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TOUYA

« Arrête de crier ! » je lâche, hilare, alors que Keigo porte sa main à son cœur.

« Touya ? Je voulais te parler de quelque chose mais d'abord, qu'est-ce que c'est que cette tenue ? Et ces bleus ? Je rêve ou tu as changé de couleur de cheveux ?!

— Ça s'appelle une teinture, et puis c'est juste temporaire. Une douche et ils redeviennent blanc comme neige. »

Il n'a jamais dû entendre parler de ce concept parce qu'il porte le doigt à son menton et commence à tourner autour de moi pour m'observer sous toutes les angles —comme notre première rencontre, mais les rôles inversés.

« Qu'est-ce que tu t'es fait au visage ?, me demande t-il en s'approchant à deux millimètre de ce dernier, ce qui m'obligeait à le repousser — tenant tout de même à mon espace personnel.

— C'est du maquillage. Pour avoir une tête hideuse.

— Ça pour être hideux, tu l'es vraiment. Heureusement que t'as de beaux yeux, ça rattrape le tout. Mais sinon, pourquoi est-ce que tu t'es habillé de cette façon ?

— Pour que tu puisses sortir. »

Il me lance un regard interrogateur, signe que je devais développer.

« Je pensais que si je sortais avec toi dans cet accoutrement, les gens dans la rue penseraient qu'on est tous les deux déguisés et donc ne prendraient pas en compte tes ailes. Qu'est-ce qu'il y a ? » je demande, gêné en apercevant sa béatitude devant mon idée. Je n'ai jamais vraiment entrepris de telles choses, mais je pensais que le voir heureux en vaudrait la peine. Je ne sais pas vraiment comment réagir.

« Rien, mais savoir que tu as pensé à tout ça pour moi... C'est génial. Vraiment. »

Je soupire de soulagement, content de voir qu'il ne me trouvait pas ridicule. Je me redresse après coup.

« Donc, tu veux tenter ?

— Tu es sûr que ce n'est pas risqué ?, lâche t-il, encore hésitant. Quelqu'un pourrait remarquer la supercherie.

— Pas de panique, les gens sont aveugles. Ils ne voient rien même si l'évidence est en face d'eux. Alors ? » Je voyais bien qu'il pesait le pour et le contre, craignant de se faire repérer. « Allez, je te protègerais si on attrape ta veste, je lâche en un rictus.

— C'est pas avec ton corps de crevette que tu vas faire quelque chose. Sans offense. »

Je lève les yeux au ciel et lui attrape le poignet, ne lui laissant pas le choix, en ouvrant la cage d'escalier qui menait vers l'ascenseur.

« Me tire pas ! Et c'est quoi ça ??

Ce sont des marches. C'est pour accéder à un endroit en hauteur, comme le toit.

— Et le machin qui vole ?

— Un ascenseur. Dis, tu vas poser des questions sur tout ce que tu vois ? »

C'est effectivement ce qu'il fait, regardant toutes les structures d'un œil ahuri. Les passants le regardent comme s'il était fou, mais au moins, personne ne semble remarquer la supercherie. Je soupire de soulagement alors que Keigo me tire par le poignet dans tous les recoins de la ville. Je me prête finalement au jeu, ne voulant pas être un rabat-joie dans ce qui était sûrement le meilleur jour de sa vie.

Je ne vois même pas les heures filer. Tout ce qui compte pour moi à cet instant est son sourire et sa joie inépuisable. Rien que ses expressions valent la peine de vivre.

Si on disait au moi d'il y a quelques mois qu'une personne pouvait à ce point bousculer ma vie, je n'y croirais pas.

Au point où j'en avais des idées hallucinantes.

« Keigo. Tu t'es déjà attaché affectueusement parlant à quelqu'un, là-bas ? »

Il lève les yeux de l'affiche qu'il lisait pour les poser sur moi, intrigué.

« Pas vraiment. Je ne parle presque à personne, ils sont tous pleins de stéréotypes et ne comprennent pas ma vision des choses. Contrairement à toi, ils ne valent rien pour moi, c'est sûr.

— Ah bon ?, je lâche, un peu perturbé par ses dires, un mélange entre de la flatterie et de la gêne — franchement, je n'aime pas ce qui m'arrive. Je n'ai jamais été aussi fleur bleue.

— Évidement ! Et puis, je ne connais personne capable de se déguiser en une sorte de monstre juste pour que je paraisse moins suspicieux à côté. »

Je sens mon visage se réchauffer et m'apprête à poser une autre question, au moment où quelqu'un interpelle mon nom. Le fait que je puisse reconnaître la voix entre mille me glace le sang.

« Tiens, Touya. Je pensais que tu étais mort. »

Keigo me lance un regard interrogateur que je dissipe d'un geste de main. Rien qu'en voyant Tenko, il devrait comprendre pourquoi je n'affectionne pas particulièrement la vie sur terre.

« Salut. Ça faisait longtemps, c'est vrai...

— C'est quoi cet accoutrement, tu vas à une fête costumée ? Et puis, tu ne me présentes pas ton ami ? Vous avez l'air de bien vous amuser là.

— Je n'ai pas de compte à te rendre, je réplique en saisissant le poignet du blond. Viens, on s'en...

— Oh Touya ! »

Himiko s'approche avec, pour mon plus grand malheur, Rumi, Jin et Tsunagu. Je soupire; pile poil les personnes que je ne voulais pas voir.

« Ouah, t'as beaucoup d'amis, relève Keigo, étonné.

— J'aurais préféré que tu ne les rencontres pas...

— Mais on ne va pas partir maintenant, tu ne les as même pas salués.

— Il a raison. Restez un peu avec nous. »  suggère Shimura avec un sourire malicieux, ce qui eut le don de me donner des sueurs froides. Il est de loin le garçon le plus vicieux que je connaisse, je me demande ce qu'il essaye de faire.

Je m'apprête à tirer Keigo par le bras mais remarque qu'il n'est même plus à côté de moi. Je tourne la tête pour le voir sympathiser avec Rumi et Tsunagu, comme si de rien n'était. Je soupire et Jin passe un bras autour de mes épaules.

« Allez, tu vas pas nous fuir à jamais. Et puis on commençait à avoir du mal à retenir Himiko, elle voulait s'infiltrer chez toi.

— Ne commencez pas à vouloir aller à des fêtes et des quartiers louches, alors. De toute façon, on n'est même pas habillé pour. »

Bubaigawara analyse mon costume et jette un coup d'œil entendu à Toga, qui se tenait juste à côté de nous. Ils échangent un sourire malicieux et commence à me tirer je ne sais où.

« Suis nous !, intime la blonde, tout sourire.

— Eh, mais où est-ce qu'ils emmènent Touya ?, j'entends Keigo demander à Rumi, perdu.

— J'en sais rien. On a qu'à les suivre !

— Bien sûr, tu viens avec nous. On ne va pas te lâcher de sitôt. » ajoute Hakamada d'un commun accord avec son amie.

Et on s'enfonce dans les rues de Musutafu, accompagné de Keigo qui, s'il continue ainsi, sera adopté par la totalité du groupe en quelques heures seulement.

Prince des Nuages [DabiHawks]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant