35/ Et ils vécurent heureux...

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Il lui fit un petit sourire en essayant d'être gentil, puis il la guida tranquillement vers la forêt en lui montrant comment maîtriser son cheval. Depuis qu'elle était là, tout avait changé. Ses journées ne se ressemblaient plus. Elle avait éclairci son monde et l'avait paré de couleurs qu'il ne pensait jamais découvrir.

Lorsqu'ils arrivèrent un peu plus loin du palais, tout au fond des jardins, là où il n'y avait que de grandes étendues d'herbe parfaites pour galoper, Isaac finit par descendre de son cheval et tendit la main à sa compagne pour l'aider.

- Mademoiselle je vous en prie... Ici on est un peu plus loin du palais on sera tranquilles.

Elle lui fit un sourire en descendant avant et son regard surplomba les étendues d'herbe et de fleurs des champs.

- C'était sympa, sourit-elle, on pourra refaire ça un autre jour, dit-elle en caressant doucement la tête du cheval.

- Enfin, sourit-il en se laissant tomber entre les quelques pâquerettes qui pointaient le bout de leur nez entre deux brins d'herbe. C'est quand même mieux qu'un palais non ?

- C'est vrai que c'est mieux qu'un palais, ça change, souffla-t-elle en l'imitant.

Isaac ne répondit rien. Il se contenta de laisser son regard de perdre dans les nuages.

- Tu viens d'où ? finit-il par demander. T'es une fille de la ville ou du pays ? Le monde est si différent du palais dehors ?

Il avait envie d'en savoir plus sur elle. Elle l'intriguait. Son père était surprotecteur et à part l'école militaire, la maison de Juan, ou encore les quelques voyages ultra sécurisés et médiatisés, il n'avait pas vraiment découvert le pays.

La petite fille souffla avant de répondre

- Du pays, sourit-elle. J'habite pas vraiment loin de la ville dans un petit village mais mes parents travaillent en ville, enfin...

Elle ferma les yeux en sentant le vent s'engouffrer dans ces cheveux. Ici ils étaient libres. Rien n'existait, ni les rebelles, ni le Général, ni l'armée. Ils étaient juste des enfants.

- Et sinon... La vie dans un palais... C'est bien ? demanda-t-elle en tournant la tête vers lui.

- C'est luxueux, c'est sympa... Mais j'ai pas le droit à l'erreur. C'est toujours être pile à l'heure, se tenir droit, avoir une tenue parfaite, sourire mais pas trop, être sérieux, manger dans une immense salle à manger, ne pas voir ma sœur, Trinity...

- Ça à l'air... Hmm... Énervant à la longue, mais... Pourquoi... Pourquoi tu dis que tu ne peux pas voir ta petite sœur ? demanda-t-elle un peu confuse.

- J'ai pas le droit de le dire, déclara Isaac. C'est un secret.

Il posa alors ses deux mains sur sa bouche en soupirant.

- Ma soeur elle est dans... Elle est à... à l'hôpital. Elle est malade et j'ai pas le droit d'aller la voir.

- D'acc... D'accord je dirai rien alors, puis c'est nul pour ta sœur, désolé pour elle... Mais je serai muette comme une carpe, c'est ça ce qu'on dit hein ? demanda-t-elle avec un sourire amusé.

Isaac eut un petit sourire. Il lui faisait confiance. Pour lui ils étaient amis. Il était devenu accro à ses toutes petites taches de rousseur, visibles seulement si l'on détaillait son visage assez longtemps, à son air désespéré lorsqu'il la battait une nouvelle fois aux échecs et à leurs discussions détendues, éloignées de tout protocole. Avec elle il était juste Isaac, loin de ses responsabilités et du poids de l'héritage de son père sur les épaules.

Les enfants du soleilWhere stories live. Discover now