Chapitre 04: Hôpital de merde

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Cette petite dame me fait un peu peur avec son sourire forcé et ses traits sévères.

J'essaie d'imaginer sa vie pour penser à autre chose que les rires et les visages de mes camarades qui envahissent mon esprit.

Je la vois bien débordée avec cinq enfants. Trois d'entre eux auraient réussi leurs vies et seraient médecin, chef d'entreprise ainsi qu'avocat. Les deux derniers sont plus jeunes mais elle les néglige et refile tout le travail à son mari qui garde toujours le sourire malgré son boulant épuisant. C'est un père exemplaire, qui redonne la joie de vivre à ses enfants lorsqu'ils sont de mauvais poil. Il leurs prépare le petit-déjeuner tous les matins même s'il doit se réveiller plus tôt.

Le père que j'aurais aimé avoir durant mon enfance.

- Vous m'écoutez ? sa voix suraigüe me sort de mes pensées et me fait sursauter.

- Hum, vous disiez ?

- D'après les résultats de vos examens, votre malaise n'était pas du à votre accident mais à votre manque considérable d'énergie et de sucre.

Je l'observe me raconter la cause de mon malaise en me tripotant les doigts.

- Qu'avez-vous mangé hier ? me demande-t-elle avec un regard interrogateur.

J'essaie de revenir un jour en arrière.
Je creuse dans mes souvenirs mais rien ne me vient.

- Je ne me souviens pas.

- Faites un effort !

Son ton me fait détourner le regard et me met très mal à l'aise.

Je sais déjà que je mettrais un mauvais avis sur le personnel dans leur site en rentrant.

En retraçant ma journée de la veille je me rends maintenant compte que je n'ai rien avaler de la journée mise à part de l'eau et une pomme.

Et ce n'est pas la première fois, je fais ça depuis quelques jours.

- Il... il me semble que j'ai mangé une pomme.

- D'accord, et durants les autres repas ?

- J-je n'ai mangé que ça durant la journée. réponds-je d'une voix tremblante.

Elle sort rapidement ses mains de ses poches et les lève au ciel.

- Pour l'amour de dieu, mangez ! Les jeunes de nos jours ne mangent plus rien c'est pas possible.

J'ai envie de lui faire la morale sur ce fait. La plupart des jeunes se prive de nourriture aujourd'hui, c'est vrai. Mais la seule et unique raison ce sont nos proches qui nous complexent et nous reprochent de ne pas être assez minces. Ça peut aussi être les réseaux sociaux, voir tous ces gens avec un corps idéal n'est pas très encourageant non plus. Ce qui est sûr c'est qu'on ne le fait sûrement pas par plaisir.

Je déteste les vieilles aigries dans son genre. Elle se contente de se plaindre des jeunes comme moi sans savoir ce que je peux vivre au quotidien.

Elle s'impatiente de mon silence et tourne les talons avant de fermer la porte aussi violemment qu'elle ne l'a ouverte.

Je laisse un soupir m'échapper et m'enfonce dans le matelas assez inconfortable.

J'attrape lentement mon portable en espérant que la vieille ne revienne pas de si tôt.

À Josie
> Meuf, j'ai fais un malaise.

Je prend la petite salle dans laquelle je me trouve en photo puis la lui envoie.

ALONE [ en réécriture ]Where stories live. Discover now