Bonjour, bonjour. Oui, oui, je suis Catastrophe.

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- Voilà notre princesse endormie !

Je rougis vivement tandis que toutes les têtes se relevaient vers moi alors que je descendais les escaliers de l'auberge. Quelques rirent fusèrent et je bougonnai tout bas, passant ma main dans ma nuque en tentant de camoufler ma gêne de manière bien peu efficace. Je me décidai néanmoins à les ignorer, bien consciente que, de toute les façons, je n'avais aucun contre argument à offrir.

Taylor m'avait porté jusqu'à l'auberge, allant même jusqu'à m'installer dans mon lit sans que je ne me réveil une seule seconde. Je n'avais pas osé sortir de ma chambre de la matinée tant les souvenirs de la veille avait teintés mes joues de rouge. Mais j'avais bien dû finir par capituler quand Soraya était venue frapper à ma porte, m'annonçant qu'elle allait profiter des marchands, venus des quatre coins d'Avéna pour le festival des esprits. Au départ, peu tentée de me mêler à une marée humaine, j'avais fini par faiblir à son insistance.

- Ignore-les, me souffla-t-elle d'ailleurs en venant tirer mon bras entre les siens. Allons-nous amuser plutôt que de rester avec ces idiots !

Et elle m'entraîna derrière elle, sans laisser à quiconque replacer le moindre commentaire désobligeant. Les joues rougies, je tentai d'éviter les regards posés sur moi, me crispant à chaque nouveau rire qui fusaient. Mais alors que j'allais être soulagée de sortir de cette pièce maudite, un bruit sourd retentit dans mon dos, stoppant net le moindre bruit et me faisant sursauter.

Soraya se stoppa dans sa course, et j'en fis de même, me tournant d'un même mouvement vers la table d'où le choc provenait. Tous les regards convergeaient désormais vers un même point : Iris, ses cheveux auburn en pagaille au-dessus de sa tête et l'air mal réveillée, avait abattu, lourdement, ses poings sur la table.

- Cessez donc de faire autant de bruit ! J'ai mal au crâne avec vos âneries !

- N'est-ce pas plutôt dû à tout l'alcool que tu as ingurgité hier soir ? Désapprouva un homme que je connaissais uniquement de vu.

- Ça n'a aucune importance, gronda-t-elle. Tout ce qui compte c'est que vos rires de Meulier me dérangent !

- Veuillez nous excuser, gente dame aimable, rétorqua le même homme en levant les yeux au ciel.

Mais malgré son mécontentement évident, il obéit docilement comme le reste de la tablée. Visiblement, aucun ne souhaitait recevoir le courroux d'une Iris dont la réputation était même parvenue jusqu'à moi. Elle était réputée pour manier sa hache avec force et précision, mais ce que les gens retenaient également était que son poing était aussi solide que l'acier de son arme. Chacun repris donc, plus calmement, son occupation, tout l'intérêt que l'on m'avait porté se volatilisant comme par magie.

Ou pas.

Un léger mouvement de tête durant lequel nos regards se croisèrent et je ne pus que la remercier silencieusement. Iris avait volontairement attiré l'attention sur elle et, ainsi, fait taire toutes les moqueries à mon encontre. C'était une femme que je peinai à cerner tant elle s'était montrée relativement froide durant nos quelques moments passés dans notre chambre commune, mais c'était la deuxième fois qu'elle me venait en aide sans qu'aucune réelle raison ne l'y pousse. Elle était quelqu'un de bienveillant, même si elle semblait difficilement l'exprimer.

- On y va, Rose ?

J'acquiesçai sobrement, finissant par me détourner pour suivre une Soraya qui trépignait clairement d'impatience. Dès que nous eûmes franchis la porte de l'auberge, nous fûmes aussitôt emportés par une marée humaine de corps, d'odeur et de son. Je grimaçai un instant en réalisant un peu plus que cette cohue ne me convenait en rien, hésitant même à faire demi-tour pour retourner me réfugier dans ma chambre tant mon espace vitale se voyait empiétée par des dizaines d'inconnus qui se pressaient pour se rendre sur la place, et les allées adjacentes, où s'était installés les marchands.

Kono HanaWhere stories live. Discover now