Certes, je ressentais de la joie de savoir que j'étais aimée par mes mères mais aussi... de la tristesse... ou encore de la culpabilité. Oui, Triste car je compris que je ne recevrais jamais l'amour de mon père...  Coupable, car même si c'était le choix de ma mère de donner sa vie pour moi, j'étais la cause de sa mort et mon père avait donc une raison de me haïr.

Mais le méritais je? Méritais-je cette haine de mon père? Je n'avais rien demandé... cela n'avait jamais été mon choix d'être née... alors pourquoi?

Pourquoi avais-je souffert toutes ces années? Pourquoi avais-je endurer sa colère...

Colère... oui, j'étais en colère, contre à mon père, contre moi-même et contre la vie.

Tous ces sentiments s'entrechoquaient en moi et je restai éveillée jusqu'au petit matin. Alors que je pouvais sentir les premiers reflets du soleil tenter de traverser les rideaux opaque de la suite, je pris à l'instant une décision radicale. Cette nuit blanche aurait eu le mérite de m'avoir aider à confronter mes émotions et les ordonner.

Dans un mouvement délicat, je sortis du lit ne voulant pas réveiller James. Sur la pointe des pieds, je me dirigeai vers la garde de robe et me changeai rapidement. La suite entière était silencieuse et j'imaginai que ma mère et Patricia devaient être encore endormies.

Parfait, pour la toute première fois de ma vie, j'étais décidée à affronter seule mon passé et ce m monstre qui m'avait terrifié toute ma vie.

*

- Madame! Madame vous ne pouvez pas entrer! Tenta la secrétaire de m'arrêter.

Mais comme une tornade, je déboulai dans le bureau de mon père et lorsque nos regards se croisèrent j'eus envie de m'enfouir. Par quelle folie, étais je venue ici! D'un regard mauvais, il me scrutait sans un mot et moi figeai comme une statue, terrifiée par sa seule présence, je ne dis rien.

- Laissez nous! Ordonna-t-il à sa secrétaire sans me lui jeter un regard.

Toujours en état de choc, je ne sortis de ma stoppeur que lorsque j'entendis la porte se refermer dans mon dos. Nous étions que tous les deux, la peur m'envahit davantage et mes mains se mirent à trembloter. Fuyant le regard intense de mon père, je baissai la tête.

Mais à quoi je pensais en venant ici seule. Prise par un courage soudain après une nuit blanche, je décidai de venir confronter mon père, lui avouer que je savais tout et que je le détestais autant qu'il me détestait. Mais me voici à présent, incapable de prononcer un mot. Mes yeux commencèrent à se mouiller de larmes, honteuse face à ma propre faiblesse. Combien de temps encore resterai je sous son influence?

- Je vois que tu es revenue à tes sens, dit-il avec dédain. Nous pouvons donc procéder avec le mariage entre Tom et toi et s'il ne veut pas accepter ta grossesse, aucun soucis tu pourrais avorter...

- Avorter, mumurais-je.

Il se tut et je pouvais sentir son regard me fusiller. Il devait être en colère que je l'ai interrompu, après tout, je n'avais jamais lui osé retorquait en face.

- Était il aussi facile pour toi de proposer à ma mère d'avorter quand elle était enceinte de moi? Lui demandai-je en relevant la tête pour le fixer, avec toute la colère que ce mot avait susciter en moi et la tristesse qu'elle avait réveillé.

Pour la première fois de ma vie, je vis mon père désorienté. M'accrochant à ce momentum, je poursuivis:

- Tu avais raison, cela m'a pris des années, mais je suis revenu à mes sens. Je suis venue mettre fin à cette relation toxique à laquelle je me suis accrochée si longtemps et si fortement.

Je vis dans son regard qu'il me menaçait de ne plus dire un mot, les mots encore tremblotant et la voix enrouée, je lui criai au visage:

- Je n'ai pas besoin de ton amour, je n'ai besoin de rien de toi, pas même ton nom. À partir d'aujourd'hui, je ne suis plus Ebiereyma Afandé, mais Ebiereyma Sarr.

Frappant violement la table, il se mit debout. Effrayée, j'eus un sursaut et reculai d'un pas venant coller mon dos  à la seule porte de cette pièce.

- Commence oses-tu? Petite sorcière ingrate, se mit-il à hurler.

D'un geste violent, il prit une  sculpture en bronze de son bureau et la balança vers moi. L'objet frappa abruptement la porte à quelque centimètre de mon visage et j'échappai un gris aiguë, m'écroulant contre le sol. Alors qu'il lança un second objet, la porte s'ouvrit sur sa secrétaire qui prit l'objet en plein visage et s'effondra au sol, la tête en sang.

Je criai de plus belle en état de choc et les autres employés s'amassaient devant le bureau. Toujours en panique, je fis une crise d'anxiété et rapidement je sombrai dans l'obscurité.

Juste Une Dernière FoisWhere stories live. Discover now