𝑅𝑂𝑈𝑁𝐷 𝟷

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— 𝑆𝑂𝑅𝐸𝑁 —

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— 𝑆𝑂𝑅𝐸𝑁 —



— Comment tu te sens ?

Affalé sur le siège passager de la voiture, mon sac de sport qui contient les maigres affaires que je possède à mes pieds, je hausse les épaules sans quitter le paysage du regard. Les champs qui entouraient le centre pénitencier se sont peu à peu transformés pour laisser place à des maisons de campagne, des bouts de forêts aux couleurs verdoyantes, trop vives pour mes rétines habituées au gris terne des cellules.

Mon père lâche le volant d'une main et entreprend un geste vers moi ; par mesure de sécurité, je me colle contre la portière pour mettre de la distance entre nous. Je le vois se figer quelques secondes avant qu'un discret soupir ne passe ses lèvres et qu'il se reconcentre totalement sur sa conduite.

Un silence pesant alourdit mes épaules et j'essaye de détendre mes muscles douloureux.

— Désolé, je ne voulais pas te brusquer.

Je ne sais pas quoi lui répondre, alors je pince simplement les lèvres. La communication n'a jamais été mon fort et passer un an en détention ne m'a sûrement pas aidé à améliorer mes compétences sociales. Encore moins professionnelles, mais je préfère ne pas y songer tout de suite.

Le rendez-vous de demain avec mon conseiller d'insertion me demande déjà assez de nerfs pour ne pas exploser. Lorsque je l'ai rencontré en prison pour la première fois, il m'a posé tellement de questions que j'ai cru sortir de mes gonds. Un surveillant a dû me reprendre à l'ordre deux fois avant de me reconduire en cellule avant que la situation ne dégénère. Je redoute cette rencontre en dehors du centre pénitentiaire. Je n'ai pas envie de replonger, mais je n'ai aucune réponse à ses demandes interminables.

L'angoisse me serre déjà la gorge et j'aimerais seulement m'enterrer six pieds sous terre pour éviter la pression qu'il ne cesse de me mettre depuis qu'il est devenu mon référent. Même me remémorer son regard perçant suffit à me donner la chair de poule.

Après le verdict autorisant ma liberté conditionnelle, les différents représentants juridiques – dont je n'ai pas pris la peine de retenir les fonctions ou les noms – m'ont eux aussi assommé de règles et interdictions imposées pendant celle-ci. Je n'en ai retenu que le principal, mais je suis certain que le bracelet présent à ma cheville – en plus du dossier épais concernant les différentes informations cachées tout au fond de mon sac – suffira à me rappeler que je ne suis plus un citoyen normal aux yeux des autres.

Je n'ai pas envie d'y penser. Pas maintenant. Alors j'inspire profondément, cache mes mains tremblantes entre mes cuisses et porte mon regard sur l'horizon qui défile sans vraiment le voir.

— Tu as perdu du poids, constate mon père après de longues minutes sans rien dire.

J'ai envie de lui répondre que la nourriture servie aux détenus ne fait pas partie de la grande gastronomie, mais je me retiens. Je sais que ce sujet est sensible autant pour lui que pour moi, encore beaucoup trop pour que j'en parle avec sarcasme ou détachement. Aussi, je m'abstiens encore une fois de continuer la conversation. Il souffle et je ne parviens pas à déterminer si c'est de la déception, du soulagement ou encore de la colère. Je n'ai jamais vraiment su lire les expressions faciales non plus.

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⏰ Dernière mise à jour : May 03 ⏰

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