Les Songes du Passé

Chapitre 22

Thibault rouvrit les yeux, et fixa Eloise, qui elle, les gardait rivés au sol, en fuyant le regard de celui qu'elle aimait par peur de lire la déception sur son visage. Elle en était même terrifiée. Si elle avait lu les pensées du jeune homme en cet instant, elle aurait alors pu voir à quel point, au contraire, il l'admirait.

"-Je... Wow, reprit-il enfin. C'est vraiment violent en effet, et je comprends que ce soit difficile. Mais Eloise. J'apprécie énormément tes efforts, sache-le, ce que tu as fait compte pour moi et je t'en remercie... Mais cela ne me dit toujours pas comment Elle procède.

-Je sais bien. Mais je ne suis pas prête à te le montrer. Pas encore. Je te demande juste du temps.

-Si c'est ce qui peut t'aider alors c'est d'accord bien entendu." Voyant que la jeune femme était toujours en pleine contemplation du sol, il attrapa son menton entre ses doigts pour la regarder dans les yeux, et tenter de lui transmettre tout ce qu'il ressentait à son égard. Si le coeur de la jeune fille loupa un battement, elle eut néanmoins de la peine à soutenir le regard de son petit ami.

"-Tu sais Eloise poursuivit-il, je vois bien que quelque chose ne va toujours pas bien. Je ne te forcerai pas à me dire ce que c'est, je te fais simplement savoir que quoiqu'il puisse te tracasser, je serai toujours là pour t'écouter.

-Tu ne te rends pas compte Thibault, murmura la jeune femme en sentant des larmes dévaler sur ses joues. Si ma tante a autant souffert c'est à cause de moi. Je suis un monstre. Je ne mérite pas tout ce que j'ai, et surtout pas ton amour. Tu mérites tellement mieux, tu mérites quelqu'un qui ne risque pas de te faire tuer à tout moment. Tu mérites de vivre ta vie pleinement, et surtout pas dans la peur quotidienne, ni à te soucier de problèmes qui ne sont pas les tiens.

En entendant de telles paroles, Thibault la prit dans ses bras, abasourdi. Mais ne se rendait-elle pas compte que pour elle il serait prêt à tout? Il contempla son annulaire gauche, pensif, et choisit ses mots avec soin:

-Je t'arrête de suite. Je préfère vivre quelques années avec toi plutôt que toute une vie avec une autre. Ce n'est pas à toi de décider ce que je mérite en amour Eloise, même si je suis très touché de ta sollicitude. Je t'ai choisi toi et personne d'autre. Et crois-moi c'est une décision qui n'est pas prête de changer et qui ne changera jamais. Alors s'il-te-plaît, ne redis plus que je devrais vivre ma vie autrement. J'ai choisi cette vie avec toi en connaissance de cause, ma décision était pleinement consciente. Si je suis avec toi Eloise, c'est pour toi toute entière. Pas juste l'image de l'Impératrice que tu montres aux autres, mais aussi pour tes secrets, aussi noirs soient-ils. C'est toi que je veux, toi que j'aime. Et quoique tu tentes d'y faire je ne reviendrai pas sur ma décision, quoique tu aies pu et que tu puisses faire.

-Je t'aime aussi, répondit-elle en soufflant." Ses larmes ne s'étaient pas arrêtées, mais elles étaient à présent d'une toute autre nature. Le petit discours de Thibault l'avait profondément touchée, et elle se sentait en sécurité avec lui. Elle avait certes peur pour lui, elle était terrorisée même à l'idée de le perdre. Mais en cet instant elle ne voulait se soucier que de ses bras qui la serraient fort et dans lesquels elle se sentait si bien.

"-Je crois que nous devrions aller voir tout le monde, reprit-elle après quelques instants. Ce matin Maud était surexcitée et voulait nous voir ce soir, il vaudrait mieux que nous ne les fassions pas attendre.

-Tu crois que Télia leur a dit à Gaëlle et elle?

-Je pense que même si maman souhaitait leur cacher, elles l'auraient appris d'une manière ou d'une autre. Alors oui je pense qu'elle leur a dit, mais uniquement ce qu'elle estime qu'elles ont besoin de savoir.

-Ainsi, nous aurons l'exclusivité des détails si je comprends bien.

-Tout-à-fait.

-Bien alors dans ce cas, sèche tes larmes princesse, je t'aime avec mais si comme tu dis, Maud ne tient pas en place, elle préfèrera sûrement voir sa sœur sereine. Palmyre, Kotka, s'adressa-t-il ensuite aux compagnons qui s'étaient placés en retrait pendant leur échange, nous avons une famille à rejoindre."