Pink Lock - défi 1

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Hello ! De retour pour le concours Pink Lock, avec une petite nouvelle romantique qui devait inclure trois mots choisis au hasard. Les miens étaient Laurier- Nimbe - Cucurbitacées

Ouais... je sais...

Pas évident, mais ça m'a étrangement inspiré ! Alors voilà mon texte, vous me direz ce que vous en pensez :) PS : n'hésitez pas à aller lire le texte des autres participants ils sont super doués!


« Marcus, dans un grand râle venant du plus profond de sa poitrine, enfonça sa lance dans la gorge du lion. Il effectua une roulade sur le sol sableux, y laissant une trainée de sang, puis se releva à quelques mètres de là. Derrière lui, l'animal majestueux et féroce contre qui il combattait depuis longtemps était désormais étendu sur le sol, la lance dépassant de sa gueule et les yeux encore grands ouverts. Un torrent de sang, en rien comparable au filet qui coulait le long du cou de Marcus, s'échappait de sa blessure mortelle.

Autour de la scène macabre, le silence était complet. Le gladiateur avança vers la bête, vérifiant qu'elle était bien morte, puis lui arracha la lance de la gueule et la brandit en l'air, victorieux, poussant un hurlement de satisfaction. Et tout autour de lui, assis confortablement sur les bancs de pierre de l'Arêne, les habitants de la belle ville de Rome reprirent son cri féroce, hurlant, félicitant, incapable d'en croire leurs yeux. Oui, devant eux, un homme venait d'abattre la bête la plus féroce qu'ils puissent imaginer, un ancien esclave venait de s'élever au rang de leurs plus grands soldats. Mais Marcus les ignora, la tête levée. Il n'en avait que faire du peuple qui l'acclamait, que faire de ses frères guerriers autour de lui, et il n'en avait même rien à faire de l'empereur qui, enveloppé dans une toge d'un blanc éclatant et entouré de sa cour, descendait une à une les marches qui menaient à l'Arêne. Car Marcus n'avait qu'une chose en tête, une seule motivation, la même que celle qui lui avait permit de vaincre la bête : la belle Adriana, fille unique de l'empereur. Elle descendait les marches au côté de son père, habillée d'une robe tout aussi blanche mettant en valeur sa peau bronzée et ses cheveux noirs. Le soleil créait un nimbe de clarté autour d'elle et Marcus ne l'aurait regardée autrement si elle était un ange descendu tout droit des cieux.

Bientôt, le groupe arriva devant lui. L'empereur se lança dans un discours tonitruant sur la gloire de l'homme qui s'élève au-dessus de sa nature, sur la puissance de l'homme, toujours l'homme, et sa supériorité infinie. Bientôt, il se tourna vers le gladiateur, les bras levés.

— A toi, Marcus, fils de Caius et Aggripa, esclave par ta nature, gladiateur par ta force et vainqueur, par ta puissance, je te remets cette couronne de Laurier, symbole éternel de la gloire.

Marcus s'agenouilla, sachant que ça devait être la chose à faire. Un esclave à la peau aussi sombre que la nuit vint déposer sur son crâne rasé une couronne de feuilles dorées, scintillantes, éclatantes.

— Et comme symbole de ma piété et de mon admiration, continua l'empereur, je t'offre ce soir le cadeau de ton choix. Les mets les plus abondants, les vins les plus goutus, les femmes les plus belles du palais... parle, esclave ! Que désire ton cœur ?

Marcus se releva, le cœur battant à tout rompre, sachant que le moment qu'il attendait était arrivé. Pour ces quelques secondes, il avait choisi de devenir gladiateur, il avait combattu un lion, et survécu, seulement pour ces quelques mots. Aussi, quand il ouvrit la bouche, il savait exactement ce qu'il allait dire.

— Ce que désire mon cœur, mon empereur, n'est autre que la femme la plus belle du palais, de la ville, de l'empire entier ! Vous me l'avez proposé et je l'accepte : c'est votre fille que je veux.

Le visage de l'empereur se décomposa alors qu'il s'aperçut qu'il venait d'être piégé. Les mot prononcés, impossible de revenir en arrière devant tout son peuple. Cependant, il n'était pas prêt à offrir sa fille à un esclave aussi facilement.

— Ma fille n'est pas une Lupa, une prostituée ! s'exclama-t-il, pointant un doigt rageur vers lui. Tu seras châtié pour ton impudence !

