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-alors Oliver.... On fait des bêtises ?

Je sursaute. C'est la première fois que le maître pose une question.
Sa voix est si douce.... On dirait celle d'un vieillard innofensif.
Le genre profondément gentil, qui sent la vanille et les herbes fraichement coupées, avec une pointe de naphtaline, et qui a les yeux qui pétillent de nostalgie.

Les yeux du Maître pétillent peut-être. Mais je pense que même en cherchant bien, la lueur rassurante que les souvenirs allument dans le regard des grands-pères honnêtes a disparu.

-tu veux la revoir... Kate..... Elle te manque terriblement.... Kate...

Ces mots frappent plus fort que n'importe quel homme, tranchent plus férocement que n'importe quel couteau, piquent plus que n'importe quel sel dans une plaie saignante.

"Kate, Kate, Kate"

Même le pire des criminels ne pourrait salir cette mélodie divine.
Car ce n'est pas qu'un vulgaire assemblage de sons. C'est...

Des cheveux blonds rougeoyants qui flottent au vent.
Des lèvres au goût de sel et de labello fraise.
Des joues rosées par le froid.
Des yeux perçants, profonds.
Un souffle chaud, réconfortant.
Une peau douce, à l'odeur de rose.
Une voix cristalline, envoûtante.
Une maladresse touchante.
Une gentillesse, et une intelligence à toute épreuve.

"Kate" est devenu synonyme d'espoir.

Je me rappelle les longues balades au bord de la mer qu'on faisait, après la danse.
À chaque fois, elle râlait à cause du sable qui rentrait dans ses chaussures ouvertes. Elle voulait enlever ce sable qui la dérangeait, alors je disais "tiens toi à moi", et c'est ce qu'elle faisait, et j'en profitait pour la faire tomber. Elle agrippait alors mon bras et me faisait chuter avec elle, dans un grand éclat de rire.
Ensuite, elle passait ses doigts dans mes cheveux humides à cause de la bruine. Et je l'embrassais.

Mais maintenant j'embrasse le goût du sang. Le sable s'est métamorphosé en béton. La douce lumière en obscurité macabre.

Et Kate.. Kate ne s'est pas transformée. Elle est comme partie. Mais elle est quelque part. Et qu'importe la souffrance. Qu'importe la haine. Qu'importe tout ce que peut subir mon enveloppe charnelle. Je suis enfermé dans cette cellule, mais mon esprit, lui, est libre, libre d'être à ses côtés. Un jour je la reverrais. Juste pour la voir danser, chanter faux, râler, rire, je veux vivre.

-tu veux vivre.. Mais tu veux vivre avec elle...  Fait le Maître comme si il avait lu mes pensées. Ça peut s'arranger....

-quoi ? C'est le premier mot que je prononce depuis 5 jours.

-ah, tu t'es réveillé.... Tu vois, quand tu veux....

- que dois-je faire? Dis-je.

-Tu verras.... Sussurre le Maître mystérieusement, comme si il avait épuisé son quota de mot pour la journée.

Il se retourne dans l'ombre, et s'apprête à partir.
Au dernier moment, il se retourne.
-tu n'es pas courageux....
-en effet. J'ai juste trouvé quelqu'un que j'aime plus que ma propre vie.

Le Maître ne dit rien. Je prend ce silence pour de la satisfaction.
Tandis que ses pas s'éloignent vers d'autres horizons, je ne peux m'empêcher de penser qu'il est terriblement intelligent. Bien trop intelligent. En quelques phrases, il a réussi à m'extraire de ma bouche ce que les matons n'ont pas réussi à me faire cracher en 10 jours de torture consécutifs.

Coucou !! J'espère que vous allez bien. Ce chapitre est moins horrible que les autres, mais il était nécessaire dans l'histoire. Ne vous inquiétez pas, ça va venir, et ça va (de mon point de vue) être vraiment pas beau à voir (lire)....
Dites moi ce que vous en pensez en commentaires !

danse ou crève Where stories live. Discover now