Le Jeu [Nouvelle Version]

Chapitre 8

Dans l'immense salon de la suite présidentielle, les élèves sont rassemblés chacun avec ses propres pensées et émotions tourbillonnant dans son esprit. Trente et un individus unis par un destin cruel qui les ont tous réunis en ce lieu, mais séparés par leur peurs et leur espoirs divergents.

Toutes les personnes n'ont pas repris leur place après l'annonce de Lund. Quatre d'entre elles ne se sont pas résignées à abandonner si facilement.

Théa Ield, Ugo Light, Teodore Emanoil et Seydou Traore ont décidé de se battre.

Élianne Avalon, en couple avec Ugo Light, n'a pas pris la peine de le convaincre de se rassoir. À quoi bon ? De toute façon, elle n'a jamais vraiment eu de sentiments pour lui. En effet, toutes ses pensées sont accaparées par Lucas Biane, son amour de toujours, qui ne lui a jamais accordé un seul regard car lui-même est embourbé dans un amour non réciproque avec la belle Brook.

Pourtant, Ugo Light est un chouette type. Toujours prêt à aider les autres et à leur tendre la main. Malheureusement, à un âge de la rébellion, ce type de personnalité ne fait pas long feu auprès des filles qui fantasment plus sur le bad boy du lycée. C'est bien dommage car au final, le bonheur ne se trouve pas dans la méchanceté et le mépris.

"On va se cacher dans l'une des chambres", propose Seydou Traore aux trois autres personnes encore debout.

Sauf qu'à peine sa phrase prononcée, la porte du couloir menant aux chambres a claqué dans un bruit sourd. Loin de se démonter, Seydou Traore fait un signe de tête pour montrer la direction de la cuisine, sauf que la porte de cette dernière a subi le même sort.

Les secondes s'écoulent à une lenteur désespérée alors que parmi les personnes assises, chacun essaie de reprendre ses esprits. Beaucoup cependant n'y arrivent pas et continuent de sangloter dans leur coin.

"Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?", ose demander Ryan Montfort qui tente de cacher la peur qui envahit peu à peu son coeur. Il tente un regard en direction de Brook qui ne regarde personne et se dit que c'est la dernière fois qui la verra. Ces instants seront les derniers avec elle.

En attendant, les quatre aventuriers ne les ont toujours pas rejoints et essaient d'ouvrir les différentes portes qui viennent d'être fermées tout en tentant de garder leur calme en dépit de la panique qui menace de les engloutir.

"Comment ça ?", interroge Lund. "On va continuer de jouer jusqu'à finir le jeu", dit-il de sa voix toujours imperturbable. "On voit bien qu'on ne peut pas lutter", ajoute-t-il tout en désignant ses camarades sourds aux conseils.

"MAIS BORDEL, TU POURRAIS ARRÊTER D'ÊTRE COMME ÇA ET TE RENDRE COMPTE QU'ON VA TOUS MOURIR ?", s'énerve Avinash Chauhan tout en hurlant.

Lund se contente d'hausser les épaules.

"Si on ne joue pas, le jeu va tous nous tuer. Tu te souviens des règles qu'il a énumérées ? On n'a pas le droit de bouger en dehors des temps de pause et nous sommes obligés de voter quel que soit le rôle que nous tenons. Donc le seul moyen de s'en sortir, c'est de jouer", explique-t-il. "Et puis, on va tous mourir un jour, alors que ce soit aujourd'hui ou dans dix ans, qu'est-ce que ça change ?"

Karim le regarde tout en hochant la tête. C'est vrai, tout le monde parle de la mort comme d'une fatalité, comme une surprise de la vie, alors que ce n'est finalement que la finalité, la ligne d'arrivée. On vit et on meurt. C'est juste le cycle de la vie, mais les personnes persistent à prendre ça comme une malédiction, comme quelque chose qui ne devrait pas arriver. Souvent, on entend la phrase "trop jeune pour mourir", comme s'il existait un âge minimum pour mourir. Le fait de savoir qu'il y a une fin ne devrait pas nous donner l'impression d'avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête, mais plutôt de nous rendre compte que chaque seconde passée est précieuse et ne reviendra pas. Il faut assumer les conséquences de la vie. Quand on donne la vie, on condamne en même temps la personne à ne pas connaître sa date de fin, mais on l'encourage à vivre le moment présent pour justement accueillir la fin comme juste une fin.