Quand j'étais petite... (2023)

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Quand j'étais petite... je ressentais constamment la chaleur bénie du soleil. L'été perdurait continuellement dans mon cœur, même en plein cœur de l'hiver, et les fleurs embaumaient mes quotidiens d'un parfum vif, ardent, généreux...
Il faisait beau quand j'étais petite, toujours beau ; les couleurs dansaient, et la lumière passionnément chantonnait...

Il faisait doux... Quand j'étais petite j'étais heureuse. À vrai dire je le suis aujourd'hui aussi, seulement...le bonheur qui m'anime aujourd'hui est différent de celui qui, à l'époque, me berçait du plein de sa tendresse. C'est un peu bizzare, et je ne saurais vraiment comment concrètement expliquer ça... Mon bonheur d'aujourd'hui est un un bonheur...calme, tel la brise matinale qui voltige discrète, tel la mer l'été au temps de l'aurore, limpide et douce... Tandis que mon bonheur d'enfance lui, était éclatant, étincelant, flamboyant ; il scintillait féeriquement d'une myriade de couleurs vives, et dardait les rayons de l'allégresse partout, sur tous les coins de recoins de ma petite vie...
Le temps était beau quand j'étais petite, et facile, sans soucis ni nuages, ni anxiété, ni la froideur du vent de l'hiver...

Quand j'étais petite, j'aimais les oiseaux, et les papillons, j'aimais les arbres qui m'époustouflaient avec leur taille titanesque, et leur douceur si réconfortante. J'aimais aussi la plage, j'aimais son sable et son or majestueux, et j'aimais l'azur de la mer, ce majestueux reflet de vie et de beauté...
Quand j'étais petite, je me souviens aussi aimer ces fleurs, roses et gracieuses, qui étaient plantées dans le jardin de la maison de mes grands-parents, et ces jasmins enchanteurs qui ornaient si joliment sa porte d'entrée...

Je l'aimais aussi ce jardin d'ailleurs. Je l'aimais beaucoup. Et à y réfléchir maintenant je me rends compte qu'il avait constitué une grande partie de mon enfance. Les matinées que j'y ai passées, les après-midis innombrables où j'y avais inlassablement joué, les voilà qui me reviennent tous... Les soirées qu'on y passait en famille aussi, le voilà leur souvenir, qui s'éclaircit et me revient, et devient un peu moins fade... Oh oui, elles étaient belles, ces soirées, qui passaient noyées dans la douceur, bercées par la brise estivale, sous les étoiles et les clairs de lunes immaculés...
Je me souviens de cette sensation agréable quand j'y courais joyeusement, tandis que mon ouïe elle, se laissait séduire par les conversations chaleureuses, et les tendres rires des miens...

Quand j'étais petite, j'étais choyée. Les cadeaux que m'offraient mes grands-parents étaient indénombrables. Entre jouets, cornets de glaces, vêtements mignons et contes pour enfants, on avait fait le tour. Et ce bien sûr sans compter les petites intentions tendres, et les mots doux qu'on me balançait tout le temps, à tel point que c'en était presque devenue une coutume... Mais quelle agréable coutume !

Quand j'étais petite aussi, je restais bien souvent dormir chez mes grands-parents. Je passais la nuit devant la télé, enfouie dans les tendres bras de ma grand-mère, puis le lendemain matin j'avais droit à un petit dejeuner de princesse. On sortait ensuite ; les balades, les déjeuners copieux, les emplettes aussi qu'on faisait, les marches le long du corniche les agréables trajets dans la voiture de ma tante... das tas de souvenirs entassés dans les profondeurs de ma mémoires qui ressurgissent de plus belle, dans un flow serein qui coule en douceur, sculptant dans ma mémoire un diaporama sentant fort la nostalgie...

Je me souviens particulièrement d'une de ces balades chéries. Avec ma grand-mère nous sortîmes, main dans la main ; elle me tenait très fort, sûrement par peur, par précaution de tout danger qui pourrait potentiellement me heurter. Le genre d'initiatives qu'aurait sans doute pris tout adulte ; les enfants sont après tout si fragiles, aussi fragiles que le verre...
Nous sortîmes et notre balade s'était peinte dans la couleur illuminée de la délicatesse, élancée par l'ombre gracieuse des arbres, et leur taille titanesque, et leur douceur si réconfortante...

C'était au printemps. Ou peut-être en été ? Je ne sais plus... Tout ce dont je suis sûre, c'est qu'il se faisait un temps agréable, que c'était un temps heureux, scintillant le parfum de la béatitude...

Un azur vif colorait le ciel avec passion, quelques nuages immaculés le parsemaient, en guise de bel ornement. Les oiseaux chantaient, les papillons accomplissaient une valse gracieuse...
Nous marchîmes sous la lumière dorée du soleil, longtemps. Nous passâmes par cette rue colorée, et ce carrefour qui ne se vidait jamais de vie.

Elle m'avait surprise par la suite, en s'arrêtant devant mon restaurant favori ; un card d'heure plus tard je retrouvais mon plat préféré dans mes mains, ce menu enfant que j'ai dégusté d'innombrables fois, et dont je ne me laissais jamais. Elle l'avait commandé à emporter, pour que je le mange tranquillement à la maison. J'ignore d'ailleurs la raison pour laquelle nous ne restâmes pas à manger sur place ce jour là ; ma grand-mère avait sûrement jugé que la maison était un endroit plus tranquille et plus intime.

C'était cela sans doute, car c'est vrai qu'elle était plus intime cette maison.
Après tout au restaurant je n'aurais pas trouvé mon assiette fleurie adorée, et ma petite table marron dont je ne me séparais durant aucun repas. Des petits objets qui semblent insignifiants mais qui pourtant, étaient tant chéries par mon jeune cœur. Des petits objets qui étaient comme un chaleureux trésor...
Un trésor qui fait désormais partie d'une vie antérieure, d'une époque passée révolue.

Et me voilà aujourd'hui qui repasse par cette rue, qui fut colorée, et qui a désormais perdu ses couleurs...par ce carrefour qui est toujours aussi plein de vie mais qui est devenu pourtant vide à mon regard...
Puis ce jardin, et les jasmins de la porte d'entrée qui ont disparu... Ils étaient si beaux. Écoeurant de voir qu'on les a coupés. Et avec tant de facilité en plus ! C'en est presque hallucinant...

Et j'ai failli entrer, comme à mon habitude dans mon jardin chéri... Mais je ne le peux plus ! Car la maison n'est plus nôtre... Elle a été vendue. Maman ne le voulait pas pourtant. Mais c'est ainsi...

Je crois là ressentir la sombre amertume qu'avait ressenti Chateaubriand en pénétrant à nouveau dans le château de son enfance, qui avait connu le même sort que la maison de mes grands-parents. Les séparations, ça n'a jamais été joli après tout, pour personne...
Drôle de me dire que je partage le même chagrin qu'un homme ayant vécu deux siècles auparavant...Après tout les temps changent, et évoluent, mais les émotions elles ne changent jamais. Parce que c'est là l'essence même de l'humanité, c'est une des lois qui gouvernent l'existence...

Quand j'étais petite, j'étais heureuse. Je le suis aujourd'hui aussi, mais le bonheur qui enlaçait chaleureusement mon enfance était unique. Un bonheur qui a bercé avec tant de délicatesse l'enfant que j'étais, qui fait partie d'un chapitre passé de ma vie, et que je ne retrouverai jamais...
Quand j'étais petite, je pensais que les choses telles qu'elles étaient seraient éternelles et demeureraient ainsi à jamais. Je n'avais jamais vraiment pensé à quand je serais grande. Et maintenant que je suis devenue grande, je réouvre cet album de souvenirs qui, au fil du temps, était devenu une constellation figée dans ma mémoire. Je le réouvre et je retrouve avec lui, même si c'est pour un court instant, ce bonheur éclatant, étincelant flamboyant... Mais bizzarement, je ne regrette pas la perte de ce passé heureux. Je me dis que c'est très certainement mieux ainsi.
C'est un passé certes révolu, mais qui a bel et bien existé ! Et ceci est bien suffisant. Alors je tâcherai à ne jamais oublier son souvenir à ce passé, et à toujours le cherir ; après tout, je le dois bien à l'enfant que j'étais, n'est-ce pas ?

(Note : L'image utilisée ne m'appartient pas ; crédits à l'artiste respectif.)

𝓡𝓮𝓬𝓾𝓮𝓲𝓵 𝓭𝓮 𝓣𝓮𝔁𝓽𝓮𝓼Where stories live. Discover now