DEAR AYAME, MERRY CHRISTMAS

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Personne ne m'a prévenu que j'allais finir en esquimau avant demain matin.

Avec l'aide de Bokuto, qui me sert de meilleur ami, et de déménageurs douteux, je parviens de nouveau à mon étage, le cinquième, et jette presque le carton au sol. Je panique un instant puis me ravise lorsque j'y vois inscrit dessus « Vêtements ». Cette journée aura été éreintante du début à la fin, j'ai hâte d'aller dormir. Les cartons empilés à l'arrache dans le salon me ramènent bien vite à la réalité. Je vais d'abord devoir déballer tout ça pour espérer avoir un peu de tranquillité, et faire fonctionner le chauffage, parce qu'on se les gèle.

Les déménageurs étant partis, Bokuto et moi commençons à ouvrir les cartons les plus importants. Nous désenchantons en cinq minutes top chrono : ni moi ni lui n'avons encore la force d'affronter cette gigantesque tâche. Je me laisse tomber à terre, remuant la poussière. Bokuto s'appuie contre une pile de cartons et mon cœur fait un looping, faites que ça ne s'écroule pas.

— Arrêtons pour ce soir, je dis en retirant mon écharpe et mes gants. Je suis trop fatigué.

Bokuto acquiesce, même lui à cesser de parler. Il s'est voilé la face pendant quelques heures, le temps du trajet, en chantant à tue-tête des musiques de ses idoles préférées dans ma voiture alors que je suivais la camionnette des déménageurs. Après, il s'est très vite rendu compte qu'avoir proposé son aide n'était sûrement pas une bonne idée.

— Tu vas rester dormir... il fait tournoyer son index dans la pièce, ici ?

Je sens de l'eau glacée dégouliner le long de ma nuque : la neige fond. C'est AF-FREUX. J'ai un frisson en tentant de me tortiller pour éviter de sentir la goutte tracer son chemin jusqu'à mon sous-vêtement.

— Je n'ai pas vraiment le choix, je constate avec une grimace. La chambre doit être en état, donc je devrais pouvoir y dormir.

— Tant mieux.

Notre conversation robotique m'arrache un sourire et je me relève avec prudence : pas besoin de respirer encore plus la poussière présente dans tous les recoins de cet appartement. Il est en bon état, mais poussiéreux, ça fait toute la différence.

Je hoche la tête sans savoir quoi ajouter. Le silence est d'or, certes, mais là, il est juste horriblement gênant. La fatigue a entraîné chez nous une démotivation à se faire la conversation telle que nous ne nous regardons plus que dans le blanc des yeux.

Des éclats de rires de l'autre côté de la porte nous sortent de notre transe. À en juger par leurs voix, ce sont deux femmes qui discutent. Avec amusement, je capte leur discussion dans son entièreté tellement les murs sont fins.

— Je savais qu'elle allait finir avec le bon gars, commence une voix douce, c'est toujours comme ça dans ce genre de film à l'eau de rose, surtout pendant la période de Noël. Tu devrais le savoir à force, Yu'.

— Pff, j'en ai juste marre de devoir regarder ça avec toi ! répond une voix bien plus autoritaire. Tous les ans, c'est la même rengaine. Les films ne sont même pas intéressants, ça se résume à : rencontre, on se déteste, quiproquo, mince alors on commence à avoir des sentiments et enfin, on s'avoue notre flamme en s'embrassant à pleine bouche. Dans le genre French kiss, y'a mieux.

Bokuto et moi pouffons de rire. Je ne peux pas donner tort à cette personne. Je déteste Noël et, par extension, les films qui vont avec. Je ne comprends pas comment on peut regarder ça sans rigoler. Ces films sont d'une naïveté à toute épreuve.

Dear Ayame, Merry Christmas | OS | Keiji A. x ocWhere stories live. Discover now