Chapitre 39

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Il fait nuit quand l'avion atterrit au Viêtnam. En sortant de l'aéroport, je comprends pourquoi Gabriel m'a envoyé dans ce pays : Mattias et Sally nous attendent devant une berline noire. J'installe mes fils dans la voiture tandis que Dex, Guilian et Quentin montent dans le deuxième véhicule. Je ne m'attendais pas à ce que Mattias me serre dans ses bras pour me saluer et j'avoue que ça m'a fait bizarre. Liam et Tiago se sont endormis dès que la voiture a démarré et mon beau-frère et moi discutons à voix basse pour ne pas les réveiller.

- Gabi m'a envoyé un texto hier mais j'ai pas tout compris, commence Mattias, qu'est-ce qui s'est passé ?

- On a eu des problèmes avec un gang rival. Ils ont menacé de s'en prendre aux garçons et il y a eu une fusillade dans leur école. En ce qui concerne Gabriel je n'en sais pas plus que toi. Il m'a juste dit de ne pas rentrer chez nous et il m'a envoyé des billets d'avion et de l'argent.

- Pour ce qui est arrivé à Gabriel je peux te répondre, me dit-il, mais comme je ne sais pas si mes neveux dorment ou s'ils font semblant, je préfère attendre que nous soyons au QG pour t'en parler.

- Merci.

Sally n'a rien dit de tout le trajet. Dès notre arrivée au quartier général de Mattias, elle a conduit mes fils dans une chambre préparée pour eux tandis que je suivais Mattias dans son bureau. Dex et Quentin ont accompagné les enfants et Guilian s'est posté devant la porte du bureau pour empêcher quiconque de nous interrompre. Mattias me désigne un fauteuil de cuir et s'installe en face de moi.

- Je me doute que tu dois être bouleversée Mia, commence-t-il, et je te demande pardon parce que ce qui va suivre va te rendre très triste.

Il me regarde droit dans les yeux, m'obligeant sans le vouloir à rester immobile.

- Mia, hier matin, trois hommes ont attaqué l'école où étudiaient tes fils. Selon moi, cet attentat n'était qu'une diversion pour mettre la pagaille au sein de la mafia. Au même moment, un commando d'élite a piraté votre banque de données et les a transférées à la police...

- Non !

Je sais ce qu'il va me dire. Je ne veux pas... ça ne peut pas arriver ! Mattias reprend comme si je ne l'avais pas interrompu mais j'entends la tristesse dans sa voix.

- Gabriel et tout vos hommes de main ont été arrêtés et incarcérés dans une prison de haute sécurité en Italie. Le réseau de Paris à également été démantelé.

Je fonds en larmes. Assassinats, trafics d'armes et de drogue... des crimes qui vaudront à Gabriel d'être emprisonné à perpétuité. Comment vais-je annoncer à mes fils qu'ils ne reverront probablement jamais leur père ? Mattias me tend une boîte de mouchoirs que j'accepte volontiers, et reprend :

- Le plus important pour l'instant, c'est de vous mettre en sécurité, les enfants et toi. Le reste on verra plus tard. Fais-toi oublier pendant un an ou deux, ensuite on avisera. Je prévois déjà de te confier des hommes pour libérer Gabriel et tout le beau monde que les flics ont coffrés mais pour l'instant, c'est trop tôt.

- Comment je vais dire ça à Tiago et Liam ?

Mattias me sourit, bienveillant.

- Tu es leur mère, Mia. Ils ont confiance en toi, tu sauras quoi faire. Restez ici cette nuit, demain tu décideras si tu restes ou si tu pars.

Je hoche la tête en reniflant. Mattias me raccompagne et ordonne silencieusement à Guilian de ne pas me quitter d'une semelle. Ce dernier acquiesce et m'accompagne jusqu'à ma chambre.

+++

Tiago et Liam ont tellement pleuré qu'ils sont épuisés. Mattias m'a donné deux voitures et un appartement dans le centre d'Hanoï. Guilian roule en direction de notre nouvelle maison, les larmes aux yeux. Ce matin, j'ai mis tout le monde au courent de la situation. Les adultes n'ont pas réagi uniquement parce que mes fils étaient présents. Je soupçonne Dex et Quentin de vider toutes les larmes de leurs corps dans la voiture qui nous file le train depuis le début du voyage.

