CROWS - 𝖌𝖗𝖎𝖘𝖍𝖆𝖛𝖊𝖗𝖘𝖊

🥉Trois coups pour mettre le feu [KureaNac43028]🥉

L'ennui. Les heures passaient, et Jesper restait affalé dans son canapé, des plus confortables, mais dont le cuir de qualité ne semblait à cet instant, constitué que de matériaux urticaires qui ne le poussaient qu'à une seule chose. Sortir.

Mais son père, mercurien haut placé, ne l'entendait pas de cette oreille. Une importante réunion devait avoir lieu ce soir, dans le bureau de ce dernier. Il tenait à ce que son fils, preuve de la prospérité de sa lignée, soit présent lors du dîner qui lui succéderai.

Et puis, après tout, la dernière sortie de Jesper s'était soldée par un lourd retrait d'argent dû à ses défaites dans les salles de jeux. Qui plus est, dans l'un de ces lieux insalubres qu'enfantait le barrel. Le jeune Fahey frissonait encore en se rappelant comment son père, d'ordinaire patient et calme, était entré dans une colère noir. Depuis, Jesper s'ennuyait.

Si le confort de sa vie bourgeoise lui convenait parfaitement, les attentes que l'on plaçaient en lui et les débats politiques portant sur les finances de la ville le barbaient. Il était une pile électrique. Il avait par dessus tout besoin de bouger.

Pour canaliser cet aspect de la personnalité de son fils, Colm Fahey avait inscrit celui-ci à un club de tir. Sa défunte mère était autrefois passionnée par cet art. Cette dernière étant d'origine Zemeni, Jesper s'était vue hérité de deux armes de grandes qualités. Son père avait également consenti à investir dans un pas de tir, qui trônait maintenant au fond du jardin, contre un mur régulièrement rafistolé par une servante materialki, qui servait la famille.

Cela avait marché un temps. Jesper avait trouvé une passion, et s'était entièrement investi dans la maîtrise qu'il avait de ses pistolets.

Mais cela n'avait pas plus duré. Bien vite, Jesper s'était mis à espérer plus. De l'action. C'était cela en vérité dont il avait besoin. Et il ne rêvait que d'une chose : parcourir les rues du barrel, et ressentir cette peur, qui vous prend aux tripes, lorsqu'un combat à mort est lancé.

Cela n'avait de cesse d'inquiéter son père. Les riches sont bavards, et les rumeurs quant aux abus du fils Fahey, ainsi que son manque de manières, allaient de bon train. Une petite frappe née dans des langes de soies. Une curieuse incarnation des voyous du barrel, dans un corps de mercurien. Voilà ce que les gens disaient de Jesper. On plaignait son père, veuf, qui devrait confier son héritage à une progéniture pareille. On l'imaginait, la peur lui rongeant les entrailles, cherchant désespérément un moyen de perpétuer ce que le père de ses pères avaient entrepris bien avant lui, qu'il se chargeait tant bien que mal de conserver.

Mais si ceux-ci avaient raison quand à l'anxiété qui habitait Colm Fahey, ils avaient tord sur sa portée. Son héritage n'avait, à ses yeux, pas autant d'importance que la vie de son fils unique. Car le mercurien n'avait pas épousé sa femme pour cause d'un mariage arrangé, mais par amour réciproque. Une paysanne Zemeni, rencontrée durant un voyage ayant à l'origine pour but de rendre visite au chef d'une société alimentaire dans laquelle il comptait investir. Si à son retour, les gens n'avaient pas bien compris pourquoi il se liait à cette femme, qui n'appartenait même pas à la société fermière en question, Colm n'avait pas laissé leurs propos l'influencer. Après la mort de la douce Aditi, dû l'utilisation de ses mystérieux dons dans une opération pour sauver un enfant intoxiqué dans un orphelina, le père de Jesper avait été dévasté.

Mais tout comme il aimait sa femme, Colm Fahey tenait énormément à son fils. Alors oui, les riche avaient raisons. Il était inquiet. Même très inquiet. Et la cause était bien celle évoquée par le conseil des marchands. Seulement, ce n'était pas pour son héritage, que le mercurien craignait, mais pour son fils. Et tout les ennuis dans lesquelles Jesper pourrait se fourrer.