— Ce n'est pas son corps que je veux, mon empereur, s'empressa de rectifier Marcus. C'est son cœur.

L'homme fronça les sourcils, s'apprêta à répondre mais fut interrompue par sa fille qui, le menton haut, avança vers lui.

— Si tu veux mon cœur, Esclave, il va falloir le gagner.

— J'ai combattu un lion pour vous, ma dame.

— Et il faudra bien plus que ça ! Si c'est mon cœur que tu veux, c'est un empire entier qu'il faudra que tu combattes.

— Alors qu'il en soit ainsi ! s'exclama Marcus avec ferveur avant de se tourner vers son père. Envoyez-moi devant les Gaulois, mon empereur, devant les Etrusques ou les Volsques. Je les combattrai et je ne reviendrai qu'après les avoir tous vaincus. Je le ferai pour vous, dame Adriana.

Le silence se fit, intense, pesant, et tout à chacun resta parfaitement immobile. Puis...

— Eeeeeeet... coupez ! s'exclama une voix derrière lui. On valide la prise. Allez, on mange un morceau et on y retourne.

L'homme au centre de la pièce poussa un soupire de soulagement, s'éloigna du lion en plastique qui gisait sur le sol et défit le haut de son costume de gladiateur. Bien qu'il adorât jouer Marcus, et bien, Dave préférait largement être lui-même. Une costumière vint l'aider à se défaire des pièces d'armures qui pesaient sur ses épaules et Dave se laissa faire, satisfait de la scène qu'ils venaient de tourner. Il échangea un regard avec Judie, qui délaissait son costume également, aussi jolie que l'était Adriana. Celle-ci s'empourpra sous son regard insistant et baissa les yeux au sol, mordillant légèrement sa lèvre.

— Arrête de me regarder comme ça, rigola-t-elle sans réussir à cacher son trouble. La scène est finie, plus la peine de jouer l'amoureux transit.

Si son personnage était froid et insensible, la vraie Judie était tout l'inverse. D'une douceur et d'une gentillesse incomparable, elle avait fait chavirer le cœur de Marcus à la première rencontre. Le savait-elle seulement ? Jamais il n'avait osé lui en parlait et, cette fois comme les autres, il se défila et détourna les yeux :

— Oui, pardon... le personnage doit me coller à la peau, je suppose.

Il se débarrassa des dernières parties de son costume et se dirigea vers la table où l'équipe de tournage était déjà réunie, loupant l'éclat de déception qui brouilla les yeux de Judie. Il s'assit tout au bout et, quelques instants plus tard, la jeune femme vint se poser à ses côtés. Il se servit une assiette de légumes orangés accompagnés de purée, puis la lui passa. Celle-ci refusa poliment, une jolie rougeur prenant place sur ses joues.

— Non merci je... je suis allergique aux cucurbitacées. Ça me provoque de l'urticaire et des gonflements. Je... ça me rends hideuse, personne ne voudrait voir ça dans le film !

Elle rigola doucement, cachant ses balbutiements. Dave sourit, reposa le plat et se pencha pour en prendre un autre qui n'était pas remplis de courges cette fois. Il le lui donna en la dévorant des yeux.

— Il doit bien être impossible de vous rendre hideuse, dame Judie.

Décidément, le personnage lui collait vraiment à la peau. La jeune femme pinça les lèvres, luttant de toute évidence contre un nouveau rougissement et baissa la tête dans son assiette. Enhardis par sa réaction adorable, Dave prit son courage à deux mains et lâcha, l'air de rien :

— Est-ce que tu... heu... j'ai du mal à apprendre une partie de mon texte. Accepterais-tu de m'aider à réviser ? Peut-être... ce soir ? J'ai du bon vin chez moi.

Il ne la regarda pas, craignant plus que tout une réponse négative. Il n'avait pas le courage de Marcus, ni sa hardiesse et il savait qu'une déception lui fendrait le cœur. Mais ainsi, il loupa le sourire éclatant qui étira les lèvres de la belle et son hochement de tête un peu trop rapide.

— Heu... bien sûr, oui. Pour... pour le boulot bien sûr, c'est important.

— Pour le boulot, répéta Dave en retenant un sourire. Evidemment."


apprenti0auteur


Words from Heart - Recueil de nouvellesWhere stories live. Discover now