Mission 67 : contre-attaquer

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Lorsque Cathy revient à Corporate, en début d'après-midi, elle remarque immédiatement que la vieille de l'accueil a été remplacée par une jeune femme au sourire de façade.

— Madame, veuillez badger je vous prie.

D'un geste faussement gracieux elle lui indique un boitier. Cathy fronce les sourcils : il faut pointer maintenant ? C'est devenu une véritable dictature. Mais elle est très loin de se laisser faire.

— Je ne peux pas, l'employée ouvre la bouche avant de se faire interrompre. Vous voyez, ce boitier vient d'une entreprise extérieure. Or, dans le règlement sur la sécurité et les mesures anti-espionnage industriel, qu'on trouve aisément à la page 535 de chaque contrat, que vous avez signé à l'encre orange 1 page sur 2, un article : le numéro 4 qui stipule ouvertement l'interdiction formelle d'employer du matériel ne provenant pas de Corporate dans le cadre du travail, à l'exception bien sûr des d'effets personnels tels que les téléphones, les montres, les bigoudis et les Tamagotchis par exemple.

La jeune femme la regarde comme un merlan fraichement péché qui se demande ce qui lui arrive. Cathy poursuit avec un sourire un tantinet sadique :

— Je sais : ce n'est pas vous qui décidez de qui installe quoi ici. Mais le verset 24 de ce même article indique que quiconque invite un autre employé à utiliser un appareil extérieur en infraction avec les protocoles de sécurité, est immédiatement considéré comme un collabo et un traitre. De fait, vous êtes éligible à ce que je vous dénonce auprès du service d'Hafsa Devi. Une dénonciation qui vous vaudra une amande équivalente à 46 cafés arc-en-ciel, mais au vu des deniers changements pourrait être traduite par une simple rupture de votre contrat sans sommation. Évidemment si vous êtes viré pour espionnage, ne vous attendez pas à toucher la moindre indemnité.

Les traits de l'employées se décomposent et l'archiviste s'en délecte intérieurement :

— Si vous me laissez passer sans pointer, je vais ignorer totalement le fait que vous m'ayez invitée à le faire. On fait comme ça ?

Elle hoche frénétiquement la tête et regarde Cathy partir d'un air très satisfait.

Ce n'est que le début. Déterminée elle se prend l'ascenseur aux portes noires pour se rendre aux archives. Une fois sur place elle retrouve Luan. Après une accolade réconfortante, son amie la harcèle de question sur sa nuit avec le SPF : "C'est un rêve éveillé" lui répond simplement Cathy. Luan est loin de se douter à quel point elle est littérale.

— J'vais pas me contenter de ça Cathy ! Je t'ai donné tous les détails avec Vincent... boude-t-elle.

— Oui tu m'as décris Vincent sous toutes les coutures, j'ai l'impression que j'y étais, répond-t-elle gênée. 

Mais c'est de bonne guerre, alors elle lui raconte tout en détail. Luan affiche des "Oooooh" et des "Aaaaaah" avec sa bouche. Cathy n'avait jamais eu d'amie avec qui parler sexualité. En réalité c'est très amusant, et rassurant.

Puis, les deux jeunes femmes s'enferment dans la remise où Cathy expose son idée qui fait sourire la petite blonde jusqu'aux oreilles. Ensuite, elles rédigent ensemble un email, et l'envoient à tous les vétérans de Corporate : les "vrais employés".

₍⑅ᐢ..ᐢ₎

Une fois l'email reçu, Vincent sourit. Ce qu'il contient est une évidence, mais il fallait quelqu'un pour fédérer tout le monde : en tant qu'employée modèle, malgré elle, Cathy est prête à endosser ce rôle. Il décroche son téléphone, et appelle une par une toute ses brigades de manutention et d'entretien.

Bienvenue à Corporate [Romance paranormale]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant