Chapitre 17

Depuis le début
                                    

Il n'en avait juste malheureusement pas grande utilité. Il n'avait jamais froid, ne sortait pas, ne rencontrait personne, ne séduisait pas... Alors il restait soigneusement plié dans son armoire.

Jusqu'à ce jour, où il allait l'aider à se mettre dans la peau d'un aveugle. Derek pourrait fort bien simplement fermer les yeux, mais il ne tiendrait pas. Le foulard l'obligerait à se mettre en condition. De retour à l'étage inférieur, Derek alla se placer à l'entrée du loft. Là, il passa le foulard sur ses yeux et le noua autour de son crâne. Fixa le nœud, ajusta le tissu de sorte à ne pas pouvoir tricher et resta ainsi debout à ne plus rien faire pendant quelques secondes, avant de finalement se lancer. Première étape : se balader sans but précis. Derek était quelqu'un qui détestait avancer à l'aveugle, mais... Pour cette fois, il le fallait. Autrement, il ne pourrait pas se mettre correctement à la place de Stiles. Il raterait certains détails qui revêtaient le titre d'obstacles pour l'hyperactif.

Or, Derek tenait à faire les choses bien.

Ainsi, il fit quelques pas, se balada dans ce qui lui donnait l'impression d'être du vide. Lui qui avait un bon équilibre se retrouva complètement désarmé, prêt à tomber à tout moment. Ne pas savoir où il allait... C'était comme marcher sur un fil. Son corps penchait tout seul sur un côté, puis de l'autre... Juste parce qu'il n'avait plus aucun repère visuel et qu'il n'y était pas habitué. Mais si Stiles et la plupart des gens atteints de cécité y arrivaient, il n'y avait pas de raison qu'il ne s'en sorte pas de son côté. De cette façon, il se concentra sur son corps, son point d'équilibre et ses sensations. Ensuite seulement, il se permit d'avancer à nouveau dans la direction très incertaine qu'il avait prise. Déjà, Derek put se faire une réflexion claire : Stiles aurait besoin de quelque chose l'aidant à se diriger – et il ne pensait pas à une canne, même s'il faudrait effectivement que Noah s'en procure une pour lui. Au milieu de tout cet espace dont le sol n'était rien de plus que du parquet aux rares défauts pouvant servir à se situer, impossible de se repérer clairement. Ce simple fait était déjà un problème en soi.

Passées l'exploration quelque peu hasardeuse du salon, Derek se cogna dans quelques meubles. Au départ, il n'y fit pas vraiment attention. Ce ne fut que lorsqu'il répéta la chose à de nombreuses reprises et dans plusieurs pièces qu'il identifiait uniquement à l'odeur, que Derek se rendit compte... Que tout ça, ça pouvait être douloureux, à force. Créer de petits bleus. Rendre les déplacements dans le loft quelque peu hasardeux et faire naître une sorte d'appréhension. Difficile de savoir où se trouvaient les « dangers », en particulier les angles de certains meubles – le souci le plus embêtant. Car des angles, Derek s'en prit. C'est d'ailleurs à ce moment-là qu'il prit conscience du fait que certains meubles... Pourraient s'avérer moins dérangeants s'ils étaient déplacés, un peu moins... Dans le chemin. Un chemin hasardeux, certes, mais le fait est que Derek trouvait toujours quelque chose dans ses pattes et ça l'agaçait. Il ne pouvait pas marcher sans cogner quoi que ce soit.

Et à force, il comprit à quel point il pouvait être difficile de se déplacer dans son appartement pour quelqu'un qui n'y voyait pas. Evidemment, Derek ne comptait pas l'étage : pour l'instant, il ne valait mieux pas que Stiles prenne les escaliers, et c'était de toute façon la raison pour laquelle Derek lui avait installé un matelas au rez-de-chaussée du loft. Pour lui éviter toute chute de ce type. Néanmoins, il savait qu'il s'occuperait également de l'étage... Au cas-où. Juste au cas-où.

Vint un moment où Derek retira le foulard. Retrouver la vue lui fit tout drôle et il dut cligner des yeux durant quelques secondes, le temps pour lui de se réhabituer. L'air de rien, son exploration du rez-de-chaussée de son propre loft lui avait pris un temps monstre et c'était tel que la netteté de sa vision mit un peu de temps à revenir. Il refit un tour partout, cette fois-ci avec l'avantage auquel ses yeux lui donnaient accès : la vue. Repéra un peu mieux les endroits sur lesquels il devrait travailler. Passa sa main dessus. Toujours. Pour voir si ça correspondait à ce qu'il avait ressenti les yeux bandés. Yeux qu'il referma quelques fois, histoire de se remettre en condition brièvement et de vérifier s'il ne se trompait pas.

Ensuite, il changea de pièce, avança, jusqu'à se retrouver devant le gros matelas qu'il avait installé pour Stiles et dans lequel celui-ci passait ses nuits à réfléchir autant qu'à dormir. Et il vit instantanément un problème à régler. Un problème qu'il avait déjà identifié auparavant, mais dont il ne s'était pas occupé tout de suite car il s'était dit que ça irait. Et ça allait. Simplement, Derek pensa au confort de Stiles, à toutes les manières possibles de le faire se sentir bien ici. Parce que dès lors que Noah retournerait enchaîner les heures au poste de police, l'hyperactif reviendrait vivre ici. Il ne fallait donc pas faire les choses à moitié.

Alors oui, Derek savait qu'il devrait mettre un sommier. Cet élément remonta dans sa liste de priorités. Forcément... Juste un matelas, aussi confortable soit-il, c'était trop bas. Et Stiles devait tâtonner pour déduire la hauteur à laquelle il devait se baisser. Pas pratique, pensa Derek. Il fallait que ça le soit. Que tout le soit.

Ainsi, il sortit son téléphone de sa poche et alla dans ses contacts. Derek n'était pas stupide : il n'avait que deux jours. Et seul, il serait incapable de tout terminer dans les temps. Il voulait juste... Surprendre Stiles, lui faire plaisir et surtout, faire en sorte qu'il se sente bien, ici. Qu'il puisse réapprendre à circuler dans le loft sans plus s'y perdre. Derek avait des idées pour cela, des tas. Un peu trop, peut-être. Mais il le fallait, parce qu'il était l'alpha et qu'un alpha, ça prenait soin des membres de sa meute, y compris de cet humain qui, techniquement, ne reconnaissait pas son autorité, ne sentait pas son aura. Ce n'était pas grave, Derek le considérait tout de même comme un membre de sa meute. Un membre à part entière. Peut-être plus. Mais Derek n'était pas prêt à se l'avouer.

Pour l'instant, il resta simplement sur l'idée de lui simplifier la vie.

Confiance absolueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant