Le Manoir (DRARRY SHORT STORY)

Le Manoir (1)

Harry senti le marbre froid du manoir heurter brutalement le bas de son dos lorsque Fenrir le jeta à terre. Il étouffa un grognement de douleur, ne voulant donner au loup garou et à tous les autres Mangemorts présents dans cette pièce la satisfaction de le voir souffrir, et essaya de se remémorer ce qui venait tout juste de se passer.
Il baissa la tête en se refusant à y croire, en se refusant à regarder autour de lui, mais les images se succédaient quand même par flashes dans sa tête : les visages consternés d'Hermione et de Ron, la fuite dans les bois, la brutalité de leur défaite, le portail qui s'ouvrait, le paon blanc dans le jardin des Malfoy, les personnes qu'il avait entraperçues en entrant.
Il était certain d'avoir vu la triste silhouette de Lucius Malfoy, le port altier de Narcissa. Draco était-il ici aussi ? A cette pensée, son cœur se mit à battre plus vite.
Il ignorait pourquoi, mais cette idée provoquait en lui des réactions contraires. Plus il y pensait, plus il n'était à présent sûr que de deux choses tout à fait opposées. La première, c'était qu'il ne voulait pas que Malfoy soit chez lui, et la deuxième, c'était qu'il voulait désespérément voir Draco Malfoy à cet instant précis.
Draco ne devait pas être là parce que ça voulait dire qu'il allait le voir. Et Malfoy devait être là parce que ça voulait également dire qu'ils allaient se voir. Une voix féminine coupa court à sa confusion mentale.

- Harry Potter ? demanda la voix, qui semblait désabusée mais en même temps en très grand contrôle de la situation, quelle qu'elle soit.

Harry devina que ça devait être celle de Narcissa Malfoy. Il du fournir un réel effort pour ne pas relever la tête à la mention de son nom et il pensa avoir bougé un peu. Il croisa mentalement les doigts pour que Narcissa n'ait rien vu. Il s'imagina de retour dans la tente, ce qui semblait être une éternité plus tôt. Il se sentait tellement coupable d'avoir prononcé le nom de Voldemort. Il craignait pour la vie de ses amis et pour la réussite de sa quête des Horcruxes. Mais il se rassura en se disant que pour l'instant Voldemort était occupé, occupé à vérifier si chacun de ses horcruxes était bien à leur place. Harry le savait, puisque les changements d'humeur du mage noir étaient par moments superposés à ses propres sentiments, et que ce qu'il voyait était périodiquement superposé à la vision du Lord.

- Oui, c'est lui, Madame, c'est Harry Potter, voyez! fit une autre voix, frénétique, hâtive. Ici, c'est Ron Weasley (Ron émit un bruit de douleur), ici, Hermione Granger...

Hermione ne dit rien mais Harry l'entendit respirer plus vite. Harry serra la mâchoire en essayant désespérément de se concentrer sur le sol blanc. Impossible. Il se sentait empli de beaucoup de rage envers tous ces gens, une rage qui l'angoissait, l'oppressait, le consumait.
Sa vision se flouta et très bientôt, il ne vit plus le sol. Il était de nouveau très en colère- mais une colère différente, froide et dévastatrice à la fois. Il regardait la cave sous la montagne, et s'apercevait que le bassin était vide, vide...

- ...Harry Potter !

Harry se força à reprendre conscience. Il s'était à peine aperçu qu'on lui tirait les cheveux. Fenrir Greyback l'exposait à la vue de tous, fier de lui, orgueilleux.
Harry regarda à travers ses paupières plissées par le maléfice cuisant et vit les deux Malfoy le dévisager avec intérêt.

- Potter, vous dites ? Devrions nous le prévenir ? fit Lucius d'une voix voulue traînante, mais qui sonnait précipitée, fébrile.

Narcissa baissa la tête vers Harry et le dévisagea. Elle semblait réfléchir.

- Vous n'oublierez pas que nous l'avons ramené, hein ? grogna Fenrir en relâchant la tête de Harry d'un geste brusque.

Narcissa releva la lèvre, comme dégoûtée, mais son mari envoya la préoccupation voler d'un geste de la main.