Je chausse mes bottes et sort rapidement. Une fois de plus le doc me rappelle que je n'ai rien mangé mais je suis déjà loin et enfoncé dans ma bêtise. Je récupère ma monture, Ébène a qui je caresse lentement son flanc.

-Tu m'as manqué toi...

Je le détache et sors le plus discrètement possible. Enfin bon... je suis quand même suivis par un étalon noir. Je monte en selle, direction le fleuriste chez qui j'achète des fleurs chaque année. J'y prends seize tulipes blanches et repars en direction du cimetière cette fois-ci.

Je répète le même rituel chaque année...

Je déambule entre les tombes, ma capuche dissimulant tout mon visage. Je rejoins les sépultures de mes huit compagnons morts au combat le pas lourd. L'atmosphère ici est pesante... Tout le monde est en deuil également. Il y a des centaines de familles qui se recueille, déposent des fleurs et entretiennent les stèles. Elles sont toutes vêtu de noir, le visage plus ou moins dissimulé.

Le cortège n'est pas encore arrivé alors il n'y a pas grand monde. Ça me permet de me faufiler jusqu'aux tombes de mes amis.
Je déteste venir ici... De toute façon je n'ai aucun droit de venir ici me morfondre sur le sort de mes amis.

C'est de ma faute si tous ces gens sont morts. C'est davantage véridique que mon escadron et donc mes amis n'auraient jamais dû se retrouver sur ce champ de bataille. Ils ne s'en étaient jamais approcher avant de me rencontrer et n'étaient donc pas préparer à une chose pareille... J'ai réussi à sauver le reste mais Dean... Dean est mort. C'est pourtant celui qui m'avait accueilli à bras ouvert quand tout le reste de mes coéquipiers me fuyait comme la peste.

C'est mon seul ami après tout... Enfin l'un de mes tous premiers.

J'aperçois au loin l'arbre gigantesque ce qui m'informe que j'arrive bientôt. Peu après l'avoir dépassé, j'aperçois les huit stèles aligner. Pas de famille... pas mieux qu'un endroit à l'écart de tous ceux qui ont des gens pour se recueillir. Eux n'ont que moi, leur meurtrier et le Commandant O'neill. Le cœur serré, je m'abaisse devant celle de Dean au centre et y pose délicatement ma main.

Les souvenirs envahissent ma tête et couvrent mon audition. Je n'entend rien d'autre que nos rires et toutes les horribles plaisanteries qu'ils me faisaient. Toutes les remarques sur mes cheveux toujours mal coiffés, toutes les fois où ils m'ont fait boire et regretté de m'avoir laissé faire, toutes les fois où nous nous insultons. Les missions et tout le reste. Tout se mélange et avant même que je n'ai réellement eu le temps faire quoi que ce soit je fond en larmes. Et ça dure très longtemps...

Je ne m'autorise même pas à sangloter.

C'est de ta faute Henrickson. Uniquement de ta faute. Si ça n'avait pas été pour évaluer tes progrès, ils n'auraient jamais fini là bas.

Jamais.

Tout en étant secoué par ma crise de larmes, je nettoie chacune des huit stèles et y dépose deux tulipes. Mes souvenirs deviennent de plus en plus violents... La bataille me revient. Mon incapacité à réagir face à ce bain de sang. Nos soldats qui se faisaient massacrer et mes compagnons davantage. Nordem est un royaume militaire...rempli à rabord de gens entraîner et près à décimer des peuples.

Une mort, puis deux, puis trois et ainsi de suite. Mon cœur que je ne sens plus battre se serre sauvagement dans ma poitrine. Incapable de respirer, je suis assis dans l'herbe, plié en deux. Ma tête est bien trop proche de l'herbe mais j'en ai rien à faire.

J'ai mal au cœur.

Ça fait huit longues années qu'ils m'ont été arraché, que j'ai perdu ma famille une deuxième fois, qu'ils m'ont laissé derrière à pleurnicher. Je ne le supporte pas... je ne le supporterais jamais. J'entends une voix hurler au loin, ma voix... qui m'arrache la gorge. Chaque sanglot, chaque hoquet, chaque hurlement résonne et se répercute. J'entends mais je ne digère pas. Tout comme je ne digérais jamais leur disparition.

Un simple Oracle [EN PAUSE]Where stories live. Discover now