Chapitre 2

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Aylin

À peine sommes-nous hors de la maison que ça ne rate pas.

— Alors qu'est-ce que tu lui as dit ? Me demande Alec sans perdre une seconde après m'avoir pris le bras.

Et c'est parti pour un tour.

— Rien d'important. Juste qu'il était temps que je me trouve un nouveau meilleur ami.

Bien sûr, il ne perd pas une seconde pour passer à l'offensive.

— Tu ne me prendrais pas un peu pour un débile par hasard ? Je te connais par cœur, depuis le temps. Et pour ta gouverne, sache que je sais très bien qu'Anne ça veut dire "maman" et Tamam ça veut dire "d'accord" ou "ok". Alors à moins qu'en un mot tu aies réussi à dire toute une phrase...

J'avais oublié à quel point il est observateur. Il adore analyser.

— Al c'est bon, je rigole !

— Si j'étais toi, j'éviterais de rigoler avec moi ou je te promets qu'à la place d'avoir le gars le plus beau de l'université pour t'aider, je m'occuperais personnellement de te trouver une canne et un chien pour malvoyants.

Oh.

Je n'en reviens pas.

Il a osé.

Quel connard.

Lui et son humour piquant. Il n'y va jamais de main morte mais c'est comme ça qu'on fonctionne entre nous.

— D'ailleurs Al, en parlant de ça, tu n'aurais pas vu le gars le plus beau de l'université ? raillé-je. J'attends toujours qu'il vienne pour m'aider.

Qui a dit que la vengeance est un plat qui se mange froid ?

Je suis fière de moi, car réussir à clouer le bec d'Alec Gomez, ce n'est pas un privilège donné à tout le monde.

Alors que je pensais qu'il allait contre-attaquer. Il me prend dans ses bras. Et cette douce étreinte suffit à me permettre de mieux respirer. À me sentir un peu plus en sécurité. Comme si, peu à peu, je retrouvais mes repères. Comme si, peu à peu, la lumière faisait son retour dans mon univers.

— Tu m'as vraiment beaucoup manqué Ay. Et ne crois pas que t'as réussi à me clouer le bec. Tu sais très bien que c'est parce que je t'aime, plus que je ne m'aime, que je te laisse cet honneur, m'avertit-il.

Et je peux assurer qu'il s'aime beaucoup. Donc je prends ça comme un compliment, car il en fait très rarement. Enfin sauf quand il fait l'hypocrite avec ma mère, là il se lâche.

Moi aussi, à mon tour, je décide de répondre à sa mini déclaration d'amour.

— Moi aussi je t'aime, plus que je ne m'aime, pour ce que ça vaut. Même si à côté de l'admiration inconditionnelle et infini que tu te portes, c'est faible, ajouté-je en riant.

Nous partons dans un fou rire.

Oh qu'est-ce que ça m'avait manqué de rire.

Oh qu'est-ce qu'il m'avait manqué.

— Bon, passons aux choses sérieuses, élude-t-il.

Je savais qu'il n'allait pas oublier.

— Mademoiselle Aylin Yildiz, comptez-vous, enfin, autoriser un homme à pénétrer l'enceinte du château fortifié qu'est votre cœur cette année ?

Je fais au moins semblant de réfléchir, comme à chaque rentrée depuis ma première année d'université. Mais ma réponse est, et restera à jamais la même.

BLINDLYWhere stories live. Discover now