Le soir du bal du sultan arriva enfin, emplissant la maison de Hakim d'une excitation palpable. Toute la demeure était en effervescence, alors que les derniers préparatifs étaient réalisés. Hakim, bien sûr, était au centre de toute cette agitation, se préparant pour la soirée à venir.

Ahmed, comme toujours, était à ses côtés, prêt à accomplir ses devoirs de serviteur. Hakim était vêtu somptueusement, tel un prince des contes de fées, avec un sarouel richement brodé, une chemise en soie ornée, et un turban orné de joyaux.

Alors que Hakim se tenait là, imposant et fier, Ahmed s'agenouilla humblement devant lui pour l'aider à enfiler ses babouches d'or finement travaillées. Il les ajusta avec soin aux pieds d'Hakim, faisant de son mieux pour ne pas montrer les émotions contradictoires qui tourbillonnaient en lui.

Hakim se tourna vers le miroir, ajustant son turban d'un air satisfait. Il prit un moment pour contempler son reflet, savourant sa propre élégance. Puis, se tournant vers Ahmed, il demanda hypocritement, "Et toi, Ahmed, es-tu prêt pour le bal du sultan ?"

La question de Hakim était empreinte d'ironie, et il le savait bien. Ahmed baissa la tête, sa voix triste et douce quand il répondit, "Non, monsieur Hakim, je ne suis pas prêt."

Hakim éclata de rire, comme s'il avait entendu une blague des plus divertissantes. Il pointa un doigt moqueur vers Ahmed. "Comment pourrais-tu l'être, dans ces haillons sales et déchirés ?"

Les paroles cruelles d'Hakim étaient comme un coup de poignard pour Ahmed. Il était aculé, pris au piège de sa servitude, tandis que son maître se préparait pour une soirée de faste et de célébration. La réalité de son statut d'esclave était douloureusement évidente.

Alors que Hakim s'admirait dans le miroir, ajustant son turban une dernière fois avant de partir pour le bal du sultan, Ahmed saisit discrètement l'opportunité qui s'offrait à lui. Il avait observé attentivement la manière dont Hakim avait organisé ses vêtements pour la soirée, et maintenant, alors que son maître avait le dos tourné, il agit rapidement et avec détermination.

Ahmed déroba discrètement un simple gilet sans manches et une ceinture richement décorée. Il se glissa dans la cuisine à pas feutrés, le cœur battant d'excitation et d'appréhension. Il avait attendu ce moment avec impatience, et il savait que c'était sa seule chance.

Dans la cuisine, Ahmed enleva rapidement ses haillons sales et déchirés. Il enfila le sarouel qu'il avait cousu avec amour et dévouement, puis ajusta le turban sur sa tête. Le gilet sans manches était un peu large, mais il fit de son mieux pour le porter avec élégance. Enfin, il passa la ceinture autour de sa taille, la fixant avec soin.

Une fois qu'il fut prêt, Ahmed se regarda dans un miroir près de la cuisine. L'image qui le renvoya était un contraste frappant avec le serviteur humble qu'il avait été jusque-là. Pour un bref instant, il se sentit libre, comme s'il avait échappé à sa condition.

Cependant, le temps était compté. Il savait qu'il devait agir rapidement. Ahmed courut hors de la cuisine, les vêtements volés lui donnant un air de confiance qu'il n'avait jamais eu auparavant. Il arriva juste à temps pour intercepter Hakim, qui s'apprêtait à partir.

Le cœur battant, Ahmed s'agenouilla devant son maître, un mélange de désespoir et de détermination dans les yeux. "Monsieur Hakim, je vous en prie, accordez-moi la faveur d'aller au bal du sultan. Je sais que je ne suis qu'un serviteur, mais permettez-moi cette seule nuit de liberté."

Ahmed ou le Cœur d'un PrinceWhere stories live. Discover now