Chapitre 1 : Burning

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Quoi de plus morose qu'un samedi matin pluvieux de novembre? Pas grand chose, je vous le dit! 

Personne n'a de motivation pour faire ses devoirs, tout nos amis dorment, et le froid s'infiltre dans votre maison comme un petit démon invisible. Bref, je n'aime pas les samedi matin pluvieux. 

À moins que pour passer le temps j'appelle quelqu'un... Non, laissez tomber, c'est débile de croire que mon meilleur ami est peut-être réveillé. C'est le genre de gars qui se couche alors que le soleil se lève et qui se réveille après la vaisselle du diner, pour être certain de ne pas pouvoir aider ses parents à cuisiner. Mais je l'aime quand même, ce vampire de meilleur ami. 

Mon réveil sonne, plus pour me donner une idée de l'heure qu'il est que par réelle nécessité, puisque je suis toujours réveillée avant qu'il n'ait la chance de le faire. Il est 7h30 du matin, les gouttes de pluie résonnent contre la fenêtre de ma chambre et des cadavres de bouteilles de soda et de bière trainent un peu partout aux alentours. C'est drôle, je ne me souviens pas d'avoir invité qui que se soit... 

Après brève réflextion, oh, ça y est, je le sais! Ma voisine s'est invitée chez moi et a dévalisé mes placards encore une fois. Puis, complètement bourrée, elle doit s'être écroulée à quelque part dans mon appart. 

Avec un grognement rivalisant celui d'un ours dérangé en pleine hibernation, je m'extirpe de mes couverture pour partir à la recherche de ma voisine, sans prendre la peine d'allumer les lumières. 

Quelle erreur! Trois pas plus tard, je m'écroule au sol, ayant trébuché sur le corps endormi de ladite voisine. Décidément, cette journée commence de la pire manière possible!

Le matin, ma patience est de courte durée, et je suis dès lors exaspérée par le comportement immature de celle qui ose vider mon garde-manger. Je soupire fortement avant de me relever et de marmonner quelques insultes bien senties. 

- Ashley, t'es vraiment une grosse conne, de foutre ta vie en l'air comme ça! Aller, debout, feignasse! 

À mon grand désespoir, la seule réponse que j'obtiens est un doigt d'honneur, avant qu'elle ne replonge dans son coma de sucre et d'alcool. Mon dieu, qu'ai-je fais pour mériter une voisine de 19 ans aussi peu responsable que ça? Et dire qu'elle fait une technique de diététique, quelle ironie!

Une fois dans la cuisine, mon moral ne s'améliore pas, au contraire je dirais même qu'il se noit . Le plancher est inondé! Le robinet est ouvert, l'évier déborde et la flaque d'eau s'étend sur toute la grandeur de la pièce. À cette instant, je hurle de rage et me précipite vers Ashley, toujours endormie. 

- ASHLEY! VIENT ICI ESPÈCE DE CONNE IRRESPONSABLE! TU VIENS PLUS JAMAIS CHEZ MOI, JAMAIS! RÉVEILLE TOI, BORDEL DE MERDE!

Elle émerge lentement, trop lentement à mon goût, alors je la prend par le collet de sa chemise et l'entraîne dans la cuisine, avant de la pousser au sol, juste au milieu de la flaque d'eau. Elle cri de surprise, mais je n'en ai que faire, puisque ma cuisine est pleine d'eau et que je n'ai absolument pas l'argent pour réparer un quelconque dégât causer par Mme. Irresponsable. À ce moment, elle semble réaliser ce qu'il se passe, et commence à débiter un paquet de mots qui ne veulent pas dire grand chose, une fois alignés.

- Oh merde, Emma! Pour vrai? Enfin... Désolé. Une serpillère, je vais aller en chercher une... Mais comment...? 'Fin, pas d'importance. Voilà, j'y vais... Pas compliqué...

Vous croyiez que ça ne pouvait pas être pire? Hey bien je vous annonce que vous avez tort, puisque dès qu'Ashley se met debout, elle vomit tout le contenu de son estomac sur le plancher, ce qui a tôt fait de se répandre partout, puisque les 5 centimètres d'eau ne s'étaient pas miraculeusement envolés pendant ce court laps de temps. Exaspérée, au bord de la crise de nerf, je cours dans ma chambre chercher mon sac de secours, mon trousseau de clés et mon cellulaire, autrement dit tout le nécessaire pour déménager quelques jours chez mon meilleur ami sans problèmes, et je m'enfuis de chez moi, non sans jeter des avertissements sonores à ma voisine. 

