Amont

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Non, rien n'a changé.
Le visage des passant s'est certes assombri, et les habitations un peu refroidies, mais l'environnement et la routine restaient les mêmes.

J'avais ouvert l'œil, pour ensuite le refermer en me promettant de ne jamais réitérer l'expérience.
Ceux qui doutent du monde, ceux qui ne sont pas certains de l'honnêteté des personnalités diffusées à la télé, ce sont elles qui ont raison.

Il se trame quelque chose. Quelque chose d'incontrôlé, quelque chose d'incontrôlable.

-T'as un blanco ?

Interrompant mon monologue, ma voisine me força à lui fournir cette connerie en plastique.

Ce jour-là, et comme beaucoup d'autres jours, j'étais pas contente.

Les murs de la salle de classe me semblaient encore plus prêts à s'écrouler que d'habitude, et la prof dépressive parlait de façon encore plus dépressive. En outre, dehors de grands nuages couvraient nos terres de pluie, une pluie sale et dégoûtante.

**
*
-C'est elle, alors ?

-Hm ?

-La meuf de la cantine, tu te rappelles ? Qui veut buter du démon.

-Ah, ouais. T'as sûrement mal compris.

-C'est la brune qui patiente devant la salle comme une abrutie, oui ou non ?!

Ethan soupira.

-Oui, c'est elle.

-Génial ! Tu t'y connais en méthodes de recrutement de sectes ? La première impression est la plus importante.

-Des fois, je pense sérieusement que tu es folle, Madeleine.

Il reçut un coup de pied dans le genou, avant de pouvoir observer la rousse se dirigeant vers sa proie.

-Coucou !

Surprise, la fille leva la tête.

-Heu, salut.

-Ton joli prénom, c'est quoi ?

La confusion pouvait se lire sur le visage de la brune.

-Regina.

-Super ! Regina, heu... mince, j'ai pas réfléchi à la suite.

-...Hein ?

-Mademoiselle, n'aurais-tu pas... un numéro de téléphone ? Un snap ?

Poussée par la sonnerie et la hâte de sa nouvelle camarade, Regina lui donna son numéro, sans pour autant comprendre quoi que ce soit.

***

<mad_boss>:yo les gars jai le tel dla nouvelle
<tentacles888>: keske
<2g00d4u>: qui?
<th1a1n>: ptn tu gene avec ton delire de nouvelle
<mad_boss>: elle va rjoindre ou jsuis une put2
<2g00d4u>: miskine
<tentacles888>: tu délires nan
<th1a1n>: debile jamais elle accept
<turbokaboom>: L
<mad_boss>: keskil fout la lui
<2g00d4u>: connaaaaaard
<turbokaboom>: wsh les loosers jsuis devant le cdi h1
<th1a1n>: wtf pk
<tentacles888>: me suis paumé les potes
<2g00d4u>: jarrive moi
<mad_boss>: on avait pas dit cafet ?
<turbokaboom>: nan
<turbokaboom>: @tentacles888 ptdr t ou
<th1a1n>: il a deco
<2g00d4u>: c bon jsuis la
<mad_boss>: mangez vos ancetres je run vers le cdi
<th1a1n>: same jsuis la dans 2sec
<tentacles888>: heu enft jsuis parti
<mad_boss>: ????
<tentacles888>: jvais rentrer par la grille derrière la cour
<mad_boss>: vsy jtattends devant
<mad_boss>: enfoiré

Beaucoup le savaient, mais un trou dans le grillage vers un coin reculé de la cour permettait d'aller et de venir au le lycée dans le plus grand secret.

-Aïe, fit une voix familière.

-Sale externe de merde, répondit Madeleine en lui tendant la main pour l'aider à passer.

-Rien à voir, abrutie...

-Mouais, j'y crois moyen. Maxime, tu nous dois des explications.

Recoiffant ses cheveux bruns décorés par quelques mèches teintes en bleu, il grimaça.

-J'ai cherché des explications. C'que Ethan nous as raconté l'autre soir, ça m'a foutu la trouille. Et la gerbe, surtout.

-Il fait le malin, à nous traumatiser, mais il est pas serein non plus.

-On s'en fout de qui est mal à l'aise et qui ne l'est pas, ce qui compte, c'est la survie de nos maisons.

-Mettre la miff à l'abri... Quel protecteur. Les filles vont adorer.

-Mon dieu, ferme là.

Seize heures et quarante minutes. Les portes du cdi étaient ouvertes.

-Avant qu'on entre et discute avec les autres, sache qu'on avait jamais affronté de démon aussi puissant avant. Maxime, on aura besoin de quelqu'un aux pouvoirs spécifiques.

-J'adore me sentir visé.

Aussitôt, ils entrèrent. La pièce, remplie de livres et d'étagères, était confortable. À quelques mètres, leur groupe les attendait. En voyant les feuilles éparpillées sur la table, Madeleine ne pouvait penser qu'à une chose : ils en avaient pour beaucoup de blabla.

**
*
-Heu... y'a quelqu'un ?

Ma voix tremblait. Quelque chose de pas net avait eu lieu.

Une odeur étrange flottait dans l'air. Des mouches tourbillonnaient autour, comme satisfaites. Mais de quoi ?

Enfin, une forme familière apparut sur le sol. Une main. Une vraie ?

Ma respiration s'accéléra. Certes, personne ne venait vers ce vieux parking décoré de quelques arbres et d'une fontaine presque toujours hors service.

Mais elle n'était ni à l'abri des regards, ni difficile d'accès.

Alors, quand devant moi se dessina le corps d'une femme, je ne pus qu'hurler de choc.

Elle était comme allongée dans la fontaine, une expression de terreur figée sur son visage tellement décomposé que sa mort semblait lointaine plusieurs années.
Son corps tout entier, rongé par les minuscules bêtes, me fit vomir.

Enfin, elle tenait dans sa main restante un sac à main de marque. Ça, ses vêtements et ses longs cheveux seuls signes de son appartenance à la gente féminine.

Et alors que le liquide infâme sortait infiniment de ma bouche, je réalisais.

Encore ce cauchemar. Encore ce souvenir déformé, à moitié oublié et pourtant si récent, qui hantait mon sommeil.

Ouvrant les yeux, je ne pus qu'observer le plafond de ma chambre. Trop fatiguée pour me lever, trop éveillée pour me rendormir.

Il est quelle heure ? Pourquoi est-ce que je sens le manche du couteau suisse au bout de mes doigts, alors que je me souvenais de l'avoir posé sur ma table de nuit ? C'est un running gag, pas vrai ?

Une vibration, et la pièce fut éclairée d'une lumière bleue.

Mon téléphone...

L'écran de verrouillage annonçait quatre heures. Génial...

<Nouveau message : +33671....>
Yo, c'est la fille qui t'as demandé ton num' ! Question : t'as Discord ? C'est plus simple pour se parler

Couteau suisse girl (Chainsaw Man X Oc)Where stories live. Discover now