+++

Il est deux heures du matin et je n'arrive pas à dormir. Ça fait longtemps que je me suis habituée à la présence de Gabriel à mes côtés. Maintenant, mon lit est froid, glacé même, et, enroulée dans ma couverture, je plonge la tête dans mon coussin pour étouffer mes sanglots. Je dois être forte pour mes fils, pour leur montrer qu'il y a un espoir. Une heure passe et je m'endors finalement dans un tourbillon de larmes et de cauchemars.

+++

- Vous êtes sûre ?

- Certaine.

- Vraiment ?

- Bon Quentin, tu m'agaces ! Je t'ai dit que je voulais que tu apprennes à mes fils à manier une arme, point, à la ligne.

- Ok.

- Dex ?

- Ouais M'dame. Présent !

- Avec respect, crétin, s'indigne Quentin, tu t'adresse à la patronne pas à la flicaille du coin.

Dex se met au garde-à-vous et fait un salut militaire qui me rappelle celui qu'avait fait Angelo lorsqu'il m'aidait à faire les papiers pour engager des employés pour le Coco Club.

- Dex, j'ai une mission pour toi. Je sais qu'avec Quentin tu as déjà appris le karaté et le jiu-jitsu à mes fils mais je voudrais que tu leur apprennes les techniques de survie en cas d'enlèvement ou d'emprisonnement.

- Oui Madame.

- Parfait, Guilian ?

- A vos ordres !

- Ça va vous trois, je ne suis pas la reine d'Angleterre non plus ! Donc, Guilian, tu t'occuperas de l'aspect stratégique de l'entraînement. Compris ?

- Compris.

- Quant à moi, je vais m'organiser avec Mattias pour préparer l'évasion de Gabriel et de nos hommes de main.

Je me lève mais me rappelle d'un détail important.

- Ah oui, une dernière chose. Quantin ?

- Madame ?

- J'ai une bonne nouvelle pour toi : comme tu as eu la bonne idée de ne pas impliquer ta famille dans les magouilles de la mafia, les flics les ont laissées tranquilles.

Je le vois se détendre : en voilà un qui va dormir tranquille ce soir. Je quitte la pièce en priant pour qu'Enzia puisse garder sa fille.

Enzia

Je pleure, enchainée à mon siège dans le fourgon qui nous conduit, Léo et moi, en prison. Nous serons jugés dans trois jours avant le procès de Gabriel, auquel nous aurons le droit d'assister, qui aura lieu dans deux mois. Léo et moi avons pris vingt ans tous les deux et notre fille, notre enfant chérie, à été placée dans une famille d'accueil qui va sans doute lui raconter que ses parents sont des criminels assassins, des tueurs sans pitiés. Je ne veux pas que ma douce petite Matilde ait cette vision de ses parents. Je ne veux pas que quelqu'un d'autre s'occupe de ma fille. Je ne...

Léo

Un hurlement déchirant retentit à côté de moi. Enzia, brisée par la perte de notre fille, se débat comme une folle en criant le prénom de Matilde. Un policier s'approche d'elle et lève la main pour la frapper, j'essaie à mon tour de me libérer mais son collègue le boque avant qu'il ne touche ma femme. Il lui désigne les autres prisonniers et s'approche de moi. Je sens que les chaînes qui me maintenaient assis sur mon siège se détachent, elles glissent à terre avec un son métallique. D'un bond, je me lève et enlace Enzia qui cesse immédiatement de crier. Elle sanglote dans mes bras, dévastée. Je lève les yeux vers le policier qui m'a libéré.

- Merci.

Je suis conscient que ce qu'il vient de faire lui vaudrait une punition sévère si cela venait à être révélé. Enzia se calme peu à peu. J'ai beau faire semblant et feindre l'indifférence, je n'accepte pas ce qui est arrivé à Matilde.

Stone Heart MafiaWhere stories live. Discover now