- TU NETTOIES TOUT ÇA AVANT QUE JE REVIENNE, ET T'AS INTÉRÊT À ME PAYER TOUT CE QUE T'AS MANGÉ HIER SOIR! PLUS JAMAIS TU REMETS LES PIEDS CHEZ MOI APRÈS AVOIR NETTOYÉ, C'EST CLAIR?!?! ET TU PAYES LES RÉPARATIONS INTÉGRALES DE MA CUISINE ET DE MA TABLE. JE L'AI PAS OUBLIÉE NON PLUS!

Je ne prend pas le temps de regarder son air perdu de chien battu, que je connais par coeur de toute manière. Un peu plus et elle ferait la parfaite victime pour la miniature d'un reportage sur la vandalisation d'appartements. Sauf qu'ici, la victime, c'est moi, pas elle! 

En sortant, je ne manque pas de claquer la porte si fort que j'en fais presque trembler l'immeuble, et j'emmerde silencieusement tous les voisins qui pourraient se plaindre du bruit de si bon matin. 

Je descends les marches quatre à quatre, la rage brûlant mon être tout entier. Dans le hall, quelques autres résidents me regardent de travers, moi qui est en pyjama, le visage rouge de colère et un sac de sports rose fluo à la main. Je dois l'avouer, ce n'est pas très flatteur comme image, mais qu'ils pensent ce qu'ils veulent, je ne suis pas en état de me calmer pour le moment. Ce que je dois faire, c'est courir à la salle d'entraînement et soulever des poids jusqu'à ce que l'épuisement ait raison de moi. 

Et c'est ce que je fais. Je prend une paire de bas et des souliers dans mon sac rose avant de le mettre en bandoulière, j'enfile le tout et me précipite vers la salle de musculation. En arrivant, je ne prend même pas la peine de saluer le gars de l'accueil, bien que lui et moi soyons ami. Je m'installe sur la presse à cuisses et commence mon entrainement, l'esprit complètement aveuglé par la rage. En y réfléchissant, il y a bien longtemps que je n'ai pas ressentit pareil sentiment. Espérons qu'un miracle se produise aujourd'hui!

Deux heures plus tard, alors que je puise dans mes dernières forces pour soulever une barre de 70 livres en curl, mon téléphone sonne, me tirant de ma transe sportive. Je dépose la barre au sol avant de m'emparer de mon cellulaire afin de répondre. 

- Bien le bonjour, gente dame. 

- Oh. C'est toi. Salut. 

- Oh-ho, quelque chose s'est passé? 

- Comment tu sais? 

- Facile, tu respires fort, et je n'ai pas eu droit à mon « Bien le bonjour, gentilhomme» habituel. 

- Ouais... Tu me connais trop bien, Andrew. Je peux venir chez toi? C'est un code rose...

- Un code rose? C'est si grave que ça?! Dépêche toi alors! Je t'attend. 

- Merci, t'es le meilleur. J'arrive dans 15 minutes. 

- Reprend ta respiration avant de venir, quand même! 

Je raccroche, avant de soupirer, le fantôme d'un sourire pointant sur mes lèvres. Que ferais-je sans lui, sincèrement? 

En partant, je prend le temps de résumer la situation à Thomas, le gars de l'accueil. Il me souhaite bonne chance, ce à quoi je lui réponds par mon «Mange de la marde!» habituel. Son rictus et ses yeux rieurs me prouvent comme à chaque fois qu'il ne me prend pas au sérieux, ce qui est une bonne chose, sachant fort bien le nombre de phrases passives-agressives que je peux lui dire en l'espace d'une semaine. C'est comme ça, avec Thomas, ont ne peut s'empêcher de se lancer des piques dès qu'on se voit, mais on s'apprécient quand même. Il est ce qui se rapproche le plus d'un grand frère pour moi, et je suis sa petite soeur de coeur depuis que la sienne est décédée, bien des années plus tôt. 

Un demi sourire aux lèvres, je me dirige vers la fontaine d'eau avant de passer la porte du centre sportif, bien décidée à passer une bonne journée malgré tout. Ces quelques phrases échangées avec mes amis m'ont revigorée plus que je ne le croyais.


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Alors, ce premier chapitre? Comment trouvez-vous la personnalité d'Emma? 

Vous verrez, elle est aussi très douce !

Black Swan 

Le jour de mes 17 ansOù les histoires vivent. Découvrez maintenant