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L'intensité de son regard me fit vaciller.

-Ça va ? s'inquiéta Kuroo.
-Oui oui ! Je suis fatiguée et un peu malade, j'ai mangé un mauvais truc tout à l'heure je pense ! répondis-je à mon copain.

Derrière lui, Atsumu était sorti de l'hôtel en claquant la porte.
Kuroo sursauta et se retourna. Heureusement, le blond était déjà sorti.

« Y'en a qui sont tendus ! lança Kuroo en riant

Je n'avais pas rêvé. Pour la première fois depuis des mois, Atsumu semblait ressentir quelque chose à mon propos. Ça devait sûrement osciller entre la haine et la pitié, mais c'était quelque chose.
Je ne savais pas si j'étais satisfaite, ou très déstabilisée. Je tentais tant bien que mal de cacher mon malaise mais Kuroo le remarquait tout de même.

Son visage se durcit d'un coup et il eu un mouvement de recul.

« C'est le fait de revoir Atsumu ?

L'ambiance était glaciale.

-Dis moi la vérité Léah. S'il te plaît. Sa voix s'était détendue.
-Je...
Ma voix se brisa.
-C'est dur. lâchai-je finalement.
-Je sais Léah, je sais.

Kuroo était un garçon extraordinaire. Il avait une force de caractère et une maturité impressionnante.

-Désolée. murmurai-je dans un sanglot.
Il ne répondit pas et restait devant moi, le visage impassible.
-Je veux quand même être avec toi Kuroo. lui assurai-je en le regardant droit dans les yeux.
Il fronça des sourcils.
-Je te mentirai si je disais que ça ne me faisait rien que tu sois aussi touchée de revoir ton ex. Je reste jaloux. Mais bon, je veux bien faire des efforts. Seulement pour tes beaux yeux Léah. dit-il avec un sourire.

Je ne m'étais jamais autant détestée qu'à ce moment précis. J'avais l'homme parfait juste devant moi mais j'étais obsédée par ce qu'avait pensé Atsumu en me voyant tout a l'heure.
En cet instant, j'avais l'impression que même 20 ans ne suffiraient pas pour l'oublier.

-Va te coucher. Tu as une grosse journée demain. Appelle moi si tu te sens mal.

Sur ses paroles je montais les escaliers jusqu'à ma chambre et éclata en sanglots. Je passai devant le miroir de la salle de bain et baissai les yeux face à mon propre reflet.
J'étais une ordure.
J'étais détestable.

Comment faisait Kuroo pour m'aimer ? Comment faisait tous les garçons qui ont eu des sentiments pour moi ? Comment a fait Ushijima pour me pardonner après que je l'ai humilié ? Comment ont-ils tout fait pour voir quelque chose de bien en moi ?

Ce n'était pas la première fois que je me posais ce genre de questions. Mais d'habitude, je considérais que ce qui attirait les hommes, c'était mon physique.
Les gens me complimentaient sur mon physique, et je ressemblais aux critères de beauté masculins.

Mais en me voyant dans ce miroir, je me trouvais hideuse. Je ne voyais qu'un monstre dégoûtant en face de moi, un démon.

J'avais déjà vécu des moments de détresse pareille, notamment quand mon père est décédé.
Mais c'était la première fois que je me sentais responsable de ce désespoir. C'était une toute autre sensation.

Soudain, on toqua à ma porte. Je serrai les dents, hésitant à ouvrir.
On toqua à nouveau plus fort et je me dirigeai vers la porte en tentant tant bien que mal de cacher mes larmes. Pourvu que ça ne soit pas un adulte, Kuroo, ou pire, Atsumu.

C'était juste Kageyama qui avait retrouvé mes écouteurs dans son sac.

« J'ai retrouvé ça. Il me tendit mes écouteurs blancs.
-Merci Kageyama. soupirai-je

Il fronça les sourcils.

-Tu as pleuré ? demanda-t-il

Peut être que le brun n'était pas le plus calé en émotions humaines, mais il avait quand même des yeux.

-C'est rien, des allergies. mentis-je
-On est en décembre. A quoi tu peux être allergique en plein décembre ? s'interrogea le passeur. Tu peux me dire si t'as pleuré. On est amis, je crois.

Je lui souris. Kageyama était spécial, mais il était un soutien précieux. Être à ses côtés, c'était comme prendre une pause de la réalité et rentrer dans l'espace fermé qu'était l'esprit de Kageyama Tobio, composé uniquement de volley.

-Juste un coup de blues. Ça arrive, merci de t'inquiéter.
-Je t'aurais bien proposé d'en parler mais ne n'ai aucune idée de quoi te dire. Désolé.

Je riais, bien qu'il ne s'agissait pas d'une blague et que Kageyama était 100% honnête.

-Va dormir tiens. lui lançai-je en pointant du doigts sa chambre dans le couloir.

Je me retrouvai donc seule dans ma chambre, bien que j'avais mes écouteurs pour me tenir compagnie cette fois.
La musique était une sorte de thérapie pour moi. J'en écoutais depuis toute petite, je passais des heures par semaine à écouter de la musique.

C'était mon moyen à moi d'extérioriser, en m'allongeant une paire d'écouteurs enfoncée dans mes oreilles.
Je ne m'étais jamais fait de mal, et je n'avais jamais cherché à le faire. Je n'avais jamais cherché à mourir non plus, bien que les envies ne manquaient pas à certains moments. J'avais toujours considéré que ce n'était pas une solution. Que la vie était un cadeau unique et que si la situation dans laquelle je me trouvais était non seulement réglable, mais aussi assez peu importante pour que je puisse y penser sans douleur après avoir réglé le problème, alors je devais tout faire pour remédier à mon soucis et passer à travers la douleur.
J'avais fonctionné comme ça pendant la période qui avait suivi la mort de mon père. Cet état d'esprit m'a permis de prendre beaucoup de recul et d'avancer de la manière la plus stable possible.
La musique était un précieux allié pendant ce processus.

Je lançais ma playlist habituelle en aléatoire. Le premier son qui passa était le titre « Us and Them » de Pink Floyd.
Meme le hasard était contre moi. Je voulus passer la musique qui tombait vraiment au pire moment mais la beauté des sons me stoppa dans mon élan.

Bien sûr, les moments vécus sur cette musique me revinrent en tête. Quand on s'était embrassés pour la première fois. J'avais ressenti tellement de choses à la fois que le décrire était impossible. Ce moment était gravé dans ma mémoire à tout jamais.

Je revoyais en boucle son regard sur ce balcon. Je revoyais en boucle son regard tout le temps de toute façon.

Il avait toujours eu un regard extraordinaire. Tellement expressif. Ses yeux marrons étaient pleins de vie, je pouvais voir chaque changement de sentiment dans son iris.

Je ne pleurais pas. Mais l'idée que ces yeux ne me regarderaient plus que pour exprimer de la haine était comme un coup de massue.
Un éternel coup de massue qui revenait des qu'il posait ses yeux sur moi.

Bien que ce soir, il y avait quelque chose en plus. Ses yeux avaient parlé. Malheureusement en sept mois sans pratiquer, je ne parlais plus la même langue que ses yeux.

Il m'était impossible de traduire son regard.

-Us and Them- Atsumu x OC [haikyuu]Where stories live. Discover now