Chapitre 2 : André ou la rencontre furtive

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    Je suis arrivée à Barcelone. Il fait déjà nuit. J' ai profité du trajet en train pour acheter une nuit dans un hôtel au centre de la ville. Pas le plus luxueux, c' est sûr mais il fera l' affaire. 

Heureusement, mes parents m' avaient laissé un peu d' argent qui, selon mes calculs, me permettraient de vivre pendant environ 5 jours à l'hôtel. Oui je sais bien que c' est peu et je compte bien trouver un boulot assez tôt. Après tout, j ai mon bac, on ne devrait pas me refuser en tant que barman ou promoteur de soirée.


    Quoi de mieux pour être embauchée que d' aller sur le terrain. Bon, oui j' avoue c' est surtout une excuse pour aller faire la fête et rencontrer de nouvelles personnes. A peine arrivée à l'hôtel, je monte dans la chambre et me change pour mettre ma plus belle tenue de soirée. Une robe bustier noir d une très grande marque qui appartenait a ma mère. Je me maquille légèrement et me coiffe histoire d'être présentable, et me voilà partie pour la ville.

Je suis toute excitée à l'idée de découvrir Barcelone. L'idée de pouvoir enfin construire quelque chose qui tiendrait la route, quelque chose que je mènerais à bien jusqu' au bout, coute que coute. Le vent chaud effleure mes épaules ne cessant de le rendre plus légère. Mes passants espagnols rient et crient de joie, certains sont déjà bourrés. Les rues, les magasins fermés, les habitations, tout est différent de chez moi. Cette odeur qui me prend les narines et m'enivre. C' est l' odeur de la liberté.


       J' entends de la musique au loin. Mais la queue devant la boîte de nuit a l' air immense vue d' ici. Au plus je m' approche et au plus je me décourage, me persuadant que la boite d'après sera moins bondée. Il me vient alors une idée. Arrivée devant le club, je m' avance vers le videur et lui dit de mon plus bel accent : "Mon frère est à l'intérieur, il m' attends, c'est le brun au fond là-bas." . Je pointe du doigt un jeune homme que j'aperçois à peine de là où je me trouve.

Le videur hésite mais je ne faiblis pas, je reste plantée devant lui, en dessous de la rambarde qui me sépare de l'entrée, en le foudroyant du regard. Il me laisse finalement entrer lorsque je rajoute : "Mon père possède la boîte de nuit Opium. Alors vous ne voulez pas que je le dérange pour si peu." Il me tend la main pour m'aider à monter la marche qui me sépare de l'immense boîte de nuit.

Alors même que je passe un pied dans la boîte de nuit, la musique pop-électro m'envahit me plongeant dans une atmosphère irréelle et hypnotisante. C'est ce sentiment d'échapper à la réalité que j'étais venue chercher à Barcelone. La boîte était bondée de jeunes gens de 20 à 35 ans, tous accompagnés de leurs amis. Je tente de me frayer un passage parmi toutes ces personnes vers... Non, je ne sais pas vers où. J'oublie pendant une seconde ce que je fais là, émerveillée par la beauté du lieu. Les lumières m'éblouissent, me ramenant à la réalité. Je me dirige alors vers le bar de droite.

Mais quel bar ! Il s'étend sur toute la longueur de la pièce. Un bar blanc, moderne et resplandissant ! Je commande une vodka pomme quand au même moment je me sens observée.

Je tourne la tête et vois au fond à droite un groupe de 5 hommes d'une trentaine d'années en train de parler tout en me relookant de haut en bas. Ils ont l'air très louche et ont tous un tatouage à l'avant-bras que je ne parviens pas à distinguer de là où je me trouvais. Ils sont habillés d'une chemise noir, avec les manches relevées, et d'un pantalon qui leur serre faisant apparaître les muscles de leur jambes.

On aurait dit des frères parce qu'ils étaient tous bruns, les yeux noirs et à la peau mate. Un peu comme moi d'ailleurs finalement. L'insistance de leur regard me rappelle à la réalité. Je tourne la tête essayant d'échapper à leur vue. Je bois mon shot et je m'en vais dans la direction opposée à la leur. Après tout, peut-être que je me fais des idées, ça ne devait pas être moi qu'ils regardaient. Je viens tout juste d'arriver et je m'attire déjà des ennuis ?! Non, le son de la musique et tous ces projecteurs ont sûrement du me monter à la tête.


     Je vais vers l'autre bar et me reprends 2 autres shots. Une sensation d'ivresse s'empare peu à peu de moi. Je suis toujours au bar lorsqu'un jeune homme blond et plutôt très sexy de 25 ans vient vers moi et me propose un verre. J'accepte puis il me raconte qu'il s'appelle André et qu'il vit juste à côté d'ici. Il fait des études de médecine. Sexy et intelligent quoi demander de plus! Je reste concentrée sur mon objectif de la soirée : trouver un job.

"Je cherche du travail, lui dis-je. Je viens tout juste d'arriver mais il me faut un travail très rapidement. Je ne suis pas très compliqué, tu sais, un salaire qui me permettrait de vivre et un travail dans le milieu des festivités ça serait pas mal. Tu connaîtrais quelque chose dans ce style là ?"


     Son regard s'éclaircit à ces quelques mots. "Je connais un truc qui pourrait t'intéresser." me dit-il tout en se rapprochant de moi. Il me dit à l'oreille : "Je vends un peu à côté pour me payer mes études. Je pourrais te mettre en contact avec des fournisseurs."

Il se recule et constate l'incompréhension dans mon regard. Il sort alors un petit sachet contenant de la poudre blanche qu'il range immédiatement dans sa poche. "Alors partante ?" me demande-t-il avec un sourire jusqu'aux yeux.


     A ce moment-là j'hésite. C'est trop simple : un oui et puis me voilà riche. Très riche même vu le style ultra chic d'André. Mais je pense à l'après. Il n'y a pas d'après.

Combien de temps peuvent durer ces choses-là ? 2 mois, 5 mois, 1 an ? On finit toujours par se faire prendre d'une manière ou d'une autre. Je lui réponds "non" fermement et m'en vais me reprendre un autre verre. Peut-être que je viens de refuser le seul espoir de m'en sortir.

A cause de ça, je serai peut-être dans la rue d'ici 5 jours mais j'aurais toujours ma dignité !

Spare me ! (Epargne-moi!)Where stories live. Discover now