Jour 4 | Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

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21 juin 2012, 17h48

-"Installez-vous, nous allons commencer." m'indiqua l'homme qui me faisait face dans ce petit bureau.

Il n'y avait qu'une table et deux pauvres chaises dans cette petite pièce, même la chambre d'hôpital semblait plus accueillante à côté.

Je m'assis sur le siège en fer peu confortable et attendis la suite des instructions, jouant avec mes doigts que je faisais tapoter sur ma paume de main en balançant mes jambes.

L'homme s'installa en face de moi, me regardant fixement.

-"Cela ne te dérange pas si notre échange est enregistré ?"

Ce n'est pas comme si j'avais le choix.

-"Non, non aucun problème." répondis-je faussement.

-"Tu étais présente le 8 juin 2012 au moment de l'accident n'est-ce pas ?" me demanda-t-il froidement.

-"Oui, c'est exact."

-"Raconte-moi ta version des faits."

-"Mira et moi attendions les autres membres de l'équipe de volley, ils venaient de gagner leur match alors nous les attendions près du gymnase. Nous parlions tranquillement quand Sator- Tendō pardon, est arrivé pour nous rejoindre. Il a passé un bras par dessus mon épaule ce qui a énervé Mira qui n'a jamais pu le supporter, il m'a ensuite demandé si je pouvais venir quelques secondes l'écouter seul à seul mais Mira a retiré son bras et lui a demandé de partir. Il a refusé et a insisté pour que je l'écoute alors je me suis mise à l'écart pour entendre ce qu'il devait me dire mais pendant qu'il me parlait, Mira m'a attrapé les cheveux et m'a tirée en arrière ce qui m'a fait tomber. C'est là où ma cheville s'est tordue, je ne pouvais donc pas me relever et défendre Tendō lorsqu'elle s'en ai prit à lui en l'insultant et en le poussant, à un moment elle l'a poussé trop fort et il est tombé sur la route, une voiture l'a ensuite renversé et.. et voilà."

Un grand silence pesa dans la pièce, seul le bruit de son stylo sur le papier du carnet devant lui résonnait.

-"Mira était ton amie c'est ça ?"

-"Oui, nous étions meilleures amies depuis notre enfance."

-"Et Tendō, qui était-il pour toi ?"

-"C'était.. compliqué entre nous, pas dans un mauvais sens mais disons que notre relation était ambiguë et.. et j'étais amoureuse de lui." avouai-je difficilement. "Puis-je avoir de l'eau ? Ma gorge est sèche."

L'homme me tendit un verre, je bu le contenu en quelques secondes.

-"Je vais être honnête avec toi, Mira nous a dit exactement l'inverse, c'est ta parole contre la sienne."

C'était évident.

-"Le mieux aurait été que Tendō se réveille et nous raconte sa version des faits mais malheureusement ce n'est pas le cas actuellement et nous ne pouvons pas l'attendre éternellement. Les autres élèves ainsi que le corps enseignant de ton lycée semblent également être du côté de ta camarade, bien sûr nous ne pouvons pas affirmer que tu as tort mais pour le moment tu es la principale suspecte."

-"Je ne peux pas prouver mon innocence, Mira non plus, mais je sais ce que j'ai fait et ce que je n'ai pas fait. Je ne m'embêterai pas à m'asseoir au chevet d'un homme que je détesterais et que j'aurais essayé de tuer durant plus de dix jours mais je comprends qu'aucune preuve ne peut dire si ce que je dis est vrai ou non."

Il me fixa quelques secondes avant de hocher froidement la tête.

-"Tendō et toi vous connaissiez depuis la seconde ?"

-"Oui, nous nous sommes rencontrés au début de l'année et nous sommes devenus amis rapidement, Mira ne l'a jamais accepté et l'a toujours détesté."

L'ambiance était de plus en plus pesante, à tel point que j'avais l'impression de me faire écraser contre cette chaise par le regard de cet homme en face de moi. Ne pouvait-il pas me laisser tranquille ? Je ne veux plus répondre à ses maudites questions, je veux rentrer chez moi c'est tout.

-"T'es-tu déjà énervée contre Tendō ou t'as-t-il déjà énervée à un point où tu lui voudrais du mal ?" me demanda-t-il après quelques minutes de silence.

-"Non, non jamais, parfois il peut être dérangeant et même un peu lourd et insistant mais jamais je n'ai voulu lui faire du mal, il a toujours été adorable avec moi !" m'exclamai-je presque un peu trop fort.

Il me lança un regard interrogateur puis écrivit quelques phrases sur son carnet avant de reprendre.

-"Tu lui rends visite tous les jours, c'est bien cela ?"

-"Oui, depuis l'accident je viens à l'hôpital tous les jours, son infirmière Ann Mori peut le confirmer."

-"Ann Mori tu dis ? Comment la connais-tu ?"

-"Elle vient lui faire des examens journaliers à chaque fois que je viens le voir et c'est elle qui me rappelle que je dois partir, pour son identité je n'ai fait que lire son badge."

Il hocha encore une fois la tête, ne savait-il faire que ça ? J'avais l'impression d'être en face de l'une de ses danseuses hawaïennes que l'on accrochaient au tableau de bord des voitures et qui dansaient de gauche à droite. Merde ne sait-il pas aligner trois mots pour confirmer ce que je dis ? Ça lui coûte trop cher de répondre un "D'accord" peut-être ?

Je râlais intérieurement tellement fort qu'il semblait presque m'entendre puisqu'il plissa les sourcils, se donnant un air plus sérieux qu'il ne l'avait déjà.

-"C'est tout bon, tu peux partir." dit-il sans même me regarder, est-ce que mon regard change en pierre pour qu'on veuille l'éviter tant que ça ?

Je me levai et lui souhaitai une bonne fin de journée avant de partir. Il était 18h23 et l'hôpital était bien trop loin pour que je puisse rendre visite à Tendō.

Désolée Satori, tu n'auras pas le droit à ma visite aujourd'hui. J'espère tout de même que tu vas bien.

Je regardai au loin les collines, là où se trouvait ce maudit hôpital, pourquoi devait-il être si loin de la ville ? Certes le cadre est magnifique mais les trajets en transport sont de plus de trois quarts d'heure.. c'est bien trop loin et j'ai toujours mal aux pieds après à force de courir pour avoir le seul bus qui passe dans l'heure.

Le ciel commençait à se couvrir, m'indiquant que si je ne me dépêchais pas de rentrer, j'allais devoir faire face à la pluie. N'ayant aucune envie de passer sous la colère de l'orage, je courrais presque dans les rues pour arriver chez moi.

Je n'ai pas pleuré aujourd'hui, j'ai enfin tenu ma promesse une journée, un record.

Presque deux semaines sans lui, je ne sais comment je fais pour continuer mais j'imagine que je n'ai plus le choix.

À demain Satori.

Car demain est un autre jour.

Tomorrow is another day | Tendō Satori x ReaderWhere stories live. Discover now