Hunter étoilé, Pariston Hill, plaide coupable. »

Le visage impassible et le regard vide, le monstre apparait aux yeux de tous. Ses traits parfaits s'affichent sur tous les écrans, toutes les unes de journaux et son nom glisse sur toutes les lèvres.

« Pariston reconnait ses actes. »

La révélation est un véritable coup de théâtre. Pourtant, elle n'est qu'une phrase parmi tant d'autres. Une goutte dans un océan d'aveux. La seule, l'unique qui finit par faire déborder le vase.

Un poing s'abat contre la baie vitrée qui surplombe la salle d'audience. Aussitôt, l'auteur de l'acte est escorté jusqu'à la sortie. Il ne se débat pas, il se laisse faire docilement, muré dans le silence. Il ne réalise pas encore, mais la colère qui bout dans ses veines depuis tant d'années s'apprête à tout dévaster.

Dans quelques jours, il aura vingt ans. Mais nul ne sait s'il les atteindra.

A ces aveux, son cœur est devenu lourd et l'emprise de la chaine qui l'entoure s'est intensifiée.

« Pariston Hill avoue être à la tête d'un génocide : le clan Kuruta. »

Reconduit jusqu'à l'extérieur, le jeune Hunter est accueilli par la brise délicate de cette fin de Mars. Le soleil, encore timide à cette période, l'aveugle. Son corps est engourdi, il peine à retrouver son chemin.

Quel chemin ?

Où peut-il bien se rendre à présent ? Les individus qu'il traque depuis longtemps ne sont plus responsables.

Il ne peut pas le croire.

Ou peut-être ne veut-il simplement pas y croire ?

Alors qu'il tente de s'éloigner au plus vite du centre-ville, il détecte une présence, à quelques mètres de lui. Parmi la foule qui bonde les rues en ce samedi, il la ressent, si forte et si puissante. Elle est ancrée dans son esprit et ne s'estompe pas.

La rage visible dans ses yeux, il se retourne brusquement pour sonder chaque personne qui l'entoure, comme s'il s'apprêtait à la fusiller sur place.

Et enfin, il l'aperçoit.

Il est là, sur le trottoir d'en face, les mains enfouies dans les poches de son pantalon. Il n'a pas remis sa veste ; sous les rayons du soleil, sa chemise impeccable l'éblouit.

Aussitôt, il stoppe sa course. Que doit-il faire ? S'il le rejoint, il devra parler, alors que tout ce qu'il souhaite c'est ravaler la fureur qui l'habite. Mais s'il s'enfuit, il sera seul, définitivement seul.

Il n'ose penser aux jours qui suivront celui-ci.

De l'autre côté de la route, il l'appelle : les mains placées en porte-voix autour de sa bouche, il crie son nom. Autour, les gens ralentissent. Certains dévisagent l'individu, intrigués par la situation. Ils ignorent si l'homme le harcèle ou bien le supplie.

Alors il capitule. Il fait demi-tour puis traverse, le regard baissé sur ses chaussures.

Arrivé à sa hauteur, il a le cœur au bord des lèvres ; s'il les entrouvre, il perdra le contrôle. Il saisit la main qu'il lui tend et accepte de se laisser aller contre son torse. Il est surpris par sa tendresse mais d'autant plus par son silence.

Une chose est sure, il ne se fera jamais à son parfum entêtant. Il aurait aimé sourire à cette pensée, mais tout ce qu'il parvient à faire c'est resserrer ses doigts sur le pan de sa chemise.

A cet instant, il sait qu'il lui en sera toujours reconnaissant. Il ne lui a pas demandé son silence, Léolio s'est tu de lui-même. Le temps s'est arrêté, Kurapika a choisi d'ignorer l'endroit où il l'emmène. 

La seule chose dont il a besoin pour le moment, c'est du repos. Ensuite, il verra. 

Lucie Draw

CERBERUSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant