Chapitre 7

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Quand Greg se réveille le lendemain, force est de constater que le lit à côté du sien est totalement vide. Aucun bruit en provenance de la salle de bain et, de toute façon, la veste de Tom n'est plus sur la chaise devant le minuscule espace bureau. Est-il parti depuis longtemps, c'est tout de même bizarre de n'avoir rien entendu, se dit-il.

Greg pose la main sur la surface du matelas découvert du lit de Tom et il n'est même pas tiède. Il a du se lever à l'aube. Est-ce qu'il n'a pas fait de bruit par respect pour le sommeil de son colocataire ou bien pour être bien certain de ne pas causer une nouvelle discussion en le réveillant. La question taraude l'esprit de Greg qui sait très bien ce qui lui arrive quand le moindre détail le tourmente ainsi. Et surtout, quand il invente des liens, des causes ou des conséquences qui n'ont aucun lieu d'être. Ca se trouve, Tom n'a pas fait particulièrement attention à ne pas faire de bruit, il n'en n'avait tout simplement rien à faire et c'est Greg qui, assommé de fatigue dormait encore à poings fermés. Mais voilà, quand Greg avoir des sentiments, Greg toujours faire comme ça. Il prononce cette phrase telle quelle à haute voix pour souligner à quel point il se trouve idiot.

Une envie pressante le pousse vers la salle de bain d'où il ne ressort que de longues minutes plus tard, douché, parfumé et habillé. Il se surprend à passer la main sur sa barbe naissante. Oh, elle est très très légère, Greg n'est pas du genre poilu mais, qui sait, un peu de virilité fera peut-être plaisir à son compagnon de chambrée. Il rejette aussi vite cette idée saugrenue ou, plutôt, ce nouvel espoir, meilleur candidat à la déception. Greg soupire, il sent que son estomac voudrait qu'il descende au restaurant prendre un petit déjeuner mais il n'en a pas envie. Voir tous ces couples ou pire, ces trouples, manger en discutant de tout et de rien ne l'enchante pas vraiment. Peut-être même certains se féliciteront d'avoir passé une nuit torride à plusieurs, non, Greg n'est pas d'humeur. Mais bon, il ne va tout de même pas se faire monter un repas, il ne roule pas vraiment sur l'or pour se permettre ce genre d'extra. Il se résigne à arpenter les couloirs et descendre par l'ascenseur.

Et la salle du restaurant ressemble exactement à ce qu'il aurait pu décrire à cause de son humeur morose. Il n'y a que des sourires, des yeux avides de croquer le dessert musclé qui leur fait face, un doigt qui récupère un peu de confiture sur le visage d'un nouvel amant, une petite tape sur les fesses de celui qui précède dans la file pour les oeufs et le bacon. Ca transpire de joie et de bonne humeur, tout le contraire de ce que ressent Greg. Alors il avale vite fait quelques pancakes  inondés de coulis à la myrtille et une bonne rasade de café au lait (ou plutôt de lait au café devrait-on dire) et il décide de téléphoner à Caro, sa meilleure amie, une fois remonté. Il faut que quelqu'un le raisonne et mette le doigt sur tout ce qui ne va pas dans cette relation. 

- Mais y a même pas de relation pauvre andouille !

Greg sursaute d'avoir prononcé ses dernières pensées à haute voix. Il reste figé avec ses yeux largement écarquillés, espérant que personne ne l'a entendu.

- Hey, j'étais pas sur de t'avoir entendu parler tout seul mais à la tête que tu tires, tous mes doutes se sont envolés. Ah ah.

- Je... je te prie de m'excuser.

- "Je te prie de m'excuser..." Wahou.... t'es une sorte de voyageur du temps qui débarque du début du 20ème siècle pour parler comme ça ?

- Oui...euh non..pardon, je débarque mais pas du 20ème siècle. Heu, je m'appelle Greg et désolé si je donne l'impression d'être un peu bizarre, j'ai eu une soirée difficile.

- Et bien, ça me rassure de ne pas être le seul. Moi je suis Alex et mon copain m'a largué et le pire, c'est qu'il se pavane avec sa nouvelle conquête, là-bas, près de la fenêtre, regarde.

Plus qu'une chambre...Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