Chapitre 1

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2 mois plus tard.

Aylin

« On naît seul et on meurt seul »

Lorsque j'ai lu cette phrase pour la première fois, elle a retenti dans mon esprit, jusqu'à devenir une certitude.

Je suis née seule. Je mourrai seule.

Vous êtes-vous déjà demandé si le monde était contre vous ?

C'est mon cas tous les jours depuis 2 mois.

Je le déteste...Je n'ai jamais autant exécré quelque chose de toute mon existence. Oui je parle bien de toi. Le Destin.

À mon réveil, mes paupières s'ouvrent, bien qu'elles auraient pu rester closes.

Le ciel est bleu, l'herbe est verte, les nuages blanc ou gris, la terre brune, l'eau bleue ou transparente, je vous laisse en décider.

Pour ma part, tout est noir.

Je me répète ces mots, pour être sûr de ne jamais oublier ces couleurs, que je ne reverrai peut-être jamais.

Suis-je triste ?

Vous aimeriez, vous, qu'on vous prive de votre vue ?

Alors inutile de me demander si ça va tous les matins, car je répondrais systématiquement oui sans le penser.

Jouer la comédie, c'est une seconde nature pour moi. Pourtant, je sais me montrer honnête si c'est nécessaire. Mais vous savez pourquoi, il ne faut pas tout le temps l'être ? Parce que la plupart du temps, les gens ne cherchent pas à ce que votre réponse soit sincère . Donnez-leur ce qu'ils attendent et le tour sera joué.

Les mensonges permettent de mieux endurer la vie, n'est-ce pas ?

Je ne me vois pas dire à ma mère que je déteste ma vie. Que non, ça ne va pas, que parfois je préférerais ne pas me réveiller le matin. Jamais, je ne lui dirais tout cela. Elle le verrait comme une preuve de faiblesse. Elle me trouverait lâche.

C'est elle, qui m'a appris que montrer ses failles revenait à se tirer une balle dans le pied. Car selon elle, tôt ou tard, on l'utilisera contre moi. Elle a raison, je suppose.

Mais à force de me méfier de tout le monde, je risque de finir toute seule.

Je souffre beaucoup de mon état, mais je ne veux pas le montrer. Je ne veux pas que ça se voit. Que les gens aient pitié.

Je me lève, fais ma toilette puis comme tous les matins, je récite mon mantra face à mon miroir :

— Je sais qui je suis, je sais ce que je vaux, je n'ai pas besoin des autres. Je n'ai besoin de personne, je me suffis à moi-même, déclamé-je peu convaincue.

Pourquoi attendre que quelqu'un nous fasse un compliment quand on peut le faire soi-même.

Depuis deux mois, c'est la seule chose qui m'aide à tenir.

Mais je sais que je me mens à moi-même, désormais je ne pourrais plus jamais réussir à vivre seule. J'ai sans cesse besoin de l'aide des autres. Même si je ne supporte pas cette dépendance, je suis assez lucide pour savoir qu'elle est nécessaire.

En deux mois, j'ai tout de même appris à me repérer dans ma maison. Je prends chaque jour un peu plus confiance en moi, même si la peur constante de me cogner ou de tomber me pèse.

Puis je peux toujours compter sur Roméo.

Mon chien. Mon plus fidèle compagnon. Et aussi mon amour !

BLINDLYWhere stories live. Discover now