Je me retourne et le vois, adossé au mur, un sourire énigmatique sur les lèvres. Enzia me retient avant même que j'ai pu faire un pas.

- N'y va pas, chuchote-t-elle, débrouille-toi comme tu veux mais trouve une excuse pour ne pas le suivre.

Son regard affolé m'encourage à l'écouter et je me creuse la tête dans l'espoir de trouver une excuse valable. Mais apparemment, Gabriel a oublié d'être idiot et devine sans peine ce qu'Enzia m'a dit.

- Mia, ne te casse pas la tête à essayer de trouver une excuse : quoique tu dises, tu viens avec moi.

Son ton est moqueur mais son regard me défie de lui désobéir. Je repousse la main d'Enzia et le suis en me traitant de tous les noms. Du coin de l'œil, je vois la mine dépitée que font les garçons de mon équipe. Même Chloé qui ne semble pas franchement m'apprécier à l'air désolée pour moi, voir même déçue. Enzia, quant à elle, me fixe aussi longtemps qu'elle le peut et retient un hoquet de surprise (ou de peur) lorsque Gabriel pose sa main dans mon dos pour m'empêcher de ralentir. Dès que je ne peux plus voir mes nouveaux (ou anciens ?) collègues, je ne peux m'empêcher de me demander ce que j'ai pu faire comme bêtise pour que Gabriel s'en mêle à nouveau. Il me fait passer par une série de couloirs avant de s'arrêter devant une porte de chêne.

- Je ne veux pas que tu dormes dans la même chambre que Chloé, me souffle-t-il, elle a le chic pour tout rapporter à mon père et je ne tiens pas à ce qu'il sache que Kyle s'est trompé de cible avant de se faire faucher par les flics.

Une petite voix dans ma tête retentit sans crier garde : Ah ce n'était que ça ! Je suis soulagée mais les vieilles habitudes ont la peau dure et je ne peux m'empêcher de le provoquer :

- Je pourrais peut-être le rapporter moi-même au Grand Patron... je crois que ça facilitera les choses.

Il a un rire mauvais. Je savais bien que ce n'était pas une bonne idée de la ramener. Ses yeux sont rivés sur les miens et j'ai l'impression que si je fais le moindre geste, il va me sauter dessus. Pour me tuer ou pour... autre chose, ça reste indéterminé mais je ne vais tenter le diable. Pas deux fois.

- Je ne crois pas que ça t'avantagerait : mon père ne tolère pas les nouvelles recrues qui la ramènent sans qu'on leur demande quoi que ce soit. D'autant plus que je t'ai laissé rentrer chez toi alors que j'aurais dû te tuer.

J'ai du mal à respirer.

- Pour... pourquoi tu ne m'as pas tuée ?

- Je n'allais pas gâcher une fille aussi belle que toi.

Je dois trembler vraiment fort parce que son regard s'adoucit et son sourire carnassier devient charmeur. Il ouvre la porte de ma nouvelle chambre mais je suis clouée au sol et toujours trop apeurée pour bouger. Comme à l'aller, Gabriel passe une main derrière mon dos et m'aide à sortir de ma torpeur. Il ferme la porte derrière lui et je sursaute en entendant le son d'une clé. Je me retourne, la peur dans les yeux.

- Ne t'inquiète pas, me rassure Gabriel, ce n'est qu'une précaution : les murs ont des oreilles ici.

Et il me tend la clé. Je soupire en la prenant :

- Tu sais que tu fais super peur quand tu t'y mets ?

- Oui, c'est un don.

- Te fous pas de moi !

- Ce n'est pas le cas.

- Ah bon ?

Tu fais quoi alors ? Il a les yeux brillants, me dévore du regard et ça commence à me (re)faire flipper.

Stone Heart MafiaTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang