L'affaire des post-it jaune

Chapitre 13

(J)

Nous allons quitter le restaurant. Je regroupe mes affaires alors qu'il paye l'addition. Il a insisté, et je n'ai vraiment pas la tête à me battre avec lui. J'aurais bien une occasion de lui rendre la pareille... Je m'accroche à cette pensée, que peut-être, il abandonnera son idée de s'en aller, qu'il renoncera à ce qui le pousse à partir, quoi que ce soit.

J'enfile ma veste en cuir, mais j'ai froid malgré qu'elle m'enveloppe. Je vérifie la présence de mon téléphone dans mes poches, le retire pour le mettre dans mon sac, et j'entrevois la couleur jaune du morceau de papier...

Ne le laisse pas partir...

Mon cœur monte dans les tours, lorsque je vois qu'un deuxième est apparu au fond de mon sac à main.

Non... Impossible... Et pourtant...

L'écriture est différente... Les ronds sur les i ont laissé la place à des points. Les arrondies sont devenue des angles droits.

C'est l'écriture d'un homme... Et toujours pas celle de Terry... Mais pourtant c'est le même message, encore...

Ne le laisse pas partir...

Une boule se forme dans ma gorge.

Mais comment suis-je sensé faire ça ? Alors que j'ignore les raisons de son départ ? Je veux que ça, moi qu'il reste ! Et je lui ai déjà dit...

_____

-Je vais m'en aller...

Je reste muette... Il a dit quoi là ?

-Je suis désolé, j'ai posé ma démission, je pars dans 1 mois.

-Tu plaisantes... Dis-je en rigolant... Mais mon rire sonne faux.

Je m'attends à ce qu'il se mette à me dire d'un ton bourru "mais oui je plaisante ! Tu sais bien que je suis indispensable" ou une autre de ces petites remarques que je fais toujours style de ne pas remarquer, alors qu'elle s'imprime à chaque fois en moi comme une marque indélébile. Mais il ne dit rien, et son regard reste grave. Il scrute ma réaction.

-Tu ne plaisantes pas...

Il secoue la tête. Non... Je ne trouve pas les mots... Le monde se met à tourner autour de moi...

-Il faut que tu comprennes que....

-C'est à cause de moi ?

Les mots sortent tout seul. Je le sonde, je sais que mon regard est mauvais. Mais je sens que j'enrage. Soit c'est une blague et elle est de très mauvais gout, soit ce n'est pas une blague, et alors je n'y comprends plus rien.

Il semble choqué par ma question

-Manon, mais non voyons...

Il ne ment pas. Depuis le temps j'ai appris à déceler ses mensonges. J'ai envie de pleurer, et je lutte pour contenir ma peine. Tout recommence...

-On a besoin de moi dans le sud, je ne peux pas faire autrement...

Il ne ment toujours pas. Je m'assoie, déboussolée... La journée avait commencé le plus normalement du monde... Et voilà que la terre semblait se dérober sous mes pieds...

-Mais... Je ne veux pas que tu partes moi... Reste...

Ma voix tremble... Je sais que la panique va m'envahir...

-Je suis désolé, c'est impossible.

La sienne tremble également. Mais sa réponse est sans équivoque... Il va partir... Je me retourne, et pars en claquant la porte... Ça y est, je panique.