5 - regards

33 4 10
                                    

Me voilà levé au crépuscule.
Un ciel rose avec des touches d'orange.
De quoi remplir ma pellicule,
D'une peinture d'un ange.

Vêtu de vêtements simples,
Seulement dévêtu de mon sweat à capuche noir qui ne me quittait plus, j'avançais jusqu'à l'école ou j'attendais Gyuvin.

Celui ci arrivait en balançant ses bras, heureux.
De quoi former un sourire sur mon visage.

- je suis content que tu sois là. Tu est stressé ?

- un peu.

- je suis sur que les enfants vont t'adorer.

Petit à petit, les enfants arrivaient.
Ces enfants étaient à l'âge de la pureté.
De la pure innocence qui les rendaient heureux d'aller à l'école.

Gyuvin enseignait des calculs à un groupe, puis moi l'anglais à l'autre groupe.
L'après-midi, Gyuvin m'avait dit de rentrer, mais j'étais resté pour l'atelier dessin.

Il avait raison, les enfants commençaient déjà à m'aimer, même s'ils sont timides.

En fin d'après-midi, on rentrait ensemble et Gyuvin me demandait si on allait se poser à la plage.

bonne idée.

J'allumais une clope.
De longues bouffés blanches passaient entre mes lèvres.
Cette douceur amère qui me tuait lentement,
Mais celle qui m'apaisait.

- tu fumes encore ?

- on peut pas arrêter comme ça cette merde.

- ça doit être difficile.

- je fume depuis que je suis né, donc ouais compliqué. J'ai commencé tout seul à 13 ans. Je te l'avais dis je crois. J'ai passé ma vie enfermé dans une maison de fumeur.

pdv Gyuvin :

J'avais l'habitude de détester les gens qui fumaient, mais chez Ricky...
Ça semblait naturel, et presque..attirant et sexy. Ça allait avec sa personne.

- j'essaye de diminuer ce que je fume par jour. J'étais un paquet voir un paquet et demi par jour. J'avais que ça à foutre. Maintenant jsuis passé à 2/3 par jours. Toute façon le mal est déjà fait. Jpeux pas mes réparer mes poumons noirs. C'était ma seule amie pendant plus de 7 ans. C'est triste mais c'est la vérité.

- Ricky j'ai une question..mais j'ai peur que ce soit un peu...

- vas-y.

- pourquoi tes parents ne t'ont jamais autorisé à sortir ? T'es pas obligé de répondre si c'est compliqué..

- j'en sais rien, mon père était un peu barré. Pour lui si j'allais à l'école avec les enfants de mon âge, j'aurais plus envie de reprendre l'affaire familiale, et je serais plus son fils. Pour lui s'il avait pas la main sur toute mon éducation, j'étais plus son fils. T'imagine pas à quel point c'était dur, et long. J'ai essayé de m'échapper plusieurs fois mais il m'a toujours retrouvé pour me frapper jusqu'à ce que je comprenne. Ma mère suivait mon père même si elle aurait voulu que j'aille à l'école, dans une école prestigieuse un truc du genre. Mais elle devait obéir à mon père. J'ai eu des pensées suic3daire à 10 ans. C'est horrible maintenant que j'y repense. J'ai fais 3 tentatives.

Je prenais la main gelée de Ricky et j'y entremêlait mes doigts.

- quand j'avais 12 ans, à 15 et 17. Chaque fois à mon anniversaire. Mon anniversaire à toujours été le pire jour de l'année. Parce que ça me faisait réaliser depuis combien d'années j'étais enfermé.

Mon pouce caressait sa main froide, Ricky posait sa tête sur mon épaule.

- tu as froid ?

- un peu.

Je dépliais mon écharpe et je l'enroulais autour de son cou.

Ses doigts entre les miens, mon pouce qui caresse sa main, sa tête contre moi, qu'est-ce que ça veut dire..?

- ta main est chaude.

- et la tienne est gelée.

- je n'ai jamais tenu la main de quelqu'un. On m'a jamais fais de câlin.

- je le ferais alors.

On restait un moment comme ça, puis on rentrait. Je tenais toujours sa main. On finissait par aller chez moi.

Ricky venait de s'endormir plutôt rapidement, mais moi je n'y arrivais pas.

Je le regardais dormir, je pensais à nos doigts entrelacés, à sa tête près de moi, lui dans mon lit, lui dans mon cœur.

Ricky bougeait beaucoup dans son sommeil, qu'il se retrouvait sur mon oreiller, à quelques centimètres de moi.

Je finissais par fermer l'œil, mais le lendemain, la main froide de Ricky me réveillait, je regardais l'heure, il n'était pas si tard que ça.

Je remettais la couette sur lui, mon regard posé sur lui.
Qu'est-ce que c'était ? De la pitié ? De l'amitié ? De l'amour.

Mon regard se posait sur ses bras, le tee shirt que je lui avais prêté laissait apparaître les cicatrices qui témoignaient de sa douleur.

Ricky se réveillait, et me regardait.

- tu travaille pas aujourd'hui ?

- pas le mercredi non.

- ah ok..pourquoi tu est réveillé ?

- c'est tes mains froides qui m'ont réveillés.

- ahh pardon..

- t'inquiète pas. Donne tes mains, je vais les réchauffer.

- merci..

J'aimerais bien savoir les mots que nos regards s'échangent. Sans arrêt l'un dans l'autre, ils doivent en avoir des choses à dire.

amour, plage et cigarettes Where stories live. Discover now